Camp-Levieux est le dernier quartier en date qui a accueilli une délégation du gouvernement dirigée par le Premier ministre dans le cadre d’une cérémonie de pose de première pierre de la première phase de la construction de 200 maisons pour des personnes qui se trouvent au bas de l’échelle salariale. C’est aussi la première localité où, en 1991, la NHDC nouvellement instituée va créer Alpha La Concorde, son premier complexe résidentiel.

Si, d’un côté, il y a une volonté prononcée de l’État de construire autant de maisons que possible, la bataille pour un bon service après la livraison de ces maisons et la volonté d’afficher un comportement humain durable n’est pas gagnée d’avance.

Le défi sur le plan de logement pour ce quartier enclavé de par sa position entre Trèfles, Plaisance, Stanley, Roches-Brunes au nord, Médine à l’ouest et la partie nord du Corps de Garde, Camp-Levieux, repose sur deux principaux axes.

Le premier consiste à intégrer cette localité dans la tendance actuelle du secteur immobilier que connaît l’île Maurice, où un accent particulier est placé sur les mesures à prendre pour se prémunir des effets de certains phénomènes dont le réchauffement climatique, la cherté de l’énergie, le risque de pénurie d’eau. Le tout assorti d’un ancrage dans le cadre d’un modèle de développement durable.

Sur ce plan, réussite pour Camp-Levieux à cause de son intégration dans le cadre d’un vaste projet du gouvernement de construire dans les 20 circonscriptions de l’île 12 000 logements dont 8 000 jusqu’à la fin de son présent mandat.

La pose de la première pierre effectuée le vendredi 15 septembre place Camp-Levieux dans la tendance manifestée déjà par les belles maisons privées aménagées au Morcellement Mount Pleasant à proximité du site de construction. Des maisons aménagées avec goût et dont les propriétaires ont tout fait pour qu’elles respirent la modernité et la beauté architecturale. Ces propriétaires n’ont rien laissé au hasard en termes de sécurité. Des avis sont placés un peu partout pour prévenir les intrus qui osent s’y aventurer. Des maisons qui ont transformé totalement un lieu naguère perdu dans la nature.

Vendredi, Pravind Jugnauth et Steven Obeegadoo, Premier et vice-Premier ministres ont annoncé la couleur. Ce projet de logement est à des milliers de kilomètres de la spécificité de deux autres complexes réalisés par la National Housing Development Co (NHDC) en 1991 et en l’an 2000. Pour signifier son intention de faire les choses différemment de ce que la NHDC a fait jusqu’ici, le ministère du Logement a eu recours à la structure juridique qu’est le New Social Living Development Ltd (NSLD) avec pour principale mission d’assurer la construction de ces 12 000 maisons pour tenter de réduire la pression sur la NHDC dont la liste d’attente pour un logement forte de 25 582 demandes en 2021 n’a cessé d’accueillir de nouvelles demandes. 30 % de celles-ci datent de plus de dix ans et 13 % attendent plus de vingt ans. Avec toutefois, une orientation caractérisée par le souci de fournir un produit conçu pour répondre aux besoins de l’occupant, lui offrant des solutions à portée de mains. Bref, lui permettre d’évoluer dans le cadre d’un véritable écosystème où tout ce qui s’y trouve résulte d’une approche intégrée.

Comportement irrespectueux

Une différence illustrée à tous les niveaux, de l’architecture, de la disposition intérieure des aménités, de l’installation pour la production de l’énergie qui va permettre d’alléger la note d’électricité, par un système de captage d’eau pluviale pour parer le but destiné à payer à tout risque de défaut dans le réseau de distribution par la Central Water Authority (CWA). La liste des aménités comprend également des espaces verts pour l’aménagement d’un jardin d’enfants, une piste pour la pratique du jogging, un terrain de pétanque, une aire de stationnement pour chaque propriétaire. Grâce à la magie de la technologie, une production visuelle de ce que sera dans un futur pas trop lointain.

Dans leur discours, le Premier ministre et le vice-Premier ministre ont mis en exergue la détermination du gouvernement à ne pas permettre à ce phénomène de manque de logements de s’aggraver. Le Premier ministre n’a pas tardé à récolter les résultats de sa démarche à s’attaquer au problème de logement critiquant au passage les gouvernements précédents qui n’ont pas eu la volonté d’en faire autant. Il a eu toutes les peines du monde pour s’extirper d’une foule où tout un chacun voulait prendre une photo avec lui. En mettant autant d’accent sur les projets que le gouvernement a mis en place jusqu’ici et se propose d’enclencher, on aura compris que ce sera un des thèmes principaux de sa prochaine campagne électorale.

Si par rapport au premier axe, qu’il n’est pas interdit de constater que le gouvernement se frotte les mains, tel n’est pas le cas par rapport à la manifestation d’un comportement durable de la part de certains occupants sans doute une minorité des complexes existants. Car d’après l’expérience enregistrée dans les deux complexes, tout laisse croire que la bataille pour un comportement durable respectueux des autres et de l’environnement n’est pas gagnée d’avance.

Ils sont nombreux les signes d’un comportement inapproprié sans doute d’un petit groupe mais qui rejaillit sur l’ensemble des résidents. Sur cette liste, on note entre autres, le peu d’intérêt pour respecter son environnement, l’empiètement sur les parties communes avec des constructions illégales au vu et à la barde des autorités municipales et policières un système de ramassage d’ordures empiré par des personnes qui n’hésitent pas à jeter des déchets un peu partout, des chercheurs de cuivre qui déchirent les sacs-poubelles bien fermés par des résidents responsables à la recherche du précieux métal, des syndics dépassés par les événements, le manque de moyens pour entreprendre des travaux de rénovation et de réhabilitation ou encore la nécessité d’aménager de nouvelles aires de stationnement.

Pour Rajinee Mootoocaroupen, maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, la municipalité fera tout pour améliorer son système de ramassage d’ordures. «Nous allons incessamment donner des poubelles à nos concitoyens. Cependant, pour que la propreté, l’hygiène et la salubrité règnent dans un endroit, le gouvernement et la municipalité seuls n’y arriveront pas. La participation et la contribution du citoyen sont indispensables pour atteindre un tel objectif. Ils doivent prendre une part active tant pour la protection que pour la conservation de l’environnement.»

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Gain de visibilité grâce à la NHDC

Le nom de Camp-Levieux a été conféré à cette localité en mémoire de l’arpenteur juré Loïs Levieux. Elle dépend administrativement dépend de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill. Un quartier qui petit à petit allait s’éloigner de son statut de camp, qui renvoie inévitablement dans cette ère où toutes les activités économiques s’articulaient autour de la culture de la canne et de la production du sucre. Le facteur qui allait lui permettre d’afficher une plus grande visibilité sur le plan de la géographie nationale, c’est l’entrée en scène en 1991 de la NHDC, avec pour mission de construire des logements décents pour les ménages à faible et à moyens revenus. Le projet que la NHDC allait mettre sur pied est le complexe de 1 173 appartements situé à l’entrée sud de la zone résidentielle. Il s’appelait initialement Stock and Stock et a été construit par une société sud-africaine. En l’an 2000, Camp-Levieux était sur la liste des quartiers qui allait accueillir la construction d’un nouveau complexe d’appartements et qui se trouve à proximité de la station de la police et le supermarché Winners. Trente-deux ans après, Camp-Levieux est de nouveau sur la liste des lieux où des logements seront aménagés pour la même catégorie de citoyens. Devant l’empressement du gouvernement de faire construire 8 000 puis 12 000 maisons dans un laps de temps assez court, la NHDC va céder la place à la New Social Living Development Ltd (NSLD). L’histoire se répète car comme en 1991, la NHDC a eu recours au savoir-faire d’une société de construction sud-africaine, comme ses statuts le lui permettent, la NSLD est entrée en partenariat avec Bigen Africa Group Holdings, engagé dans la réalisation de projets d’infrastructures. La particularité de ce groupe de sociétés sud-africain est qu’il appartient à des Noirs et dont les objectifs consistent entre autres à promouvoir les initiatives pouvant aboutir à la transformation, la diversité, l’engagement pour que les membres de la communauté noire deviennent des propriétaires et des investisseurs dans des entreprises, le leadership et le développement humain. Le groupe est présent à Maurice, au Botswana, au Kenya, en Namibie, au Mozambique, au Ghana et en Zambie. L’installation d’une unité de la chaîne de distribution commerciale, Winners, a contribué à hausser le niveau de visibilité sociale et économique de cette localité.

Le quartier de Camp-Levieux a été le premier à accueillir des logements NHDC en 1991. Vendredi, a eu lieu la pose de la première pierre des logements sociaux de la NSLD.