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Logements sociaux
Le gouvernement peut-il tenir ses promesses ?
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Logements sociaux
Le gouvernement peut-il tenir ses promesses ?
Le terrain identifié à Arsenal pour la construction de 250 logements sociaux avait été inondé lors du passage du cyclone Belal.
Face à une demande croissante et au délai pour livrer les logements sociaux, le gouvernement sera-t-il en mesure d’atteindre son objectif comme il l’a promis ? Zoom sur le bilan de la Housing Division du ministère du Logement et de l’aménagement du territoire, responsable de la formulation des stratégies et des politiques liées aux logements sociaux, ainsi que de leur mise en oeuvre, à travers la National Housing Development Co Ltd (NHDC) et la New Social Living Development Ltd (NSLD).
Des logements décents et abordables pour les ménages à faible et à moyen revenu. C’est dans le cadre de cette responsabilité que fonctionnent la NHDC et la NSLD, sous l’égide du ministre du Logement et de l’aménagement du territoire, Steven Obeegadoo. La NHDC a reçu environ Rs 1 milliard au cours des années financières 2020-21 à 2022-23 pour la construction de logements sociaux.
La NSLD, incorporée en mai 2019, a pour but de construire 12 000 unités résidentielles à travers l’île. En février de l’année dernière, le gouvernement a approuvé la mise en oeuvre du projet en deux phases : la construction de 8 000 logements sur 38 sitesdans la première phase, et la construction des 4 000 logements restants dans la deuxième phase. Le gouvernement s’est également donné 18 mois pour la construction de ces 8 000 logements sociaux de la phase 1 pour un coût total d’environ Rs 17,6 milliards.Le Budget 2020-2021 avait réservé Rs 12 milliards pour l’ensemble des 12 000 logements, mais la pandémie de Covid-19 et l’inflation ont eu un impact sur ce coût. Le coût par maison s’élève à Rs 2,7 millions.
Osman Mahomed : «une accumulation de conséquences néfastes sera constatée à l’avenir»
Osman Mahomed, ex-directeur général de la NHDC, qui est également responsable du dossier logement au sein du Parti travailliste, souligne que l’initiative de construire des logements sociaux pour les familles à faible revenu reste toujours un effort louable sous plusieurs gouvernements. Cependant, «la réalisation de ce projet sous le gouvernement actuel révèle néanmoins des failles, qui se répercuteront plus tard sur les propriétaires éventuels, et qu’une accumulation de conséquences néfastes sera constatée à l’avenir, notamment dans les zones inondables et aussi par les constructions hâtives sans supervision adéquate, surtout pendant les travaux nocturnes». Il rappelle que la NSLD n’a pas eu recours à des appels d’offres, allouant les contrats de construction de ces 8 000 unités de logements sociaux – au coût de Rs 2,7 millions l’unité – à 14 «contacteurs», pour un coût total de Rs 21,6 milliards. Il estime inquiétant «le manque de compétence à la tête de l’organisme». Alors que la NHDC possède une solide expérience dans le domaine de la construction, constate Osman Mahomed, la NSLD, par contre, n’a, à ce jour, rien livré de conséquent mais a englouti plus de Rs 1 milliard depuis sa création dans des exercices futiles de recrutement des consultants et aussi les salaires mirobolants, qu’il avait lui-même révélés au Parlement.
Zones inondables
Par ailleurs, 574 unités de logement, réparties sur trois sites et dans les circonscriptions nos 2 et 3 de la région d’Arsenal est en cours de construction par la NSLD. Une zone jugée inondable par les habitants, ainsi que par les députés de l’opposition, dont Ehsan Juman, qui avaient soulevé des inquiétudes à ce sujet. D’ailleurs, lors du passage du cyclone Belal, le 15 janvier, un habitant d’Arsenal avait raconté à l’express que la route était devenue un torrent d’eau boueuse. L’eau déversée dans un ruisseau, serpentant dans le quartier, avait inondé sa cour et le vaste terrain identifié par le ministère des Terres et du logement pour la construction de maisons. Une situation qui s’est répétée après l’épisode de Gros-Cailloux où des maisons de la NHDC avaient été aménagées sur un passage d’eau.
En avril, répondant à une question du député Osman Mahomed sur les inondations et les mesures prises pour réduire les risques d’inondation, le ministre Steven Obeegadoo avait déclaré qu’une partie du site, situé en face de la pépinière d’Arsenal et destinée à la construction d’unités résidentielles, était effectivement inondée. Selon les consignes du ministère de l’Environnement et de la Land Drainage Authority, des travaux tels que la construction de cut-off drains sont effectués.
Demande accrue de logements abordables et décents
La demande pour les logements sociaux a augmenté entre 2020 et 2023, passant de 29 033 à 39 566, note le rapport de l’Audit publié cette année. Au cours des cinq dernières années et jusqu’à présent, la NHDC a construit et livré 2 900 unités de logement. La dernière livraison en date a eu lieu en juin dernier à La Valette, Bambous. Cette région a connu un développement majeur avec l’inauguration de la nouvelle Résidence Camélia, un complexe comprenant 223 maisons, un terrain de foot, un espace de jeux pour enfants et un centre culturel. Parmi les projets de la NHDC qui ont débuté, sont en cours ou sur le point d’être achevés, on compte la construction de 752 unités de logement sur différents sites. Ceux-ci comprennent les régions de Midlands, Rivière-Noire (La Preneuse), Henrietta, Camp-Ithier, Melrose, Souillac, Quatre-Cocos et Coromandel. La dernière construction en date est celle de 126 unités à Wooton.
NSLD : zéro maison livrée jusqu’à présent
A contrario, la NSLD n’a livré aucune unité de logement sur les 8 000 promises pour la phase 1, malgré les constructions en cours. Pour les années financières 2021-22 et 2022-2023, la NSLD a bénéficié de subventions totalisant Rs 113,5 millions pour ses coûts opérationnels et administratifs. Le ministère de tutelle a indiqué qu’il avait lancé la préparation d’une stratégie nationale, et qu’il avait approché la Banque mondiale pour une étude sur des logements durables et abordables à Maurice afin de garantir l’accès à un logement abordable aux personnes vulnérables et de la classe moyenne.
Afin d’atteindre son objectif, le gouvernement prévoit de livrer 1 850 unités de logement le mois prochain. Vers décembre de cette année, 1 800 autres maisons devraient être livrées. Les 4 350 unités de logement restantes devraient être achevées et livrées dans dix mois, soit d’ici à juin 2025, bien après la fin du mandat du gouvernement. Les travaux préliminaires et les procédures pour la construction des 4 000 unités de logement restantes sous la phase 2 du projet ont déjà commencé.
Des habitants de Grand-Bel-Air frustrés par la pollution sonore et aérienne
Des habitants de Grand-Bel-Air se disent consternés par la pollution sonore et aérienne constante liée à la construction de logements par la NSLD. Une situation qui, selon eux, dure depuis des mois, et qui persiste, au vu et au su des autorités. «Nous ne sommes pas opposés à la construction ou au développement, mais il doit y avoir une manière appropriée de le faire, tout en respectant les gens et l’environnement. Le quartier est hautement résidentiel et les constructions se déroulent jusqu’à 1 ou 2 heures du matin. Les maisons sont remplies de poussière, ce qui entraîne des problèmes respiratoires et des rougeurs. Cela perturbe également la vie privée, car nous ne pouvons pas nous reposer ou nous concentrer sur nos études après le travail ou l’école. Ils ne peuvent pas mettre notre santé en danger pour se dépêcher de terminer leurs travaux avant les élections. Si un simple citoyen jouait de la musique après 23 heures, la police l’arrêterait ou lui infligerait une amende pour pollution sonore. Les lois doivent s’appliquer de façon égale», s’indignent-ils.
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