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Politique fiscale

Le FMI suggère un équilibre entre lutte contre la pauvreté et maîtrise des finances publiques

23 juin 2025, 18:00

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Le FMI suggère un équilibre entre lutte contre la pauvreté et maîtrise des finances publiques

■ Le FMI estime que réduire les dépenses liées aux prestations sociales en les orientant vers les plus nécessiteux, sans accroître la pauvreté.

Dans son rapport au titre de l’Article IV pour Maurice, le Fonds monétaire international (FMI) recommande un meilleur ciblage des prestations sociales, ainsi qu’une réforme de la TVA et de l’impôt sur le revenu des particuliers, notamment en rationalisant les exonérations et déductions et en abaissant le seuil de paiement de l’impôt. Ces mesures pourraient être appliquées tout en protégeant les personnes pauvres et vulnérables.

Dans un chapitre intitulé Distributional Impact of Fiscal Policy, le rapport note que les politiques fiscales de soutien ont permis de réduire la pauvreté et les inégalités à Maurice, tout en contribuant à une détérioration des finances publiques. La protection sociale, centrale dans les objectifs politiques du pays pour atteindre le statut de pays à revenu élevé, a orienté la politique budgétaire vers des finalités sociales. Les hausses des transferts sociaux, pensions et l’introduction de nouvelles allocations et primes, ont permis d’accroître les revenus des ménages et leur consommation. Cela a contribué, selon le FMI, à faire reculer le taux national de pauvreté évalué sur la base du revenu.

Le rapport précise que cette hausse significative des transferts sociaux et pensions, conjuguée aux nouvelles allocations et primes après la pandémie, a entraîné une forte augmentation des dépenses courantes. Cela a joué un rôle clé dans l’amélioration des conditions de vie, tout en exerçant une pression accrue sur les finances publiques. Bien que ces politiques aient contribué à réduire la pauvreté, il existe une marge d’amélioration dans le ciblage des programmes sociaux.

Sur six programmes sociaux examinés, les personnes à faibles revenus représentent une part bien plus faible que les ménages à revenus plus élevés. Par exemple, seuls 11 % des bénéficiaires de la pension de vieillesse (BRP) sont concernés. Ce déséquilibre est observé dans les autres programmes et le FMI suggère qu’un meilleur ciblage serait possible sans diminuer la protection des plus vulnérables. En d’autres termes, il serait envisageable de réduire les dépenses liées aux prestations sociales, dont la BRP, en les orientant vers les plus nécessiteux, sans accroître la pauvreté.

Le rapport souligne également que la politique budgétaire axée sur la réduction de la pauvreté a soutenu la consommation privée, mais a contribué à une augmentation significative de la dette publique. Les dépenses courantes de l’État sont nettement plus élevées que dans d’autres pays, y compris de petites économies insulaires. Par ailleurs, la forte proportion d’importations pour la consommation limite l’effet multiplicateur des transferts publics, ce qui explique en partie que la dette publique atteindrait environ 90 % du PIB à la fin juin 2025.

Sur le plan fiscal, le système d’imposition sur le revenu des particuliers est jugé relativement généreux. Les revenus annuels bruts inférieurs à Rs 390 000 sont exemptés d’impôt, ce qui concerne plus de 60 % des contribuables, selon un document local cité par le FMI. «Cela maintient une large part de la population en dehors de l’assiette fiscale, ce qui réduit le taux d’imposition moyen pour la plupart des contribuables, y compris pour les très hauts revenus», souligne le rapport.

Le rapport met en lumière que le taux de pauvreté est relativement similaire entre hommes et femmes, avec un écart de seulement 0,4 point de pourcentage en défaveur des femmes. «Le taux de pauvreté atteint environ 11 % pour les ménages dont le niveau d’instruction s’arrête au primaire, contre seuls 2 % pour ceux ayant atteint le secondaire ou tertiaire», peut-on lire dans le rapport. Le taux de pauvreté à Rodrigues reste plus élevé qu’à Maurice. Le revenu individuel dépend du statut d’emploi, du genre, de l’éducation et de l’âge, avec un revenu plus faible pendant la saison cyclonique et à Rodrigues.

Pour la TVA, le FMI estime que l’on pourrait rendre les exonérations plus progressives tout en augmentant les recettes. Les exemptions concernent surtout des produits alimentaires de base, ce qui profite aux ménages à faible revenu, mais aussi aux plus aisés. Paradoxalement, certains produits de luxe comme les loisirs et la location d’avions sont exonérés, alors que ces dépenses sont faibles chez les ménages modestes. Ainsi, malgré un taux légal de 15 %, le taux effectif moyen de TVA est estimé à 6,5 %.

Le rapport recommande de supprimer ou mieux cibler certaines exonérations afin d’augmenter les recettes sans réduire la protection des plus vulnérables, une partie des recettes supplémentaires pouvant financer des transferts ciblés aux ménages modestes. Il suggère également d’abaisser le seuil de la TVA, qui est parmi les plus élevés comparé à d’autres petites îles, tout en protégeant les petites et moyennes entreprises les plus vulnérables. Par ailleurs, le FMI estime que la suppression de certaines exonérations du droit d’accise permettrait d’améliorer la progressivité fiscale et d’accroître les recettes.

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