Le ministre du Travail, Reza Uteem, a tenu un point de presse à 14 h hier, au premier étage de Victoria House, pour faire le point sur la situation critique de l’entreprise Star Knitwear. Cette rencontre, très attendue, a rassemblé de nombreux journalistes, désireux d’obtenir des éclaircissements sur cette affaire.

Reza Uteem a d’abord rappelé qu’un comité interministériel, placé sous sa direction, suit le dossier de près depuis décembre dernier. Ce comité, regroupant aussi des représentants des ministères de l’Industrie et des Finances, a mené plusieurs rencontres avec la direction sud-africaine de Star Knitwear et le management local, dans l’objectif de préserver les emplois.

Mais les conclusions sont alarmantes. Selon le Receiver Manager, l’entreprise accumule une dette de Rs 1,5 milliard, alors que la valeur de ses actifs ne dépasserait pas Rs 200 millions. Une situation d’insolvabilité manifeste, qui a conduit à la fermeture progressive de l’usine et à la suppression de 470 emplois – dont 312 Mauriciens et 158 expatriés.

Le ministre a déploré l’attitude du management de Star Knitwear, qu’il accuse de mauvaise foi. Il a notamment évoqué des retards de paiement pour les heures de travail effectuées, ainsi que des dettes impayées au Central Electricity Board (CEB), qui aggravent la situation.

La conférence de presse a également permis de faire le point sur les mesures prises pour soutenir les travailleurs touchés. En collaboration avec des ONG, le ministère du Travail s’efforce d’assurer leur redéploiement, tout en veillant à la sécurité de leurs logements et à la fourniture de nourriture jusqu’à la fin des procédures de licenciement. Reza Uteem a affirmé que le gouvernement fera tout pour que les employés reçoivent leurs droits, notamment grâce au Wage Guarantee Fund, qui permet de verser une indemnité en attendant le règlement juridique du litige.

Plus inquiétant encore, le ministre a évoqué de possibles malversations financières. Une enquête a été ouverte pour déterminer s’il y a eu détournement de fonds, en particulier concernant les centaines de millions de roupies injectés par la Mauritius Investment Corporation (MIC) dans l’entreprise. Reza Uteem a souligné la nécessité d’une transparence totale dans ce dossier, appelant à l’intervention de la Financial Crimes Commission afin d’élucider les soupçons de fraude.

Cette conférence confirme l’extrême gravité de la situation à Star Knitwear. La fermeture de l’usine semble désormais inévitable. Le gouvernement, tout en réaffirmant son engagement à protéger les travailleurs, promet de poursuivre le suivi rigoureux de ce dossier. Trans- parence et responsabilité seront les maîtres-mots pour tirer au clair les dérives potentielles de cette affaire, qui pourrait bien marquer un tournant dans le secteur textile mauricien.