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Flotte en difficulté
Les ambitieuses expansions d’Air Mauritius ont du plomb dans l’aile
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Flotte en difficulté
Les ambitieuses expansions d’Air Mauritius ont du plomb dans l’aile
En l’espace de seulement trois jours, depuis dimanche, la compagnie a dû reprogrammer ou reporter pas moins d’une quinzaine de vols. Une situation qui soulève des inquiétudes tant sur le plan de la gestion opérationnelle que sur celui de la sécurité des passagers.
Les annulations et reports en série chez Air Mauritius (MK) sont principalement attribués à des pannes techniques récurrentes. L’état de la flotte suscite des interrogations, d’autant plus que la compagnie s’apprête à lancer une nouvelle desserte vers Chennai à partir du 13 avril, en dépit d’un nombre d’appareils jugé insuffisant pour couvrir les destinations existantes. La décision d’ajouter Rome à son réseau dès novembre, avec la mise en vente de billets depuis le début du mois à tarif promotionnel, ajoute à la perplexité sur la gestion des opérations de MK.
Des questions subsistent quant à la capacité de la compagnie à soutenir ses ambitions expansionnistes avec une flotte déjà mise à rude épreuve par des problèmes techniques récurrents. Alors que la compagnie ne prévoit pas d’acquérir de nouveaux appareils avant 2025 ou 2026, la situation actuelle de sa flotte existante, caractérisée par des avions régulièrement immobilisés au sol pour des raisons techniques, apparaît préoccupante. L’immobilisation prolongée d’un gros-porteur à Mumbai depuis le 27 février illustre parfaitement les défis auxquels MK est confrontée. Cet appareil, clé dans les opérations long-courriers de la compagnie, devrait reprendre du service «dans les jours à venir», selon les communications officielles de la compagnie.
Pour les employés qui éprouvent déjà des difficultés à gérer les passagers, l’expansion du réseau tout en gérant une flotte limitée et vieillissante pourrait se traduire par une autre expérience client impactée. «Les retards, annulations et autres désagréments pourraient devenir plus fréquents si la compagnie ne parvient pas à assurer une gestion optimale de ses ressources aériennes», disent-ils. Avec les retards récurrents et les annulations à la dernière minute, de nombreux passagers continuent à exprimer leur frustration et leur inquiétude face à l’incertitude planant sur leurs plans de voyage. Malgré les assurances de MK, la réalité quotidienne est tout autre, avec des vols régulièrement reprogrammés ou reportés sans une communication préalable efficace.
Site web pas mis à jour
MK recommande de consulter son site web pour les mises à jour, mais beaucoup rapportent que les informations en ligne ne reflètent pas toujours l’état réel des opérations, conduisant à des situations où les voyageurs, déjà à l’aéroport, découvrent des changements de dernière minute. «Sur le site web de MK, les horaires des vols sont toujours inchangés. Le site web n’est pas mis à jour régulièrement. À quoi cela sert-il de demander aux passagers de vérifier leur vol avant», souligne un passager qui devait partir pour Londres dimanche soir. Ce n’est qu’une fois arrivé à l’aéroport qu’il a été informé d’un retard d’une heure sans aucune explication. «Après des heures d’attente, le vol n’a pas décollé car les techniciens n’ont pas pu résoudre le problème. Donc il faudra attendre une nouvelle date. C’est devenu inquiétant de voyager avec MK.»
À noter que c’est l’appareil loué en wet lease avec la compagnie Hi Fly qui assure les vols pour Gatwick, jusqu’au 15 avril. En dépit de cette location à court terme, MK n’arrive toujours pas à gérer les problèmes opérationnels pour cette destination. Le constat est amer pour les clients de MK : la compagnie semble avoir atteint un point où la communication avec les passagers, notamment pour justifier les retards ou les reprogrammations, est quasi inexistante. Les informations fournies sont parcellaires, voire absentes, laissant les voyageurs dans l’incertitude la plus totale.
Des questions de sécurité inquiétantes
Au-delà des désagréments logistiques, c’est la question de la sécurité des vols qui préoccupe grandement ces jours-ci. Des témoignages rapportent que certains appareils, en proie à des défaillances techniques, ne devraient même pas être autorisés à décoller. L’aveu d’un officiel de la South African Airways lundi à la suite de l’annulation d’un vol de Johannesburg, mentionnant qu’un avion n’opérait qu’à 40 % de sa capacité lors de ce vol récent, souligne la gravité de la situation. Ces révélations jettent une ombre sur les standards de sécurité pratiqués et la décision de maintenir en service des avions manifestement inaptes au vol. Cette situation soulève également des questions sur les procédures de contrôle et de maintenance.
Chez MK, le constat que des problèmes techniques majeurs sont parfois détectés seulement une heure avant le vol est particulièrement préoccupant. Cela, estiment des passagers, pourrait suggérer des lacunes dans les inspections régulières et le suivi de l’état des appareils, essentiels pour garantir la sécurité des passagers. Le fait que des avions présentent des problèmes techniques significatifs peu de temps avant le décollage souligne un possible manque de ressources, de formation ou de procédures adéquates au sein des équipes de maintenance.
Face à cette cascade de problèmes, la communication de MK est attendue. Les explications de la compagnie sont cruciales pour clarifier les mesures prises pour garantir la sécurité des vols et l’intégrité de sa flotte. À ce jour, les réponses du responsable de communication, sollicité lundi, se font toujours attendre.
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