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Réparations aux descendants d’esclaves

Le Parlement panafricain adopte un rapport déterminant

29 juillet 2025, 11:00

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Le Parlement panafricain adopte un rapport déterminant

(Photo d'illustration)

Le Parlement panafricain a, une fois de plus, démontré son engagement profond envers le thème 2025 de l’Union africaine (UA), «Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations». Cela, lors de la cinquième session ordinaire du sixième Parlement, qui se tient actuellement à Midrand, en Afrique du Sud.

La question des réparations aux descendants des personnes réduites en esclavage est un sujet complexe et profondément controversé. Elle implique non seulement des injustices historiques mais aussi d’importantes considérations pratiques et éthiques. Il est généralement admis que le traumatisme de l’esclavage continue d’affecter les descendants, impactant leur statut socioéconomique et leur bien-être. Certains affirment que ceux qui ont bénéficié de l’esclavage et dont les descendants continuent de bénéficier de ses séquelles ont l’obligation morale de réparer leurs torts. Les réparations sont perçues par certains comme un moyen de remédier aux disparités persistantes dans des domaines tels que la distribution de la richesse, l’éducation et la santé.

José Manteigas Gabriel, rapporteur de la Commission de la justice et des droits de l’homme au Parlement panafricain, a rédigé un rapport complet, adopté par consensus. Il a souligné que le thème de 2025 vise à remédier aux injustices historiques du colonialisme, de l’esclavage et du racisme structurel, qui continuent d’alimenter les disparités de richesse et la marginalisation en Afrique. «Les réparations vont au-delà de la réparation économique, et incluent des réformes institutionnelles, la récupération des biens culturels, l’aide au développement et la réforme du système éducatif», a-t-il affirmé.

Mais les personnes opposées aux réparations soulignent souvent les difficultés à identifier les bénéficiaires éligibles, à déterminer les formes appropriées d’indemnisation et à décider qui devrait supporter la charge financière. «L’UA a décidé de demander réparation suite à ce qui se passe dans les Caraïbes, une chose qui ne figurait pas à son agenda dans le passé», affirme l’historien Jocelyn Chan Low. Cette affaire de réparation financière est effectivement très complexe. «Kisann-la pou peye e kisann-la pou benefisie ?», questionne-t-il.«À Maurice, on a fait beaucoup au niveau mémoriel, notamment avec une journée nationale pour fêter l’abolition de l’esclavage le 1er février, la reconnaissance du site du Morne au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, la création du Musée intercontinental de l’esclavage, la création de l’Equal Opportunities Commission, etc. D’un point de vue philosophique, la réparation implique qu’il y ait non seulement une acceptation des torts commis par les pays impliqués, mais aussi de s’engager à retourner à un état de fait avant que le tort ait été commis», souligne Jocelyn Chan Low.

Il ajoute : «Mais la réparation sur le plan financier reste un sujet qui suscite beaucoup d’interrogations. Qui va payer cette réparation ? Quel État étranger va accepter de faire ce paiement ? Comment tomber d’accord sur une somme ? Au niveau individuel, ça devient encore plus compliqué et implique des questions légales. Une personne dont les ancêtres étaient des propriétaires d’esclaves ne peut pas payer pour les fautes commises par ces mêmes ancêtres. De plus, comment déterminer qui sont les ancêtres des esclaves à Maurice, vu que le pays est fortement métissé ?» Pour l’historien, si jamais il y a effectivement une compensation financière liée à l’esclavage, l’argent doit être reparti dans les régions défavorisées, et injecté dans le Welfare State et dans le budget de la Sécurité sociale.

Amr Aljowaily, responsable de la Direction des citoyens et de la diaspora de la Commission de l’UA, a réaffirmé l’engagement commun de l’UA en faveur d’une justice réparatrice pour la diaspora et les Africains. Cet engagement s’inscrit dans le droit fil des décisions 849 à 931 et 934 de la conférence, qui reconnaissent l’esclavage, le colonialisme et l’apartheid comme des crimes contre l’humanité justifiant des réparations.

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