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Expérience vécue
Le cyclone joue aux trouble-fêtes, même à Rodrigues
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Expérience vécue
Le cyclone joue aux trouble-fêtes, même à Rodrigues
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CarouselUn séjour de trois petits jours à Rodrigues pour huit personnes de la même famille –parents, sœurs, cousine, oncle et tante – a viré au cauchemar avec l’approche du cyclone Belal à Maurice, lundi 15 janvier. L’avion à bord duquel nous nous trouvions pour rentrer à Maurice a dû faire demi-tour une fois arrivé à l’aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR). S’en est alors suivie toute une série de péripéties. On vous raconte…
Ce petit voyage familial était prévu depuis début décembre. Tout avait été réservé et payé – billets, hôtel (le PLAY Mourouk ) et même le transfert aéroport-hôtel-aéroport. On a quitté Maurice vendredi après-midi et nous avons profité du beau temps de Rodrigues samedi et dimanche, avant de retourner à Plaine-Corail pour notre vol retour, prévu à 10 h 50, lundi, Maurice était alors en classe 2.
Rien ne laissait présager alors que nous serions de retour à l’île Rodrigues à peine quelques heures plus tard. L’embarquement s’est fait comme à l’accoutumée. Le nouvel ATR d’Air Mauritius (MK) le St-Brandon, a même décollé avant, vers 10 heures. Ce n’est qu’après plus d’une heure de vol que nous avons commencé à ressentir les conséquences de Belal avec des turbulences. Pendant quelques instants, cela a même été la panique à bord. Des enfants qui pleuraient, des adultes qui commençaient à prier. D’autres encore qui riaient nerveusement. «Pa riyé, ferm to lizié, tou pou korek la», pouvait-on entendre.
À 12 h 30, nous sommes enfin arrivés au-dessus de l’aéroport SSR. Nous étions enfin saufs et heureux, mais on a tout de même noté quelque chose d’étrange. L’avion remontait. On n’avait, à ce moment-là, aucune idée que nous étions en train de rebrousser chemin. Ce n’est que dix à quinze minutes plus tard que nous avons eu la confirmation du pilote. On n’avait pas pu atterrir à cause du mauvais temps et nous retournions donc à Rodrigues. Les questions fusaient alors dans tous les sens. Chacun essayait de comprendre, d’accepter son sort et de tenter tout de même d’avoir un minimum d’information additionnelle sur ce qui lui adviendrait une fois à Rodrigues. «Ki pou fer ek nou la?», a demandé un passager à une des hôtesses de l’air de MK. Sa réponse a été toute aussi sèche que le pain servi à bord. «Mo mem mo pa koné ki pou fer ek mwa. Aster ou pé dimandé ki pou fer ek ou. Atan ariv laba lerla ou va konn plis.»
On a foulé la piste de Plaine-Corail vers 13 h 45. Dans un premier temps, on nous a expliqué qu’il faudrait patienter trois heures pour savoir si ce serait possible d’avoir un autre vol. À ce moment-là, on a tous pris conscience de ce qui se passait à Maurice ; les scènes d’horreur passaient en boucle à la télévision dans la salle d’attente, avec l’intervention de Shiva Coothen. Rapidement, la décision a été prise de nous héberger. Mais aucune autre information sur notre prochain vol.
A alors débuté le calvaire! On a cru comprendre que les passagers allaient être relogés dans leurs hôtels respectifs. Mais non ! «Mourouk pa pé reponn. Nou pé avoy zot Pandanus. Zoli, zoli la plaz, zot pou kontan», nous ont assuré les employés de MK.
Direction Baie-Malgache. Pandanus (voir photos) n’a rien à voir avec les photos que l’on voit sur internet. C’était la désolation. Le lieu était sale, non entretenu, poussiéreux. L’odeur même des lieux donnaient la nausée. Nous avons eu trois chambres pour huit personnes. Les traces de main sur les meubles – probablement causées par les anciens résidents – y étaient toujours. Les toilettes semblaient n’avoir pas été nettoyées depuis des lustres.
Nous avons alors décidé de quitter les lieux. Après des appels passés ici et là à des amis de Maurice, et à différents hôtels et auberges qui affichaient déjà complet, nous avons finalement posé nos valises aux Rosiers vers 17 h 15. Nous y avons passé la nuit et le matin, le mardi 16 janvier, en informant MK de cet «incident», la compagnie a finalement accepté de régler nos frais d’hébergement aux Rosiers.
On a attendu midi pour finalement recevoir l’appel tant attendu. Notre vol a été reprogrammé à 15 heures et il fallait être à l’aéroport à 13 heures. À 14 heures, tous les comptoirs étaient toujours fermés, les passagers attendant, et espérant que l’ATR 72 puisse cette fois-ci décoller de Rodrigues malgré l’avis de fortes pluies émis pour l’île à 10 h 45.
Nous avons finalement fait le check-in à 15 heures et avons décollé à 15 h 20, mais on a quitté Rodrigues pour Maurice vers 16 h 30. On a finalement foulé la piste de l’aéroport SSR à 18 h 15, mardi, sous les applaudissements des passagers…
Trois heures à contempler les cafards…
La polémique alimentait les réseaux sociaux depuis le début d’année concernant les conditions d’hygiène des ATR de MK (NdlR, nous avions déjà payé nos billets depuis début décembre pour avoir nos chambres d’hôtel). Il faut l’avouer: nous appréhendions ce voyage. Si aucun cafard n’a été aperçu au départ, nous ne pouvons pas en dire de même pour nos trois heures aller-retour de Rodrigues-Maurice-Rodrigues, lundi. Les cafards étaient bel et bien de sortie, preuve à l’appui (photo ci-dessus). «Kouma dir ou pé voyaz dan sa bann vié bis CNT lamem, pena diferans!», s’insurge-t-on.
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