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Sherry Singh vs Mauritius Telecom
Les affaires de «sniffing», cuivre et autres refont surface
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Sherry Singh vs Mauritius Telecom
Les affaires de «sniffing», cuivre et autres refont surface
MT poursuit Sherry Singh au civil et lui réclame des dommages pour les mêmes délits criminels dont il est accusé mais qui n’ont pas abouti jusqu’ici.
La réclamation par Mauritius Telecom (MT), au civil, de dommages à Sherry Singh après l’échec des dépôts de plainte au pénal contre ce dernier, si elle paraît conforter MT et certains dans «Lakwizinn», est l’occasion pour la population d’en savoir un peu plus sur le «sniffgate» et l’affaire de cuivre.
Le déluge de Prime Minister’s Question Times (PMQT) sur l’affaire sniffing adressées les 19 et 26 juillet 2022 par Patrick Assirvaden, Mahend Gungapersad, Osman Mahomed et Shakeel Mohamed n’avaient pas été répondues car la première PMQT, celle du backbencher de l’époque Kenny Dhunoo, avait pris tout le temps consacré aux PMQT. Trois mois après, les «réponses» écrites étaient publiées mais disaient toutes presque la même chose: la sécurité nationale interdisait au Premier ministre (PM) de répondre. Ou alors, que le PM n’était pas au courant des affaires internes de MT. Saisissant le prétexte qu’offrait le statut de MT comme une compagnie indépendante du pouvoir, Pravind Jugnauth ira même jusqu’à dire (texto): «I am informed by the Mauritius Telecom that, as at date, Government is not in presence of any representations from Orange SA.» Cela, à la question d’Osman Mahomed.
Répondant à la plainte en réclamation de Sherry Singh de Rs 8,6 millions représentant ses salaires et autres bonis impayés, MT contre-attaque le 30 mai 2024 en affirmant que si la cour donne raison à Sherry Singh, l’indemnisation devra être déduite d’une contre-réclamation que MT dépose contre lui pour… Rs 525 millions ! Et quel est ce «counterclaim » ? En gros, MT poursuit maintenant Sherry Singh au civil et lui réclame des dommages pour les mêmes délits criminels dont la police ou d’autres entités avaient accusé Sherry Singh mais qui n’ont pas abouti jusqu’ici.
Données effacées
Ces délits, désormais traités comme fautes civiles de l’ex-Chief Executive Officer (CEO) de MT, concernent premièrement les données effacées par celui-ci ou sous ses instructions de son ordinateur ou ailleurs juste avant son départ de MT, données relatives à lui personnellement comme CEO. MT considère que la destruction de ces données peut donner l’impression que MT a été impliquée à travers son CEO dans des pratiques de corruption ou illégales et cela a affecté l’image de MT. C’est MT elle-même qui a fait tout un boucan sur cette affaire de données effacées. Dommages subis par MT: Rs 5 millions.
«Sniffing»
Mais le principal reproche fait à Sherry Singh est l’interview qu’il a accordée le lendemain de sa démission à Nawaz Noorbux, de Radio Plus. MT se plaint que par ces révélations, allégations et autres déclarations ont été répercutées dans tout le pays à l’Assemblée nationale et même à l’international, l’ex-CEO aurait violé son devoir de réserve qui aurait subsisté même après sa démission. Dans cette interview, dit MT, Sherry Singh a parlé des conversations qu’il avait eues avec des «third parties» (présumément les Indiens «sniffeurs» et le PM), conversations relatives aux affaires internes de MT et que même si ce qu’il a dit est vrai ou faux, il n’en avait pas parlé au board de MT au préalable. Parmi les conversations avec les «third parties», il était question de ralentir la vitesse d’Internet, de recrutements chez MT et bien sûr de l’affaire sniffing. La plainte ne cite pas les Indiens mais se réfère à eux comme des «third parties».
MT parle aussi des interviews données par son ex-CEO à l’express, lui reprochant notamment d’avoir divulgué le nom des employés présents lors du survey à Baie-du-Jacotet. Aussi d’avoir fait des allégations que MT aurait permis à des «third parties» d’accéder au et de surveiller le trafic Internet, afin d’enregistrer certaines données, et que ce faisant, MT aurait mis en danger notre sécurité nationale notamment lorsqu’il a divulgué des images de Baie-du-Jacotet. «Par ses agissements, Sherry Singh a sapé la confiance du public en MT et a sali son image.» Rs 5 millions sont réclamées comme dommages.
L’affaire cuivre
Dans la même plainte, MT nous renseigne un peu plus sur ce qu’elle reproche réellement à son ex-CEO dans l’affaire cuivre. Ainsi, l’on apprend que Tradeway International Ltd (TIL) avait obtenu en 2019 un contrat de MT pour l’achat de cuivre pour Rs 81 000 la tonne. Lorsque TIL a demandé en 2020 une réduction de prix en raison du plongeon des prix sur le marché mondial dû au Covid, il est reproché à Sherry Singh d’avoir pris sur lui pour convoquer le 30 juin 2020 quatre responsables de MT pour décider s’il fallait approuver la demande de TIL. Le prix a finalement été fixé à Rs 76 000 la tonne. Mais en même temps, il lui est reproché de n’avoir pas reconvoqué ces mêmes quatre responsables six mois plus tard quand les prix ont repris l’ascenseur sur le marché mondial. MT allègue que cela lui a fait perdre Rs 11 387 515, qu’elle réclame à Sherry Singh.
Transport des employés
MT reproche à Sherry Singh de ne pas avoir mis fin aux services de transport fournis par Teelucksingh Associates Ltd lorsque le manager de la filiale du Call Centre de MT l’a informé des pots-de-vin que le transporteur aurait offerts à un certain Bhugoo et à un certain Govinda. Cela, alors que Sherry Singh a bien ordonné de mettre fin au contrat de ces deux derniers employés de MT. Rs 422 126 sont réclamées à Sherry Singh comme dommages.
Set Top Box Project
Cette partie de la plainte n’est pas très claire. Mais l’essentiel que l’on peut retenir c’est qu’une commande de 340 000 Set Top Box (STB) avait été placée en 2018 auprès de Huawei à $ 85/ pièce et qu’ensuite – ni la date, ni aucun détail n’est mentionné – Huawei aurait informé MT que ces STB auraient pu être fournies à un prix entre $ 50 et $ 60. Bien que le board de MT ait approuvé ces commandes à $ 85/ pièce, MT accuse Sherry Singh d’avoir induit le board en erreur. Perte sèche pour MT et réclamée à Sherry Singh: $ 10 900 000 (Rs 545 millions). Dhanesh Ellayah, qui agissait comme intermédiaire dans cette transaction, vient de voir la charge rayée contre lui dans la même affaire. Idem pour TIL dans l’affaire de cuivre.
Les réponses de MT aux «demands of particulars» que Sherry Singh déposera, à n’en pas douter, apporteront encore plus d’éclairage sur les affaires cuivre, STB et sniffing.
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