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Crèches en situation d’irrégularité

Le ministère de l’Égalité des Genres attend une plainte pour agir

5 octobre 2023, 19:13

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Le ministère de l’Égalité des Genres  attend une plainte pour agir

La crèche Princess Barbie où est décédée Grace opérait sans permis.

Le drame qui s’est joué à la crèche Princess Barbie à Stanley qui opérait sans licence met en lumière les défaillances de nos autorités à sévir contre les hors-la-loi. Selon des sources au ministère de l’Égalité des genres et du développement de l’enfant, les contrôles dans ces établissements illégaux ne peuvent se faire que s’il y a plainte…

«Il est difficile d’entreprendre des contrôles réguliers sur le terrain face aux crèches qui opèrent de manière illégale si aucun cas n’est rapporté officiellement. Comment faire des descentes si nous ne sommes pas au courant d’un cas ? C’est difficile. Cependant, si nous avons des informations sûres, des officiers de l’Enforcement Unit de notre ministère font le déplacement pour s’enquérir de la situation. Des fois, ces officiers sont également épaulés par la police…», explique une source fiable du ministère de l’Égalité des genres, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille. Toutefois, ajoute-t-elle, des visites régulières se font dans les crèches de l’île, qui sont légales. Le but : veiller qu’elles respectent toutes les normes pour le bien-être des enfants qu’elles accueillent.

Mais Sheila Bappoo, ancienne ministre de l’Égalité des genres, soutient que l’explication du ministère qu’il ne peut pas agir sur des cas dont il n’est pas au courant est trop facile. «Il faut mettre en place des stratégies pour découvrir ceux qui travaillent dans l’illégalité.» Notamment en cherchant l’aide de la police mais pas que. «Il faut aussi impliquer les collectivités locales comme les mairies qui donnent le permis pour les bâtiments qui abritent les crèches mais aussi faire appel à l’aide des citoyens.»

«Il faut que ce soit du devoir du citoyen de dénoncer ces crèches qui opèrent au noir pour éviter de telles tragédies. Pourquoi ne pas, par exemple, mettre en place une child watch qui fonctionnerait comme la neighbourhood watch. Ainsi, des actions peuvent être prises plus facilement par les autorités. Cela éviterait que des crèches champignonnent un peu partout et fort probablement alors que le personnel n’a même pas la formation requise pour travailler avec des enfants.» Sheila Bappoo parle également d’un durcissement de la loi envers ceux qui opèrent illégalement et l’implication accentuée de l’Ombudsperson for Children dans ce dossier.

Quelle est justement la procédure pour ouvrir une crèche ? L’on nous a demandé de nous référer au site officiel du ministère. Selon les informations fournies, une demande doit en premier lieu être soumise au ministère de l’Égalité des genres. Les fonctionnaires étudieront alors les documents déposés puis visiteront le lieu où la crèche devrait voir le jour pour une inspection. Puis, un rapport sera soumis aux responsables du ministère pour une décision sur la demande. Si les conditions sont respectées, le demandeur sera appelé à payer les frais d’enregistrement. Il y a aussi l’option de faire la demande en ligne et le procédé est presque le même.

Les documents requis sont : le formulaire de demande, l’adresse et le plan de situation de la crèche, l’autorisation adéquate des collectivités locales. Si les lieux sont loués, il faut une autorisation écrite du propriétaire qui certifie qu’il accepte que l’emplacement soit changé en crèche, entre autres… Ainsi que les détails sur le demandeur, les contacts et les détails sur «l’institution».

Par ailleurs, la députée du Parti travailliste, Stéphanie Anquetil, dénonce le silence de la ministre Kalpana Koonjoo-Shah. «Je trouve révoltant et déplorable qu’elle ne se soit pas exprimée alors que pour des choses futiles, elle fait des conférences de presse.» Elle trouve aussi préoccupant que de nombreuses crèches opèrent dans l’illégalité. «Mais que peut-on attendre d’un ministère dont la propre garderie à Baie-du-Tombeau n’était jusqu’à peu pas aux normes. Il a fallu que j’apporte une question au Parlement pour qu’il y ait un changement.» La députée a aussi abordé le cas du nourrisson retrouvé avec des blessures dans une crèche à Beau-Champ et demandé qu’il soit ausculté par un Police Medical Officer.