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Le facteur castéiste jouant les trouble-fêtes dans le Nord

2 septembre 2023, 08:50

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Le facteur du castéisme comme évoqué lors du dernier remaniement ministériel compterait dans une certaine mesure dans 15 circonscriptions du pays exception faite de trois circonscriptions dans la région portlouisienne et deux autres à Beau-Bassin-Rose-Hill.

Des 15 circonscriptions concernées, il s’agit surtout des trois circonscriptions du Nord où le facteur castéiste comme exprimé au niveau de la composante Vaish reste déterminant. Exception faite toutefois des élections de 1967 et 1983 quand l’enjeu premier- ministériel domina toutes les considérations étroites du castéisme et aussi celles marquées de 60-0 de 1982 et 1995.

En 1976 déjà, le vote Vaish s’exprimait en force pour koupe-transe au-delà des loyautés partisanes et faisait élire Mooneeswar Hurry du Labour et Madun Dulloo du MMM au n° 6, le Rouge Ramesh Jeewoolall et le mauve Anerood Jugnauth au n° 7. La même tendance était notée dans le centre du pays aussi avec le n° 8 élisant le Travailliste Mahess Teeluck et le MMM Krisnalall Coonjan.

En 1987 puisque le MSM dirigeait une alliance qui comprenait aussi les Travaillistes et évidemment le PMSD aussi, la loyauté de parti face à la menace MMM étouffa les velléités castéistes.

Une fois que les Travaillistes et le MSM sont dans des camps opposés, d’autres facteurs entrent en jeu. C’est ainsi qu’aux élections de 1991, Navin Ramgoolam, alors à sa première tentative électorale, et le Dr Jyaneshwur Jhurry du MSM sont élus dans le n° 5. Mais la domination de l’alliance MSM-MMM étant massive, le koupe-transe ne se manifesta pas ailleurs.

Nouvelle alliance entre le MSM et le MMM en 2000 mais cette fois-ci le koupe-transe Vaish se manifeste avec force dans les trois circonscriptions du Nord. Dans le n° 5, Navin Ramgoolam et le MSM Jhurry se font élire. Dans le n° 6, Pradeep Jeeha du MMM de même que Madun Dulloo devenu travailliste sont élus. Même tendance dans le n° 7 où le leader du MSM, Anerood Jugnauth, est élu en même temps que le Travailliste Balkissoon Hookoom. C’est dire que malgré la force numérique conséquente de l’alliance MSM-MMM, le facteur Vaish reste décisif dans le Nord.

En 2005, l’Alliance sociale dirigée par Navin Ramgoolam écrase tout sur son passage dans le Nord. Mais fait intéressant à signaler: dans le n° 8, Ashock Jugnauth du MSM est élu et dans le n° 10, le MMM Ajay Gunness gagne lui aussi assez de votes pour faire son entrée au Parlement. Une bien étrange coïncidence veut que ces deux élus hors du camp de Ramgoolam portaient le même label.

En 2010, une nouvelle alliance toujours menée par Navin Ramgoolam mais ayant le MSM comme junior partner enlève tous les sièges des circonscriptions numéros 5 à 14 avec une exception, c’est-à-dire l’élection d’Alan Ganoo dans le n° 14.

Il est évident que quand les Travaillistes et le MSM sont en alliance, les tendances castéistes divisionnistes ne parviennent pas à s’imposer. Quand Paul Bérenger est perçu comme une menace, c’est le même élan unitaire qui se déclenche. C’est ainsi qu’aux élections de 2014, quand Navin Ramgoolam lui-même présenta Paul Bérenger comme éventuel Premier ministre pour un mandat de cinq ans, le MSM enleva tous les sièges des numéros 4 à 13 avec les exceptions de Ritesh Ramful au n° 12 et Zouberr Joomaye au n° 13. Sans compter ses gains conséquents dans les cinq villes du pays.

Contrairement aux résultats hautement satisfaisants pour le MSM en 2014, les statistiques concernant le vote dans le Nord en 2019 devraient donner lieu à des inquiétudes au Sun Trust. En effet, Triolet-Pamplemousses et Grand-Baie-Poudre-d’Or faisaient élire deux candidats travaillistes respectivement, Ranjiv Woochit et Mahen Gungapersad. Deux élus dans le Nord qui portent le même label. Evidemment, Ramful se faisait élire encore une fois au n° 12.

Ayant fait preuve depuis 2014 d’une remarquable efficacité dans sa démarche politique et électorale, le MSM a sans doute pris la mesure des difficultés qu’il pourrait rencontrer dans le Nord. Surtout si Navin Ramgoolam décide de diriger les opérations à partir du n° 5. D’où certaines manœuvres politiques notamment avec la nomination du député Anjiv Ramdhany aux fonctions de ministre.

La circonscription n° 6 dispose dorénavant de deux ministres, l’autre étant Avinash Teeluck. Comme ministre de la Fonction publique, Anjiv Ramdhany serait-il en mesure de distribuer des ‘cadeaux’ à des électeurs ciblés et ainsi augmenter les chances électorales du MSM?

On en doute fort car finalement c’est la Public Service Commission (PSC) qui décide du sort de l’ensemble des fonctionnaires. On raconte que le chairman de la PSC, Vidianand Lutchmeeparsad, qui dispose de la totale bénédiction du Sun Trust, se livrerait à un exercice qu’on appelle ‘empire-building’. La nomination d’un autre chairman à la place de Lutchmeeparsad occasionnerait un désastre pour le MSM auprès d’une composante de l’électorat.

On ne tarderait pas à savoir si Ramdhany serait plus puissant qu’un ministre sur le papier. D’ailleurs qui se souvient encore du passage de Vikram Hurdoyal au ministère de la Fonction publique ? Toutefois, la nomination de Hurdoyal comme ministre de l’Agriculture pourrait aider le MSM à cultiver sa power base politique et castéiste. En effet, étant lui-même agriculteur et exportateur de produits mauriciens vers l’étranger, Hurdoyal serait bien armé pour concevoir des plans pour améliorer le sort des planteurs de canne comme de légumes qui font face actuellement à d’énormes difficultés.

Toujours sur le plan de la consolidation de sa base castéiste dans le Nord, le MSM a choisi de donner une promotion à Maneesh Gobin qui conserve le poste tellement stratégique d’Attorney General tout en devenant maintenant le chef de la diplomatie mauricienne. Comme ministre des Affaires étrangères, Maneesh Gobin aurait l’occasion maintenant de représenter Maurice à des sommets et des conférences à l’étranger tout en côtoyant les grands de ce monde, dont des Joe Biden et autre Narendra Modi.

Du beau cinéma politique en perspective dans le Nord. Surtout s’il se confirme que Navin Ramgoolam finirait par retourn lakaz mama.