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Industrie hippique
Le Premier ministre met les points sur les i
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Industrie hippique
Le Premier ministre met les points sur les i
Les mesures budgétaires pour l’année 2024-2025 ne concernent en rien l’industrie hippique. C’est une douche froide pour ceux qui espéraient y voir plus clair avant la saison suivante, surtout après la tournée médiatique de Jean-Michel Lee Shim confirmant le départ de People’s Turf PLC (PTP) en fin de saison et l’annonce du Mauritius Turf Club (MTC) en faveur d’une reprise de ses activités sous certaines conditions. Le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, dont la stratégie autour de l’industrie hippique demeure secrète ou peut-être pas encore définie, est personnellement intervenu sur le sujet au Parlement. La suite, du moins, si son parti l’emporte aux urnes, il nous dira clairement comment la voir !
Jamais l’incertitude n’a été aussi grande dans le domaine hippique. PTP l’a déjà confirmé : «Fer lekours-la zot mem!», exprimant ainsi un ras-le-bol face aux critiques incessantes de «certains». Et pour compliquer encore plus les choses pour PTP, le pouvoir en place semble avoir lâché la compagnie, dont l’actionnaire principal est Jean-Michel Lee Shim. Les contre-coups de la Côte-d’Or International Race course and Entertainment Complex Ltd (COIREC) ont été nombreux. La presse en a assez parlé. Le dernier coup dur en date est l’interdiction par la police de la diffusion en direct des matchs de football de l’Euro 2024 sur écrans géants.
Le MTC est resté avare en commentaires, du moins du côté de la hiérarchie officielle du club, présidée par Gavin Glover. Ce dernier, pragmatique, a déclaré vouloir opérer dans le respect des lois du pays. Cependant, une frange des membres du MTC, menée par l’ancien président Jean-Michel Giraud, souhaite «un retour des prérogatives du MTC». Bien que Glover soit le président du club et qu’il détienne les pouvoirs décisionnels, en conformité avec l’accord des membres en mode référendum pour les décisions cruciales, Giraud exercerait une influence auprès de plusieurs membres.
Le PM a souligné : «Il (NdlR, faisant référence à Giraud) voulait que son club privé continue d’opérer comme un État dans l’État, faisant du chantage son arme de prédilection…» Ainsi, il est clair que l’organisateur des courses à venir, sous le pouvoir actuel, ne récupérera pas les prérogatives perdues. La Horse Racing Division (HRD) aura les mêmes attributions en cas de victoire du parti soleil aux prochaines élections. «Le message que je veux faire passer aujourd’hui est que tout organisateur de courses, quel qu’il soit, devra respecter les lois et les institutions concernées, ainsi que les professionnels au service de ces institutions. Aucun écart ne sera toléré. L’État soutient déjà l’industrie hippique en y injectant près de Rs 100 millions annuellement», a-t-il exprimé.
Pravind Jugnauth a expliqué les raisons de la nouvelle configuration de l’activité hippique du pays : «La réforme, sous les recommandations de la commission d’enquête présidée par le Britannique Richard Parry, était impérative, tant la situation était déplorable. Un ancien président du MTC affirmait lui-même, en 2014, que plusieurs mafias opéraient dans le circuit hippique après neuf ans de règne du Parti travailliste.»
Une phrase a particulièrement interpellé : «Il y a eu des avancées depuis la réforme, mais je constate que certaines pratiques controversées persistent.» Faisait-il référence aux courses organisées par PTP ? «Les multiples mafias ont été neutralisées, mais elles résistent et continuent de nuire. Nous agissons en conséquence», a ajouté le chef du gouvernement. Aucune confirmation n’a pu être obtenue de l’exécutif, cela, sans surprise, mais tout semble indiquer que les courses actuelles sont visées.«Il parle bel et bien des courses courues sous PTP, où certaines forces occultes opèrent encore», indique-t-on dans le milieu.
Mis devant ses déclarations, un cadre de PTP a déclaré que sa compagnie n’est que «le gérant des lieux», celui qui «nettoie les toilettes et retire les ordures du Champ-de-Mars»*, reprenant ainsi le mantra de son gourou. Pour ce cadre, les commissaires de courses détiennent tous les pouvoirs : «C’est à eux de réagir en cas d’anomalie !» Bien que ces déclarations puissent convaincre certains, d’autres estiment que la tactique consistant à tout imputer à la HRD vise à «se dédouaner de crimes inavouables».
Pour revenir au MTC, le PM a ajouté : «Ni moi ni mon gouvernement n’avons jamais cherché à écarter le MTC de l’organisation des courses hippiques. Le MTC s’est exclu par ses propres agissements en 2022.» «En 2022, sa filiale, la MTC Sports & Leisure Ltd (MTCSL), avait finalement organisé les courses en collaboration avec le nouvel arrivé, PTP. Mais pour les saisons 2023 et 2024, bien que la porte soit restée ouverte jusqu’au dernier moment pour la MTCSL, puis la MTC Jockeys Club Ltd, ils ont choisi de s’exclure eux-mêmes», a-t-il souligné.
Pravind Jugnauth a ensuite exprimé son espoir que la nouvelle filiale du MTC soumette une demande à temps pour organiser les courses à l’avenir. Est-ce une main tendue vers le MTC ? Seuls les plus sceptiques pourraient y voir autre chose. Le chef du gouvernement pose toutefois des conditions pour le retour du MTC. Il se murmure que Pravind Jugnauth ne voudrait pas d’un unique organisateur de courses, surtout pas «une entité capable de chantage». S’achemine-t-on vers une ou deux entités organisatrices de courses la saison prochaine ? Seul le PM pourrait répondre avec certitude, mais certains observateurs suggèrent que le pouvoir pourrait être plus flexible avec un seul organisateur dont les dirigeants sont moins *«récalcitrants, réactionnaires et proches de l’opposition».
Cependant, un retour du MTC pose problème à plusieurs égards. Si la logistique et l’administration semblent être surmontables, les finances posent plus de difficultés ! Plus de Rs 250 millions de dettes, l’incapacité à vendre Floréal, et un manque de chevaux hors du contrôle de la Global Equestrian Ltd (GEL). «Kouma pou fer lekours koumsa?» À ce niveau, Jean-Michel Lee Shim a exprimé sa volonté d’aider le MTC. «Les chevaux de la GEL vont courir sous le MTC», assure-t-on parmi la garde rapprochée du milliardaire. Reste que certaines rumeurs font état d’un exode de Lee Shim et de ses chevaux vers Madagascar, où l’Autorité hippique pour les courses et l’élevage de chevaux de Madagascar serait ravie d’établir un partenariat.
Qu’en est-il des propriétaires à l’étranger ? Environ 100 chevaux sont actuellement en compétition en Afrique du Sud pour des Mauriciens. «Les ramener à Maurice coûterait environ Rs 65 millions en termes de fret.» «Viendront-ils d’abord courir ici pour une maigre récompense en termes de stakesmoney ?» Sans le soutien financier du gouvernement, le MTC ou toute autre compagnie ne bénéficiant pas de la manne financière personnelle d’individus comme Jean-Michel Lee Shim ne pourra sauver l’industrie de l’agonie.
L’heure est grave. «Il faudrait mettre les ego de côté et s’asseoir autour d’une table pour discuter», conseille-t-on. Cependant, tout semble pouvoir changer une fois les élections terminées. Le pouvoir en place fera alors ce qu’il faut pour assurer le maintien de l’activité hippique, que ce soit par un soutien financier sous forme d’emprunt au MTC, comme formulé par Xavier-Luc Duval, le leader du Parti mauricien socialdémocrate, ou en maintenant PTP, dont les actions de Jean-Michel Lee Shim seraient vendues à des tiers. L’avenir nous le dira…
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