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Leçons à retenir après les élections en GB

6 juillet 2024, 08:50

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Leçons à retenir après les élections en GB

Les qualificatifs n’ont pas manqué pour décrire la victoire massive des Travaillistes britanniques lors des élections générales du jeudi 4 juillet. On a parlé du phénomène Lazare pour décrire le come-back des Travaillistes, donnés pour morts et enterrés. Il est temps maintenant de faire des réflexions sur l’impact de ce changement de gouvernement à Londres sur les autres pays, Maurice y compris.

La plus grande leçon à retenir surtout à Maurice, c’est l’aspect pervers de ce qu’on appelle le first-past-the-post system (FPTP), une pratique électorale que nous partageons avec la Grande-Bretagne (GB), l’Inde et plusieurs autres pays façonnés par la culture de Westminster. Ainsi, bien que n’ayant recueilli que 34 % des votes, les Travaillistes ont capturé 412 sièges, soit 65 % du total des 650 sièges. On peut comprendre à partir de cette leçon britannique comment le FPTP a permis au MSM avec ses alliés croupions de gagner les élections de 2019 avec 37 % des voix.

Toujours pour démontrer l’iniquité du FPTP, le parti Reform a enlevé quatre sièges avec 14 % des voix, soit 0,6 % du total des sièges. Les Conservateurs avec 24 % des votes ont remporté pas moins de 120 sièges, soit 18 % du total. Autre grande leçon pour Maurice, toujours sur ce que nous avons en commun avec les Britanniques sur notre système électoral, c’est comment les petits partis ou des formations émergentes peuvent fausser le verdict de la population. Ainsi, la présence bruyante du parti Reform a désarticulé l’électorat rationnellement conservateur, en divisant les votes du segment de la population qui vote traditionnellement pour le parti conservateur. Dans l’édition de 2024, cette division de l’électorat de droite a fait le bonheur des Travaillistes au niveau du FPTP.

À Maurice aussi, une version locale du phénomène Reform ou parti liberal-démocrate des Anglais pourrait grandement aider le MSM à rester au pouvoir. Les nouveaux partis et groupuscules animés par les BhadainBodha-Valayden pourraient hypothétiquement permettre au MSM de battre l’alliance PTr-MMM.

Toujours en fonction des intérêts de Maurice, le contentieux entre Port-Louis et Londres autour de l’archipel des Chagos pourrait-il connaître un autre cheminement sous le règne des Travaillistes britanniques ? Le futur Premier ministre, sir Keir Starmer, serait très engagé au niveau de la défense des droits humains. Puisque les Chagos concernent aussi les Américains, reste à savoir comment les Travaillistes britanniques vont gérer les relations plus que privilégiées que les deux grandes puissances anglo-saxonnes maintiennent depuis plus de 75 ans. Que va-t-il changer dans les relations entre un gouvernement travailliste à Londres et une future administration Trump à Washington ? Sur le plan purement économique, les décideurs mauriciens devront déjà se pencher sur l’impact qu’aurait un éventuel retour de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne et cela, sur les relations économiques et financières entre Port-Louis et Londres.

Toujours suivant les élections britanniques, les Mauriciens ne pourraient ne pas s’intéresser au bain de sang qui se produira sous peu chez les Conservateurs. Dans cette guerre, une «demi-Mauricienne» en la personne de la battante députée conservatrice nouvellement élue Suella Braverman se distinguera sans doute. La députée tentera de prendre le leadership du parti conservateur, selon les observateurs britanniques. Suella Braverman est la fille d’une Mauricienne, Uma Mootien-Pillay, venant d’une famille très connue de Port-Louis. Elle est aussi la nièce de Mahen Kundasamy, haut-commissaire de Maurice à Londres de 2005 à 2015 sous le gouvernement de Navin Ramgoolam.