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Questions à…Patrick Belcourt, Leader d’En Avant Moris
«Le système a déjà changé, mais en pire»
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Questions à…Patrick Belcourt, Leader d’En Avant Moris
«Le système a déjà changé, mais en pire»
Patrick Belcourt, Leader d’En Avant Moris.
Le MSM est aussi en alliance tient à souligner celui qui s’est rallié récemment au Reform Party. Patrick Belcourt se réjouit toutefois de la diversité des partis parce qu’elle permet de sortir de la logique d’une politique bipolaire qui a mené le pays aux folies du fanatisme.
Que pensez-vous de l’actualité politique avec une alliance Parti travailliste (PTr)-Mouvement militant mauricien (MMM)-Parti mauricien social-démocrate (PMSD) d’un côté, et de l’autre le Mouvement socialiste militant (MSM), l’alliance des extraparlementaires et Reform Party-En Avant Moris ? Sommes-nous vraiment en route pour un changement de système ?
Je trouve votre question très intéressante car elle permet de voir votre représentation de la scène politique locale. Je crains que vous ayez omis de considérer que le MSM est aussi en alliance. Initialement, avec le parti de M. Collendavelloo et plus récemment, avec celui de M. Ganoo et M. Obeegadoo. Je crois que cette précision est importante parce que le MSM joue sur cette perception qu’il serait «seul contre tous». Or, cette perception est fausse: le MSM est bien aussi en alliance et il trouve son soutien dans des apports qui lui viennent du MMM. Cela dit, depuis les élections de 2019, j’ai évoqué mon action en usant du terme «opposition extra-parlementaire» et j’ai fait part de mon souhait pour qu’il y ait une plus grande diversité politique à Maurice.
C’est une réalité désormais et je m’en réjouis parce que cela permet à notre société de sortir de cette logique d’une politique bipolaire qui a mené notre pays jusque dans les pires folies du fanatisme. La démocratie a été massacrée à l’Assemblée nationale, alors que le Parlement est censé être le temple de la démocratie. Vous avez un agent politique qui meurt brûlé dans un champ de canne, vous avez des fonctionnaires qui se suicident et il n’y a toujours pas de lumière faite sur ces décès tragiques. Voilà ce que j’appelle les folies du fanatisme.
Quand on me parle de changement de système, je viens dire que le système a déjà changé, mais en pire. Nous n’avons jamais connu cela avant. Donc, une opposition extraparlementaire et la diversité politique permettent à notre société de sortir de cet affrontement stérile entre deux blocs depuis des décennies.
Une réaction sur l’adhésion de Géraldine Geoffroy et est-ce qu’il y en aura d’autres de taille prochainement ?
Je lui adresse mes meilleurs vœux dans son engagement. Surtout pour elle qui vient de la presse. Je pense que sa manière de procéder est très élégante parce que je pense que c’est mieux de quitter ses fonctions que de se retrouver avec une investiture à la veille d’une élection, comme cela a été le cas auparavant. Je la félicite pour cela. J’espère que cette manière de faire va inspirer d’autres.
Certains disent que depuis l’alliance Reform Party-En avant Moris, on ne vous entend plus beaucoup. Que répondez-vous et quelles sont les prochaines activités de RP-EAM ?
Il ne tient qu’à vous ! Vous me sollicitez, je n’ai pas décliné. Mais, au-delà, la presse a fait part de mes vues sur les remarques de M. Bérenger concernant les élections au n°19 ; je viens d’accorder deux interviews à vos confrères. Vous trouvez que ce n’est pas assez ? Je ne pense pas que l’homme politique doit sauter sur tout ce qui bouge pour se faire voir sur la place publique ou dans les journaux. Je suis pour plus de modération dans les prises de parole et j’essaie de ne pas faire comme les anciens politiciens qui parlent pour ne rien dire.
«C’est ce qui fait que l’élite de notre jeunesse est en train de quitter le pays pour devenir des ‘réfugiés économiques’ ailleurs.»
En ce qui concerne nos activités avec notre partenaire, nous avons des activités sur le terrain et nous avons récemment présenté de nouvelles personnes qui accèdent à des postes de responsabilité au sein de nos formations respectives. Par ailleurs, nous avons eu une grande rencontre avec des jeunes le week-end dernier car nous considérons qu’il importe d’avoir une vraie politique de la jeunesse. Vous savez, nos jeunes sont confrontés aux enjeux d’une population vieillissante et cela aura un impact considérable sur l’économie de notre pays pour plus d’une décennie au moins. D’autre part, ils se retrouvent confrontés aux impacts du changement climatique et aux conséquences désastreuses d’une absence de vision politique depuis trente ans. C’est ce qui fait que l’élite de notre jeunesse est en train de quitter le pays pour devenir des «réfugiés économiques» ailleurs. C’est une vraie tragédie pour notre pays. L’île Maurice est en train de perdre son sang et sa plus belle vitalité.
Moi, ce sont des choses comme ça dont je veux parler. C’est cela le type de débat politique qui m’intéresse, surtout quand je sais que je n’ai pas réponse à tout et que je dois aller à la rencontre de ceux qui comprennent mieux de tels enjeux. Le temps des hommes politiques konn tou, c’est fini.
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