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L’abri L’Oiseau du Paradis
Le personnel à bout de souffle…
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L’abri L’Oiseau du Paradis
Le personnel à bout de souffle…

Le shelter L’Oiseau du Paradis continue à susciter beaucoup d’intérêt. Car, malgré les nombreux appels à l’aide de la part du personnel, soutient-on, rien ne semble s’améliorer. Entre violence physique, morale et psychologique et lieu délabré, les langues se délient en attendant qu’une solution à long terme soit trouvée. Cela, afin de faire progresser la situation aussi bien des employés que des résidents, qui sont des enfants âgés entre trois et 16 ans, selon nos informations.
Ils s’attendaient à voir du changement après le départ de Kalpana Koonjoo-Shah à la tête du ministère de l’Égalité des genres. Cependant, à ce jour, il n’y a, entre autres, pas eu d’amélioration conséquente en ce qu’il s’agit des conditions de travail de ceux qui sont employés principalement au shelter L’Oiseau du Paradis, à Cap-Malheureux. Cet abri pour enfant connu grandement pour ses maux ne finit pas de faire parler de lui toujours pour les mauvaises raisons. Cette fois-ci, ce sont certaines caregivers qui ont décidé de briser le silence sous le couvert de l’anonymat afin de raconter leur calvaire au quotidien.
Selon les dires de ces femmes, l’acharnement venant de quelques résidents, notamment des garçonsadolescents, envers elles est récurrent, mais surtout insoutenable. «Nous ne pouvons pas quitter notre foyer pour aller travailler chaque jour et être victimes de toutes sortes d’abus.» Premièrement, elles disent se faire voler, dépouiller de leur argent mais pas que… «Ils prennent aussi le dîner qui se trouve dans le sac du personnel. Certains d’entre nous sont malades et doivent prendre des médicaments, mais ils ne peuvent pas le faire parce que des enfants volentleur dîner. Amplwaye-la pena nanye pou manze lerla.» L’argent volé, nous diton, est principalement utilisé pour l’achat de cigarettes consommées par ces jeunes enfants. «Il n’y a pas de contrôle. Ils sortent du shelter quand bon leur semble, en escaladant le mur de l’entrée principale.»
«Met nisa»
Les caméras installées en début d’année n’ont aucun effet sur leurs agissements car le lendemain même de leur installation, expliquent nos sources, certains enfants les ont saccagées. «Une bonne partie n’est pas actuellement opérationnelle. Ils ont aussi pris pour cible, par exemple, les fenêtres dont les vitres ont volé en éclats. (NdlR, l’on procède à la réparation de ces vitres brisées depuis dimanche).» Selon les dires de certaines caregivers, le plus grave serait que certains garçons n’ayant pas accès à leurs cigarettes consommeraient d’autres «produits» pour «met nisa». Parmi ceux-ci, du panadol mélangé à du vinaigre. «Zot rant dan lakwizinn, zot pran tou, apre zot fer melanz. Komie nou pou kapav vey zot?», se demandent-elles.
D’ailleurs en voulant s’interposer, plusieurs d’entre elles se font même taper dessus par des enfants. «Il y a même une caregiver qui a eu le bras cassé le mois dernier et pas plus tard que la semaine dernière, une autre a reçu des coups en voulant se mettre entre deux enfants qui se bagarraient. Ces deux affaires ont été rapportées à la police», assure-t-on. Les choses se corsent également quand ils organisent des sorties avec ces enfants hors du shelter. «Nous les avons emmenés au parc de Gros-Cailloux et ils en sont presque venus aux mains avec le personnel parce qu’ils ne voulaient pas céder les kayaks aux autres visiteurs, ayant dépassé leur temps d’utilisation. Quand nous les accompagnons à la plage, c’est encore plus tendu. Zot al rod lager ek touris, zot kokin savat dimounn. C’est ingérable.»
Les attouchements à caractère sexuel sont aussi désormais chose commune, selon les témoignages recueillis. «Certains garçons en profitent pour toucher les seins des caregivers. Quand ils sont questionnés sur ces comportements, ils indiquent tout simplement qu’ils en avaient envie. Ce sont des réactions presque normales pour eux.» Autre scène qui sort également de l’ordinaire et face à laquelle le personnel se dit dans l’impuissance d’agir est que certains enfants ont pris pour habitude d’aller nager… dans le réservoir d’eau qui se trouve sur le toit du bâtiment. «Ils font même pipi dedans et après, tous doivent utiliser cette eau. Depi inpe letan sa pe ale koumsa-la.»
Sollicité, un préposé du ministère de l’Égalité des genres souligne que ces problèmes sont connus, notamment en ce qui concerne les violences physiques perpétrées à l’encontre du personnel et qu’en ce moment même, ils travaillent sur un plan de redressement. «Si le shelter n’avait jusqu’ici pas de manager (Officer-in-Charge), ce manquement est actuellement en passe d’être pallié. Nous allons procéder au recrutement d’une personne à ce poste prochainement. L’interview des candidats se fait aujourd’hui (NdlR, le jeudi 3 avril).» À savoir que la ministre Arianne Navarre-Marie a déjà procédé à deux visites de ce lieu. Elle a notamment pris connaissance de l’état pitoyable des cuisines. «Li finn trouve kouman ek dan ki kondition pe donn zanfan manze», disent les employées. Du côté du ministère, l’on indique qu’on remédie à ces manquements.
Pour ce qui est de l’entretien de l’infrastructure, des débris présents dans l’enceinte de l’établissement souvent utilisés pour agresser le personnel – ont été retirés. «Inn met lakour prop, la peinture sera faite pour redonner vie au bâtiment, et les armoires saccagées par les résidents ont été remplacées. Les caméras ont effectivement été endommagées et il faudra attendre le budget pour trouver l’argent afin de mettre en place des structures qui protégeront les nouvelles caméras», avance le préposé du ministère. Qui plus est, l’aide des organisations non gouvernementales sera sollicitée prochainement afin de travailler ensemble pour trouver des activités pour ces enfants.
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