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Pension à 65 ans

Le Premier ministre justifie une réforme jugée inevitable

18 juin 2025, 08:00

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Le Premier ministre justifie une réforme jugée inevitable

Le PM a tenu à préciser que l’âge de la retraite reste fixé à 65 ans.

Le Premier ministre et ministre des Finances a défendu, hier, à l’Assemblée nationale, la réforme du système de pension de vieillesse, notamment l’alignement de l’âge d’éligibilité à la pension de base (BRP) sur l’âge légal de la retraite, fixé à 65 ans. Une mesure qui suscite de vives réactions, mais que le chef du gouvernement considère comme nécessaire.

Navin Ramgoolam estime que le système actuel de pension non-contributive, accessible dès 60 ans à tous, est devenu «fiscalement insoutenable et financièrement intenable». Selon lui, cette situation résulte de décisions précipitées de l’ancien gouvernement. «Même dans les pays développés, les pensions sont généralement versées à partir de 65 ans, souvent contributives et parfois soumises à des conditions de ressources», a-t-il rappelé. Le Premier ministre et ministre des Finances a appuyé son propos avec une série de données montrant l’évolution du coût de la BRP :

• En termes de Produit intérieur brut (PIB), la part des dépenses liées à la pension est passée de 1,9 % en 2010 à 7,8 % en 2024-2025.

• Sur le plan des dépenses récurrentes de l’État, cette part est passée de 9,6 % à 24,5 % pour la même période.

• En termes absolus, la BRP est passée de Rs 5,97 milliards en 2010 à Rs 55,4 milliards en 2024-2025. Elle pourrait atteindre Rs 100 milliards d’ici 2035.

Navin Ramgoolam a aussi évoqué l’évolution démographique comme un facteur aggravant. Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans est en augmentation constante (257 600 en 2024 et potentiellement 315 000 en 2038), alors que le taux de fécondité continue de baisser (1,34 enfant par femme en 2024). «Le ratio de travailleurs par retraité, qui était de 3,9 en 2015, est tombé à 2,7 et pourrait atteindre 2 en 2035», a-t-il alerté. La longévité en hausse constitue un autre défi : l’espérance de vie à 60 ans atteint près de 18 ans pour les hommes et plus de 21 ans pour les femmes. Ainsi, l’État doit financer des pensions non-contributives sur une durée plus longue.

Autre indicateur mis en avant : la BRP représente désormais une dépense supérieure à l’ensemble des investissements publics dans l’éducation, la santé et le logement réunis. Pour la financer, le gouvernement doit emprunter davantage, ce qui fait grimper la dette publique à un niveau jugé préoccupant: 90 % du PIB d’ici juin 2025. Il a mis en garde contre une possible dégradation de la note souveraine de Maurice si aucune mesure de redressement n’est prise. Cela pourrait avoir des répercussions sur les investissements, les coûts d’emprunt et la stabilité économique du pays.

Tout en reconnaissant que cette réforme est impopulaire, il a insisté sur le principe de justice entre générations. «Sans réforme, il ne restera plus de ressources financières pour les futurs retraités, même ceux âgés de plus de 65 ans», a-t-il déclaré. Pour accompagner les personnes les plus vulnérables, deux comités interministériels seront mis sur pied. Le premier examinera un soutien pour les personnes âgées de 60 à 65 ans dont la BRP constitue la principale source de revenu. Le second comité évaluera les aides possibles pour les personnes dans l’incapacité de travailler pour des raisons de santé.

Enfin, le Premier ministre a précisé que l’âge légal de la retraite n’a pas été modifié et reste fixé à 65 ans. Le changement concerne uniquement l’âge d’accès à la BRP, qui sera désormais aligné sur cet âge. Navin Ramgoolam a conclu en affirmant que cette réforme vise à garantir la pérennité du système de pension, dans un souci d’équité entre les générations présentes et futures.

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