Publicité

Manière de voir

Le plastique, c’est du… plastic à retardement

8 décembre 2023, 11:01

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le plastique, c’est du… plastic à retardement

L’homme, les animaux, la Terre et les océans étouffent sous le plastique, devenu du… plastic (un explosif) à retardement. En 2018, on estimait que le monde en produit 359 000 000 000 kilos par an. Chaque année, l’homme pollue les mers avec sept à 12 millions de tonnes, cette énorme production ayant triplé entre 1970 et 1990. Seuls 10 % sont recyclés. Chaque seconde, l’homme jette en mer 100 tonnes de détritus composés essentiellement de produits en plastique. Saviez-vous qu’il existe même un septième continent au milieu de nos océans composé uniquement de déchets en plastique ?

Dangerosité

Il existe aussi, entre autres, une île dépendant de Trinidad constituée de plastique, qui, dispersé en mer est avalé par les poissons que nous consommons, mini-particules comprises. En outre, ce plastique n’est pas biodégradable et ne va donc pas se désintégrer en mer avant des centaines d’années. La majorité des pays rejettent 80 % de leurs produits en plastique dans les mers et les rivières. Par poisson interposé, ces particules se retrouvent dans notre sang et nos organes.

Chaque année, des milliers de tonnes de plastique se retrouvent dans nos mers provenant surtout de l’Asie – la Chine en tête –, de l’Amérique du Nord, du Japon et d’Europe en ordre décroissant. Rien que les Philippines en déversent 115 millions de tonnes. Ce plastique provient des emballages, des biens de consommation, des voitures, du textile, des appareils électroménagers, de la construction…

D’ici 2040, ce chiffre va passer à 37 millions de tonnes dans les océans, dont 27 % venant de la Chine suivie par l’Inde, le Pakistan, la Thaïlande et l’ensemble de l’Afrique. Ces chiffres hallucinants nous poussent à évoquer maintenant non plus de plastique mais de plastic, une bombe à retardement. C’est un désastre écologique d’autant que 80 % de ces déchets en plastique ne sont pas recyclés.

Une addiction mondiale

Le plastique est fabriqué à partir du pétrole. Pour un gramme de plastique, il faut compter un gramme de pétrole. Ce plastique est devenu une sorte d’addiction sur notre planète qui n’a pas pu s’en passer durant ces dernières décennies. Dans les pays riches, la production aura doublé en 2050 malgré sa nocivité pour l’être humain, la biodiversité, donc la nature et les océans. Les Nations unies ont fixé une réduction de cette production de 75 % d’ici 2040.

Encore un vœu pieu comme le réchauffement climatique qui ne devait pas dépasser les 1,5 °C d’ici 2030. Or, nous savons déjà que ce chiffre barrière sera largement dépassé si ce n’est pas déjà fait. La COP28 à Dubaï devait sévir pour ramener nos sociétés à la raison. Si les gouvernements ne réagissent pas de concert, nous filons tout droit vers plus de 3 °C en matière de réchauffement climatique. Plus qu’un tournant, une catastrophe à venir. Ils auraient dû prévoir des lois d’astreinte ou des programmes d’action. Comment l’homme retrouvera à l’avenir les fonds marins qui pourraient selon les experts nourrir la planète. Seuls 15 % ont vraiment été explorés et exploités.

Des solutions existent, mais elles semblent bien timides quand on les passe en revue. Voyez les trous d’ozone qui ne sont pas du tout en voie de guérison, mais les médias en parlent moins que le réchauffement. La solution serait d’imposer de lourdes taxes comme on devrait le faire pour les pays qui utilisent encore le charbon à combustion comme énergie pour leurs usines. Une énergie fossile très nocive.

Dès qu’on aborde la question de taxes, beaucoup de pays, et non des moindres, refusent d’en discuter et ne tolèrent aucune interdiction. En tête de ces pays, on retrouve les ÉtatsUnis, le Brésil, l’Inde, la Turquie… Quant à l’Europe, des règlements stricts sévissent par exemple vis-àvis des emballages. Autre solution qui semble avoir bien démarré : le recyclage de ces détritus en briques pour la construction. Il faudrait partout éliminer les emballages en plastique ou alors utiliser du plastique recyclable. Il en va de même pour les couverts en plastique à usage unique ou, pire, les bouteilles en plastique.

Dans certains pays, on a même retrouvé ces minuscules particules de plastique dans l’eau du robinet, voire dans les fruits et légumes. Ailleurs, comme en Australie, les autorités ont interdit les sacs en plastique. À Maurice également, ce plastique nocif a été remplacé par des sacs très fins, légers et biodégradables.

«Boutey retrouvé, boutey resiklé»

Il faut se réjouir que dans notre île des initiatives encourageantes voient le jour. C’est le cas de Yes No Solutions en collaboration avec de grandes compagnies utilisatrices de bouteilles en plastique. Cet organisme vient de lancer une grande campagne intitulée I am recyclable, avec le slogan Boutey retrouvé, boutey resiclé. Il veut généraliser la collecte des bouteilles en PET grâce au tri pour instaurer une économie circulaire qui consiste à recycler les bouteilles en plastique et à réintroduire sur le marché les produits issus du compostage.

À cet effet, des visites sous forme de road-shows seront effectuées dans diverses régions de l’île pour sensibiliser les citoyens à changer de comportement. Projet fort louable, mais qui ne se réalisera pas du jour au lendemain car il s’agit d’éduquer le citoyen pour qu’il trie ses déchets. Ce n’est pas gagné d’avance. L’obstacle principal reste notre indiscipline légendaire. Ce changement s’opère déjà, mais trop lentement. Le lundi matin, nous retrouvons encore sur certaines plages publiques les détritus de la veille, y compris des bouteilles en plastique.

Plus qu’une campagne, c’est une guerre qu’il faut mener en mobilisant les ministères concernés, tous les médias, sans oublier les élèves au niveau secondaire. C’est à ce prix que notre île contribuera elle aussi à ce projet civique. Combien jettent encore ces petites bouteilles en plastique par la portière sur nos routes. Ils ne réalisent pas les conséquences d’un tel geste au départ anodin.

Des catastrophes écologiques guettent déjà, les responsables du monde entier ayant trop tardé à réagir pour combattre ce qui menace la planète. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. La cause principale ne nous aura pas échappé. Le profit à tout prix dans l’immédiat ; il faut donc produire à outrance, quitte finalement à menacer la vie même de ceux qui naissent et grandissent aujourd’hui. Alors, gare à l’explosivité du… plastic.

Aret souflé poukni!