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Interview de... D’Jal, humoriste
«Le Rassemblement National est passé en France, acceptez-moi chez vous»
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Interview de... D’Jal, humoriste
«Le Rassemblement National est passé en France, acceptez-moi chez vous»
Il avait conquis le cœur des Mauriciens lors de sa dernière venue à Maurice, le 6 mai 2022. D’Jal, humoriste célèbre, qui s’est fait connaître du grand public, notamment lors de son passage au Marrakech du Rire où il avait fait fureur avec son spectacle Le Portugais est de nouveau à Maurice, et cette fois pour un autre spectacle, samedi, au Trianon Convention Centre. Il est l’invité de Titanium Events dans le cadre du Weekend du Rire. C’est dans le superbe cadre de l’hôtel Anahita Golf & Spa Resort, à Beau-Champ, qu’il s’est gentiment livré à nous et à toute franchise.
Comment s’est passé le voyage pour ce grand retour chez nous ?
Il a été exceptionnel. Je suis tellement heureux d’être avec vous, c’est le top. Je suis avec l’express. Allez-y, épousez-moi (rires). Je veux rester ici. Je ne veux plus répartir. Le Rassemblement National (RN) est passé en France. Acceptez-moi. Je ne veux plus répartir.
Justement, quelle est la situation chez vous vu que vous en parlez ?
Comment vivez-vous ce moment qui marque un tournant pour la scène politique française ? Ça y est. Je pense que je ne vais plus repartir. Je vais trouver un passeport et travailler ici. Je vais changer de boulot. Ici, il fait beau, les gens sont heureux et peace, malgré la difficulté. J’ai envie d’être Mauricien.
Vous disiez quelque chose pendant notre petite séance photo. Vous disiez que Maurice, ça rend beau. Pourquoi ?
Oui, et pourtant je suis moche (rires). Le soleil et la joie de vivre… ça donne le sourire. Tout le monde est beau ici. C’est ça qui est incroyable.
Après le succès de votre dernier spectacle à Maurice, comment envisagez-vous ce retour chez nous ?
Encore plus fou, encore plus dingue. Ça va être incroyable. J’espère que les Mauriciens vont m’aimer et m’adopter. J’espère plaire aux Mauriciens et qu’ils me demandent de revenir. Je veux retourner dans l’île. Je veux les faire rire tellement fort qu’on les entende jusqu’à l’île de La Réunion. Il faut que vos voisins réunionnais se demandent ce qui se passe à Maurice. J’ai envie d’être adopté ici. C’est mon objectif.
Est-ce facile de travailler un spectacle pour faire rire le public mauricien, tout en sachant qu’on ne peut rire de tout ? Il y a toujours une certaine ligne rouge à ne pas franchir en sachant que chez nous, il y a différentes cultures et que nous sommes une île multiraciale…
J’avoue que ce n’est pas facile mais j’essaie de m’adapter. J’essaie de ne pas trop choquer les gens. Comme je le dis toujours, ce n’est pas aux Mauriciens de s’adapter à moi mais à moi de m’adapter à eux. Parfois, on essaie de prendre les humeurs, de voir ce qui se passe et de réaliser où se trouve la ligne rouge à ne pas dépasser. Voilà. C’est de l’humour toujours, dans le respect, avec humilité et amour. Je sais que beaucoup d’artistes viennent ici et ne font que jouer leurs partitions. Moi, je prends le temps d’écrire, de m’adapter et que les Mauriciens se disent : «Waow ! Comment il nous connaît ?» C’est cela ma marque de fabrique.
Donc faire rire la France et faire rire l’île Maurice, ce n’est pas du tout la même chose. Avez-vous l’impression de devoir vous censurer ici ?
Non, pas du tout. Ce n’est pas de la censure. Il y a des sujets dont il ne faut pas parler comme en France. Il y a des sujets sensibles. C’est pareil. Je ne cherche pas à choquer les gens mais je vais y aller. Je vais taper fort. La dernière fois, on m’a appelé «Ti Kok». Cette fois, je reviens en «Gros Coq» (rires).
On se souvient de votre dernier spectacle chez nous et des sujets que vous aviez abordés et qui ont fait mouche. Cette fois, quelles sont les choses que vous allez aborder ?
J’ai joué un peu partout. À Tahiti, aux États-Unis, par exemple, mais je dois dire que le public mauricien m’a beaucoup écrit. C’est incroyable. Je me suis rendu compte que les Mauriciens sont un public fier, ils sont fiers de leurs origines, de leur pays, de leur île. J’ai compris qu’il y avait une forme de fierté. Un Mauricien va me dire «hé, tu ne dois pas dire ceci ou cela mais tu m’as fait rire quand même».
J’adore ce côté très nerveux mais également très gentil des Mauriciens. Comme s’il y avait une grosse bagarre et qu’à la fin, tout le monde repart en se faisant un bisou. Ils sont tous cousins ici. C’est une petite île, tu ne peux pas te sauver, quoi. J’ai parlé de plein de sujets la dernière fois. Les gens se demandaient comment je le savais et comment j’ai fait. Je m’étais enfermé dans ma chambre, j’ai pris le temps d’écrire, de gratter, de trouver des informations.
Pas eu trop de problèmes à la douane avec les récentes blagues sur la police ?
Non (rires). Ils m’ont dit: «Hé toi là, c’était rigolo mais attention quand même.» Je déconne mais en vrai oui, tout le monde avait aimé. Ils ont pris du plaisir, ils me saluent. Je pense qu’il faut le prendre avec beaucoup d’humour. On a ri ensemble. C’est ça le rire, c’est secouer les gens, jamais dans la moquerie. Les Mauriciens sont très intérieurs. Si un Mauricien voit son voisin rigoler, il va rigoler, sinon c’est la pudeur. J’ai compris qu’il faut aller les décoincer, les faire rire mais qu’au final, le plus important c’est que tout le monde puisse passer un très bon moment. J’espère retourner la salle et que les gens viennent avec le cœur ouvert.
Et «Opération Portugal 2», votre dernière comédie, ça se passe bien ? Oui, on est en sold out même à La Réunion. On cartonne en streaming partout. Je suis un homme heureux, qui veut rendre les gens heureux avec cette actualité compliquée. J’ai vu qu’à Maurice aussi c’est compliqué avec l’inflation. J’ai vu à quel point je suis devenu riche. Je n’ai bu qu’avec 20 euros. Je peux même acheter un hôtel ici ! Avec 30 euros, j’achète la moitié de l’île (rires).
Plus sérieusement, je me dis que vous faites face à une inflation galopante et que ce n’est pas facile, mais malgré cela, vous souriez. C’est incroyable d’être une petite île, un tout petit confetti sur la Terre et d’être aussi reconnue partout. C’est votre âme les Mauriciens. Je salue les véhicules de tourisme à Maurice, les taxis marron comme vous les appelez, qui me prennent en voiture et qui me disent «zame dir sa koumsa. Ma femme beaucoup aimer vous» ! Vous devez vraiment être fiers de votre diaspora.
Au niveau du vocabulaire kreol, vous en êtes où ?
Ça va, je bosse dessus. J’ai l’impression que vous utilisez beaucoup le «z» ici. Zame, zoli, zozo. C’est open bar avec le «z». En plus, quand vous parlez vous chuchotez. Vous êtes beaucoup dans la pudeur. Par contre, quand vous dansez, vous prenez trop la piste de danse.
Un message aux fans mauriciens qui vont venir vous voir ?
Venez rire, venez en nombre et je vais mettre le feu. Même avec vos gato pima. Pourquoi tout est épicé ici, je ne comprends pas. (rires) À samedi.
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