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Stag Party
Le mystérieux Ajay Jeetoo
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Le mystérieux Ajay Jeetoo
(Photo d'illustration)
Ajay Jeetoo serait un maillon fort dans cette affaire de pot-de-vin donné contre l’octroi du terrain de chasse près de Grand-Bassin. On se demande pourquoi il aurait pris le risque de s’engager dans un tel acte de corruption. Analyse.
Commençons par la fin, par la réponse ou plutôt par la question de Pravind Jugnauth aux journalistes lorsqu’on lui demande pourquoi Maneesh Gobin ne démissionne pas du gouvernement, tout comme Rajanah Dhaliah l’a fait en tant que secrétaire parlementaire privé (PPS). «Qui a fait des allégations contre Maneesh Gobin dans cette affaire ?» réplique invariablement le Premier ministre (PM) qui semble vouloir faire comprendre qu’il n’y a aucune allégation directe faite contre l’Attorney General que ce dernier aurait pris un pot-de-vin.
Y a-t-il eu une allégation directe contre Rajanah Dhaliah pour qu’il soit inculpé et arrêté ? Rappelons que Keegan Etwaroo a décrit en détail ce qu’il aurait raconté à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) : il a remis des sommes à Ajay Jeetoo, qui les a remises à Rajanah Dhaliah. C’est de l’ouï-dire mais Rajanah Dhaliah a bien été inculpé. Et comme personne ne sait exactement ce que reproche l’ICAC à Rajanah Dhaliah, on ignore si la commission anticorruption s’est basée sur les allégations «hearsay» de Keegan Etwaroo pour l’arrêter.
Ravi Rutnah, l’avocat de Rajanah Dhaliah, dit ne pas savoir ce que l’ICAC reproche à son client, déclarant «sa ou bizin al gete dan lakour ! Mwa mo pa kone. Mo so avoka, mo pa Rajanah Dhaliah.»Son second avocat, Me Imtihaz Mamoojee, garde lui aussi le silence. À noter que Rajanah Dhaliah a eu le privilège de ne pas être menotté contrairement à Rajesh Ramnarain lors de leur arrestation.
L’accusateur
Devant le refus de l’ICAC, du PM et des avocats d’en dire plus, nous ne pouvons que déduire que ce ne sont pas les allégations de Keegan Etwaroo qui ont mené à l’inculpation de Rajanah Dhaliah car autrement, Maneesh Gobin aurait aussi dû être arrêté. C’est pourquoi il est plus que probable que ce soient les allégations d’Ajay Jeetoo qui ont coulé Rajanah Dhaliah, d’autant plus que d’après Keegan Etwaroo, c’est Ajay Jeetoo qui aurait remis le pot-de-vin à l’ex-PPS et pas lui.
On ignore quand Ajay Jeetoo a fait sa déposition à l’ICAC. Selon nos informations, il n’aurait été convoqué qu’en une occasion au Triangle de Réduit et au cours de cette convocation, il aurait donc reconnu avoir remis de l’argent à Rajanah Dhaliah. Cet Ajay Jeetoo que l’on a qualifié, peut-être à tort, de lanceur d’alerte, serait en fait celui qui aurait tout organisé : c’est lui qui a, selon Keegan Etwaroo, négocié avec Rajanah Dhaliah et Rajesh Ramnarain ; c’est lui qui a demandé de l’argent à Keegan Etwaroo et c’est lui qui a remis l’argent à Rajanah Dhaliah. Pourtant, il ne semble pas avoir été inquiété outre mesure. Il est possible qu’il ait pu obtenir une sorte d’immunité de l’ICAC et cela en un seul jour. On ne sait pas non plus qui est son avocat, s’il s’est fait assister et s’il est toujours au pays et à la disposition des autorités.
On comprend mal pourquoi Ajay Jeetoo aurait tout organisé, y compris la soirée de septembre 2020, et joué les intermédiaires dans une entreprise délicate et dangereuse de corruption si c’était juste pour rendre service à Keegan Etwaroo. Si c’est pour l’amour de la chasse, on comprend encore moins pourquoi Keegan Etwaroo a dû débourser l’argent pour le paiement du pot-de-vin.
Selon Keegan Etwaroo, les cerfs lui appartiendraient et non pas à l’association. S’il vendait une centaine de cerfs par an, vente qui lui rapporterait environ Rs 1,3 million annuellement et Rs 9 millions sur sept ans, on se demande pourquoi il aurait accepté de donner Rs 3,2 millions comme bribe pour un retour de Rs 9 millions.
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