Publicité
Diplomatie
Le Japon affiche résolument son ambition économique régionale
Par
Partager cet article
Diplomatie
Le Japon affiche résolument son ambition économique régionale

Masahiro Kan, Dharam Gokhool, Paul Bérenger et Ritish Ramful, jeudi, lors des célébrations de la Journée nationale du Japon.
Le gouvernement japonais veut explorer les opportunités du continent africain en faisant des pays de la région océan Indien un corridor de croissance entre l’Asie et l’Afrique. Cette vision sera renforcée en août 2025, avec la neuvième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, créée en 1993.
L’ambition du Japon pour la région océan Indien a occupé une place importante dans le discours prononcé par l’ambassadeur du Japon, Masahiro Kan, à sa résidence, à Floréal. C’était lors d’une réception tenue jeudi pour marquer le 65e anniversaire de l’empereur Naruhito et célébrer la Journée nationale du pays. Une chose est certaine : le Japon considère Maurice en raison de son positionnement dans la région, comme un élément central pour renforcer la place qu’il veut y jouer.
«Nous assistons à l’émergence d’un intérêt accru des entreprises japonaises pour l’investissement en Afrique, en utilisant Maurice comme porte d’entrée vers l’Afrique. L’île Maurice est une plaque tournante reliant l’Afrique et l’Asie», a souligné Masahiro Kan. Un facteur clé viendra incessamment consolider l’intérêt du Japon pour que Maurice renforce davantage sa position comme cette plaque tournante reliant l’Afrique et l’Asie. «À l’heure actuelle, nous nous consacrons à la préparation de l’ouverture de l’ambassade de Maurice à Tokyo, sur la base de la décision de Maurice», a-t-il ajouté.
Même si, à une question de l’express après la cérémonie officielle, Masahiro Kan n’a pas voulu commenter les efforts du Japon pour moderniser les infrastructures portuaires de la Grande île, il ressort que ce travail devrait contribuer à lui permettre de marquer de son empreinte le transport maritime, principale voie pour les échanges commerciaux mondiaux dans la région. Il s’agit d’une excellente opportunité pour la Grande île avec 18 ports d’intérêt international ou régional. Selon l’Express de Madagascar du 6 janvier 2024, le port de Toamasina subit un lifting d’envergure avec le soutien financier (environ 411 millions USD) de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). En d’autres mots, avec des partenaires tels que Maurice et Madagascar, il n’est pas interdit d’assister à une montée de puissance du Japon dans la région.
Deux initiatives du Japon viendront consolider le rôle que ce pays voudrait jouer dans la région océan Indien et au niveau du continent africain. La première concerne la tenue du 13 avril au 13 octobre de l’Exposition universelle 2025 à Osaka, sur le thème «Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain». La seconde initiative est la tenue en août 2025 à Yokohama, de la neuvième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique ( TICAD).
Avec l’Exposition universelle 2025, le Japon a voulu prendre une place prépondérante dans la manifestation de ce que les pays ont réalisé au niveau des avancées technologiques et des solutions innovantes, dont la robotique, l’intelligence artificielle les énergies renouvelables. Masahiro Kan a souligné la raison pour laquelle Maurice devrait être présent à l’Exposition universelle d’Osaka. «Il s’agit d’une occasion de célébrer la possibilité d’aspirer à un avenir meilleur pour tous. Nous souhaitons vivement que tous les Mauriciens et les entreprises mauriciennes y participent. Ce serait une bonne occasion de montrer au monde à quel point les produits, la culture et la nature mauriciens sont merveilleux et beaux.»
La TICAD illustre la constance du Japon pour prendre une part active au développement économique du continent. Depuis sa création en 1993, tous les cinq ans, le Japon n’a cessé d’organiser en collaboration avec les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement, la Commission de l’Union africaine ou encore la Banque mondiale, une nouvelle édition de ce forum sur le développement du continent avec des touches nouvelles.
Les travaux de préparation de cette neuvième édition de la TICAD se poursuivent et le Pr Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, a été invité par le gouvernement japonais pour prendre une part active à ces travaux.
L’innovation sera au cœur de ces travaux, dont le thème est «Cocréer des solutions innovantes avec l’Afrique», traduit la volonté du Japon de permettre aux pays du continent africain de se doter d’outils innovateurs susceptibles de leur permettre d’accélérer leur développement par rapport aux pays qui occupent le devant de la scène sur toutes les activités humaines. «La prochaine édition de la TICAD se présente comme une avancée significative du souci du Japon à prendre une part active dans le développement du continent africain», a ainsi déclaré Masahiro Kan.
Coopération technique
L’ambassadeur du Japon à Maurice a apporté de solides arguments pour soutenir sa thèse selon laquelle Maurice est un partenaire de taille dans la consolidation de cette stratégie qui, depuis 2016, veut que la région océan Indien dispose de tous les atouts pour en faire le corridor de croissance entre les continents asiatique et africain. Outre le secteur économique, l’intérêt de renforcer la présence du Japon sur le sol mauricien se manifeste dans les domaines technique, éducatif, culturel et sportif.
La coopération technique occupe ainsi une place importante dans les relations entre Maurice et le Japon, a précisé l’ambassadeur Masahiro Kan. «Notre pays a renforcé sa coopération technique avec Maurice dans la prévention des catastrophes, des capacités d’observation et d’alertes météorologiques, des formations pour la gestion des déversements d’hydrocarbures, pour n’en citer que quelques-unes. Point n’est besoin de souligner combien le Japon connaît souvent de nombreuses catastrophes naturelles – tremblements de terre, tsunamis, glissements de terrain, fortes pluies et grandes inondations. Nous sommes fiers qu’à chaque fois que de telles catastrophes se produisent, le Japon se soit rétabli avec résilience. Sur la base de l’expérience réelle, le Japon a développé des technologies et des compétences pouvant prévenir ou réduire les risques associés à de telles catastrophes naturelles. Nous pouvons partager ces technologies, cette expertise et ces expériences avec Maurice. L’année dernière, un nouveau laboratoire d’essais géotechniques et de matériaux a été lancé pour améliorer la gestion des glissements de terrain grâce à des subventions du Japon. Des projets sont en cours dans la sécurité maritime et la santé.»
Toutefois, pour cette célébration, l’ambassade du Japon avait mis les petits plats dans les grands pour être à la hauteur de son statut dans le monde et dans la région. Les principales personnalités du pays, dont président de la République, Dharam Gokhool, le vice-président, Robert Hungley, le Premier ministre par intérim, Paul Bérenger, l’ancien président Pradeep Roopun, le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, ont honoré de leur présence cet évènement. Une occasion pour permettre aux invités de mieux se familiariser avec les produits et enseignes qui rehaussent la visibilité du Japon dans le monde, de savourer les différents aspects de son art culinaire. La finesse de la préparation et de la présentation des plats était au rendez-vous. Sans oublier, le saké, boisson nationale du Japon.
La soirée s’est terminée sur une note «impériale», venant de Madoka Delapeyre, une Japonaise mariée à un Mauricien. Alors que des serviettes en papier gisaient sur le beau tapis rouge qui ornait la salle de réception, cette dame n’a pas tenu compte de ses habits de grande valeur pour se pencher afin de recueillir une à une ces serviettes en papier. «Ce tapis est trop propre pour permettre à ces serviettes de salir la beauté de cet ornement de grande occasion.»
Publicité
Publicité
Les plus récents




