Au pied de la majestueuse montagne du Morne Brabant, patrimoine mondial de l’UNESCO, le musée à ciel ouvert du village reconstitué de Trou-Chenille, porteur d’histoire et de mémoire, sommeille. Les huit cases en bois et paille sont fermées à double tour. Chaque case est associée soit à la cuisine d’antan, soit à la musique traditionnelle avec des instruments d’époque, des jeux d’antan comme la marelle, ou à un métier d’antan comme le pêcheur, le tresseur de paniers ou encore le charbonnier, comme on peut le lire en français et en anglais sur le panneau explicatif à chaque entrée.

Quant au jardin de plantes médicinales, il est à l’agonie. Les prototypes grandeur nature réalisés par l’École des Beaux-Arts du Mahatma Gandhi Institute ayant autrefois animé ce lieu emblématique sont peu à peu tombés dans l’oubli, y compris le singe qui reste perché immobile sur une branche. Face à l’afflux de visiteurs locaux et étrangers qui viennent chaque jour escalader les pentes escarpées du Morne Brabant, séduits par l’histoire et la beauté de ce site patrimonial, il faudrait redonner vie à ce lieu symbolique, vibrant hommage au passé. Car, le lieu reconstitué – projet du Morne Heritage Trust Fund et inauguré en février 2020 pour marquer le 185e anniversaire de l’abolition de l’esclavage – avait pour objectif de préserver l’authenticité du site tout en honorant la mémoire des ancêtres qui y ont habité. Bientôt cinq ans après, il est grand temps de faire revivre ce lieu et de le transformer en une véritable vitrine de la mémoire et du patrimoine mauricien et ne pas attendre un 1er février, jour de l’abolition de l’esclavage, pour le tirer de son sommeil.

Trou-Chenille est l’un des premiers villages où des esclaves et leurs descendants ont vécu avant d’être relogés dans les années 1950 vers L’Embrasure et ses environs. La riche histoire de ce «berceau de la colonie dans la région sud-ouest» mérite d’être préservée et transmise aux générations futures.