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Péreybère
Le meurtre maquillé de Lajwantee, femme battue
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Péreybère
Le meurtre maquillé de Lajwantee, femme battue
C’est dans cette maison que vivaient Lajwantee Beerbul (en médaillon) et son compagnon violent, Pierre Latour.
Les suspects voulaient faire croire que Lajwantee Beerbul, 47 ans, avait succombé à une chute dans sa salle de bains, dimanche. Or, l’autopsie a révélé qu’elle a été battue à mort.
Dimanche matin, le corps sans vie de Lajwantee Beerbul a été transporté à l’hôpital SSRN de Pamplemousses par Edouard Didier, 29 ans, le gendre de son compagnon, Pierre Latour, 43 ans. Ce dernier prétendait l’avoir trouvée inconsciente dans la salle de bains. Lorsque les médecins de service ont examiné le corps de Lajwantee Beerbul, ils ont constaté que sa mort remontait à plusieurs heures. Son cadavre a été transféré à la morgue et une autopsie a été pratiquée par le Dr Shaila Parsad Jankee, qui a constaté que la quadragénaire présentait des ecchymoses sur différentes parties du corps. Dans son rapport, ce médecin légiste a également conclu que Lajwantee Beerbul était décédée des suites d’une hémorragie intracrânienne, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête.
À son arrivée à l’hôpital, Edouard Didier a expliqué que Lajwantee Beerbul était tombée dans la salle de bains et s’était blessée. Cependant, les policiers l’ont interrogé car ils mettaient en doute cette version. Lui, ainsi que son épouse, Emma Latour, 21 ans, fille de Pierre Latour, le compagnon de la victime, Sen William Latour, le fils de ce dernier, âgé de 19 ans, et sa copine, Sephora Jean, 19 ans, ont affirmé avoir retrouvé la victime gisant inconsciente dans la salle de bains.
Cependant, ils se sont rapidement rétractés lors de leur interrogatoire individuel avec les enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Grand-Baie et ont avoué avoir menti pour protéger le compagnon de la victime. Pierre Latour a finalement avoué qu’il avait donné plusieurs coups à sa compagne après une dispute, samedi. Les coups ont continué alors qu’ils étaient sur son lieu de travail à Pereybère. Vu le déferlement de violence sur sa personne, Lajwantee Beerbul a succombé.
Ne la voyant pas se réveiller vers 4 heures dimanche, le présumé meurtrier a paniqué et a alerté ses enfants. Son gendre est venu récupérer le corps de Lajwantee Beerbul pour le transporter à l’hôpital. Une fois à la maison, Pierre Latour leur a donné des directives pour qu’ils mentent et disent aux policiers que sa compagne avait chuté dans la salle de bains.
Pierre Latour a été arrêté pour meurtre tandis que les quatre autres ont été arrêtés pour complot. Ils ont passé la nuit en détention et ont comparu en cour lundi 23 octobre.
Les funérailles de Lajwantee Beerbul, dont le visage était boursouflé et rempli d’ecchymoses alors que sa dépouille était exposée, ont eu lieu hier au domicile de sa sœur à Grand-Baie. La voir ainsi laisse un goût amer à la bouche de ses proches. Ils n’arrivent pas à accepter le «départ» soudain de cette dernière car elle avait abandonné une vie heureuse pour aller vivre avec Pierre Latour. Malgré les coups violents qu’elle encaissait, elle repartait toujours vers lui.
«À chaque fois qu’elle prenait des coups, nous lui disions de le quitter mais elle n’écoutait jamais», confie Vedna, la sœur de la victime. Elle explique que dimanche matin, en apprenant la nouvelle de la mort de sa sœur, elle savait que ce décès n’était pas naturel. «À chaque fois, elle débarquait avec des bleus partout. Aujourd’hui, c’est son corps que nous avons réceptionné.» Il y a deux ans, Lajwantee Beerbul a quitté son époux et ses enfants de 27 et 22 ans, ainsi que son petit-enfant, pour aller vivre avec Pierre Latour. «Nous avons tenté de la raisonner à plusieurs reprises mais en vain. Son mari nous a dit que nous pouvions tout faire pour tenter de la ramener dans son foyer mais c’était peine perdue», pleure Vedna.
Une enquête qui a mal débuté…
Lorsque le corps de Lajwantee Beerbul est arrivé à la morgue, l’inspecteur de police qui l’accompagnait a annoncé au médecin légiste qu’il s’agissait d’une mort naturelle car la quadragénaire avait fait une chute dans sa salle de bains. Une fois de plus, la Dr Shaila Parsad Jankee n’avait pas été avertie, ni appelée sur le lieu de la chute. Cependant, lorsqu’elle a regardé à première vue le cadavre, avant même de pratiquer l’autopsie, elle a remarqué que Lajwantee Beerbul avait des ecchymoses à la tête, au visage et au bras. Comme personne n’avait été prévenu d’avance, ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle a fait la demande pour qu’un photographe vienne prendre des clichés du cadavre. L’autopsie de Lajwantee Beerbul a conclu à une hémorragie intracrânienne et c’est par la suite que l’enquête s’est orientée vers un acte malveillant (foul-play).
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