Le manque d’œufs se fait toujours ressentir sur le marché, bien que les étagères des points de vente ne soient pas complètement vides comme les semaines précédentes. La compagnie Inicia Ltée, qui approvisionne le secteur HORECA (hôtels, restaurants, cafés), les grandes surfaces et les commerces de proximité, a rassuré, dans un récent communiqué, que l’approvisionnement en œufs est resté constant ces derniers mois. Elle a soutenu que le manque d’œufs sur le marché est principalement dû à une forte augmentation de la demande, causée par une consommation accrue et des achats en quantités bien plus élevées que l’année dernière à la même période. La compagnie a assuré qu’elle s’efforce de maintenir un approvisionnement régulier et encourage les consommateurs à éviter le surstockage des œufs. Du côté des éleveurs, l’on assure que la ponte des volailles diminue pendant l’hiver.

Toutefois, cette situation n’est pas évidente pour ceux qui ont besoin d’œufs en grande quantité. Si au niveau des points de vente, le quota de la livraison s’améliore, ceux qui sont dans la restauration voient rouge. À l’instar de Tariq Bundheea qui est dans la restauration : «Tous les fournisseurs n’arrivent pas à fournir la même quantité d’œufs qu’ils fournissaient auparavant. Il nous faut aller nous approvisionner en œufs là où nous en trouvons, même au supermarché. Cela a un effet sur nos coûts car les œufs y sont plus chers. Quand nous achetons en gros auprès des fournisseurs, le prix est plus abordable. Nous ne pouvons toutefois rien faire ; nous devons subir nos coûts afin de servir nos clients. Nous ne pouvons pas augmenter les prix des plats non plus. Cependant, nous devrons peut-être revoir les prix d’ici décembre car il n’y a pas seulement les œufs, mais aussi le prix du poulet qui a augmenté.»

L’œuf est un aliment de base très consommé, surtout avec l’inflation. Si pour les ménages, c’est moins cher que d’autres sources de protéines animales, dans le domaine de la restauration, il est aussi utilisé dans une grande variété de plats et de recettes. Selon le chef Bruno, l’œuf est utilisé comme ingrédient de base dans la cuisine, notamment pour les marinades, mais aussi pour de nombreux menus pour les tapas, le petit-déjeuner, les plats de résistance et les desserts.

Jayen chellum : «une manœuvre pour faire monter les prix»

Analysant la situation, le secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, Jayen Chellum, estime que les petits éleveurs, par rapport aux grands producteurs, ont les équipements pour les pondeuses. Il réfute l’argument que l’hiver a un effet sur la fréquence de ponte des poules. «Ce n’est pas une question de faible ponte en hiver, mais une manœuvre pour faire monter les prix», dit-il. Il déplore surtout le fait que les consommateurs paient les œufs plus cher.

Production mondiale d’œufs en chiffres

L’International Egg Commission indique que l’œuf est un aliment nutritif, riche en vitamines, minéraux et antioxydants essentiels pour le corps, et peu coûteux. La production totale d’œufs de 2008 à 2018 est passée de 61,7 millions de tonnes à 76,7 millions de tonnes, selon la Food and Agriculture Organisation. En 2022, selon l’Institut technique de l’aviculture, la production mondiale d’œufs de poule était d’environ 79,6 millions de tonnes, soit environ 1 490 milliards d’œufs, ce qui représentait une baisse de 0,8 % par rapport à 2021. L’inflation, la guerre en Ukraine et la grippe aviaire avaient fortement perturbé le marché mondial des œufs. Avec 25,5 millions de tonnes produites en 2022, la Chine représentait à elle seule 32 % de la production mondiale. Elle est suivie par l’Union européenne, qui représente 8 % de la production mondiale, et l’Inde (7,3 %), qui prend la troisième place devant les États-Unis (7,2 %).