Le gouvernement mise sur la diaspora mauricienne pour répondre à la fuite des cerveaux. Dans le Budget 2025-26, un coup d’accélérateur est donné au Diaspora Scheme, avec des incitations renforcées et un nouveau conseil consultatif. Une politique qui pourrait marquer un tournant… à condition d’être suivie d’effets.

Le Diaspora Scheme n’est pas nouveau. Mais dans le Budget 2025-26, le gouvernement lui redonne un nouveau souffle. Objectif : créer les conditions d’un retour durable des Mauriciens de l’étranger, porteurs de compétences et d’expériences acquises à l’international.

Dans son discours budgétaire, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a annoncé non seulement un renforcement du dispositif, mais aussi la mise en place d’un Global Advisory Council. Cette instance sera chargée de proposer des mesures concrètes pour faciliter la réinstallation de la diaspora mauricienne et leur intégration professionnelle à Maurice.

Supervisé par l’Economic Development Board, le Diaspora Scheme permet aux Mauriciens ayant acquis une expérience professionnelle à l’étranger (minimum trois à cinq ans) de revenir au pays avec des avantages fiscaux et douaniers. Sont notamment proposées : une exonération sur les revenus, des facilités pour importer ses biens et des incitations à l’investissement ou à l’acquisition d’un bien immobilier.

Le gouvernement espère ainsi inverser la tendance actuelle, marquée par une émigration croissante de jeunes diplômés, ingénieurs, soignants et autres profils qualifiés. Des sondages récents montrent que l’envie de partir reste forte, surtout chez les jeunes actifs.

Covilen Narsinghen, président de l’ONG Mauritius Global Diaspora, se félicite de l’annonce. «Nous remercions le gouvernement pour cette initiative. Il faut maintenant discuter des autres leviers à activer pour encourager les retours», déclare-t-il. L’organisation, enregistrée au Royaume-Uni, avait soumis au gouvernement plusieurs propositions : droit de vote pour les expatriés, soutien aux primo-accédants immobiliers, et accompagnement renforcé à la réinstallation.

Selon Covilen Narsinghen, la diaspora mauricienne est estimée à plus de 300 000 personnes et est largement présente au Royaume-Uni, en France, en Australie, au Canada ainsi qu’aux États-Unis. Elle contribue activement à l’économie mauricienne, notamment par le biais de transferts financiers annuels vers les familles restées au pays.

Un écho favorable au-delà des clivages

Dans un rare moment d’accord au sein du paysage politique, la relance du Diaspora Scheme a trouvé un écho favorable du côté de l’opposition. Lors d’une conférence de presse tenue le 11 juin, l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth a reconnu que des efforts similaires avaient été entrepris sous son gouvernement. S’il dit ne pas avoir encore étudié les détails de la mesure, il a tenu à souligner que si elle est bénéfique pour le pays, il saura la reconnaître comme telle.

Ce nouvel élan pourrait transformer durablement la dynamique du retour des talents mauriciens, à condition d’être porté par une volonté forte et des actions concrètes.

A. P.