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Jayen Chellum, secrétaire général de l’ACIM

«Le prix des œufs a surtout augmenté dans les petits commerces»

11 août 2024, 19:00

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«Le prix des œufs a surtout augmenté dans les petits commerces»

L’association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) se bat depuis deux mois contre une hausse importante du prix des œufs sur le marché local. À travers une série d’études approfondies et d’enquêtes sur plusieurs points de vente, elle met en lumière une hausse alarmante des prix dans les petits commerces, des œufs étant désormais vendus entre Rs 10 et Rs 14. Face à cette pénurie apparente, exacerbée par une distribution inégale et des dysfonctionnements dans le suivi des prix, le secrétaire général de l’ACIM appelle à une règlementation stricte pour protéger les consommateurs, surtout les plus vulnérables, et maintenir l’accès à cette source essentielle de protéines.

Quel a été le rôle de l’ACIM dans le suivi de la situation actuelle du marché des œufs ?

L’ACIM s’est engagée depuis deux mois dans une nouvelle bataille concernant les œufs sur le marché local. Nous avons mené des études approfondies, notamment des enquêtes sur 126 points de vente, et nous avons également interrogé des membres de l’ACIM pour mieux comprendre la situation. Ce travail de terrain nous a permis de constater une hausse importante du prix des œufs, certains étant vendus entre Rs 10 et Rs 14, ce qui est une augmentation préoccupante.

Quels sont les résultats concrets de ces études menées par l’ACIM ?

Nous avons effectué un total de 271 études qui révèlent que les prix ont surtout augmenté dans les petits commerces. Dans les supermarchés, il y a eu un moment en juillet où les œufs étaient tout simplement absents des rayons, un fait inédit même en période de fête comme l’Assomption. Cette pénurie a provoqué une panique chez les consommateurs, bien que nous n’ayons trou- vé aucune preuve d’une augmentation de la consommation des œufs par les ménages, contrairement à ce qu’a dit la ministre du Commerce au Parlement. Il y a eu tout simplement du panic-buying.

Selon vous, à quoi sont dues cette pénurie et la hausse du prix des œufs ?

Il est clair qu’il y a eu une pénurie créée artificiellement qui a stabilisé le marché à des prix plus élevés. Le prix des œufs a effectivement dépassé Rs 10, surtout dans les petits commerces. Le ministère a tenté de calmer les choses en demandant aux consommateurs de ne pas en acheter à plus de Rs 10, mais nos études montrent que cette recommandation n’a pas été suivie. La ministre du Commerce après des visites dans des commerces a trouvé qu’il n’y avait pas de pénurie et que le prix des œufs était bon. Elle a sûrement eu des mauvaises informations ou alors elle n’a visité que des hypermarchés où les prix sont plus ou moins contrôlés. En fait, le propre site du ministère, MOPRI, indiquait que 24 supermarchés étaient dépourvus d’œufs au moment même où la ministre affirmait le contraire.

Quelles actions l’ACIM a-t-elle entreprises pour répondre à cette situation ?

Nous avons rencontré le ministère le 17 juillet pour discuter de la situation, en particulier sur le stockage des denrées alimentaires, y compris les œufs. Nous avons soulevé plusieurs problématiques alimentaires et l’officier du ministère a reconnu la nécessité de faire baisser les prix. Malheureusement, un comité qui devait être mis en place pour résoudre ces problèmes, ne l’a pas encore été. De plus, nous avons organisé des visites de terrain, accompagnés de la presse, pour vérifier les prix dans diverses régions comme les faubourgs de Port-Louis, St-Pierre, Moka et Montagne-Ory. Nos constats sont alarmants : dans la plupart des petits commerces, le prix est de Rs 12 par œuf, sans affichage des prix, ce qui est illégal.

Quel est l’impact de cette situation sur les consommateurs, surtout les plus vulnérables ?

Les personnes à faible revenu sont les plus touchées. Pour eux, l’œuf est l’une des sources de protéines les moins chères. L’augmentation des prix a un impact direct sur leur alimentation, déjà affectée par la hausse des prix du lait, devenu presque inabordable. En parallèle, le prix des grains secs reste relativement stable, mais cela ne suffit pas pour compenser la hausse des autres denrées essentielles. Nous allons continuer à surveiller la situation de près car il faut prendre des mesures concrètes pour réguler le marché et protéger les consommateurs. Nous demandons également aux consommateurs de rester vigilants et de ne pas acheter des œufs à des prix excessifs.