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Manière de voir

Les axes stratégiques de la campagne électorale du MSM

13 avril 2024, 10:00

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Deux facteurs inédits feront les Mauriciens vivre en 2024 une campagne électorale qui se démarquerait de toutes les batailles politiques que le pays ait connues jusqu’ici.

Tout d’abord, il est plus qu’évident que les contraintes juridiques ne façonnent plus le comportement des partis politiques disposant de ressources astronomiques, surtout de l’Etat. Cela était visible aux élections de 2019. Cette inhibition à ne pas dépasser les conventions établies a été largement diluée dans le nouvel environnement judiciaire prévalant dans le pays de même qu’en Grande-Bretagne où est abritée notre dernière instance d’arbitrage.

L’autre facteur innovant, c’est le rôle bouleversant des technologies de la communication dans une campagne électorale. Cela était visible en 2014 et évidemment en 2019. Dans le contexte de 2024, avec l’avènement de l’intelligence artificielle, tout est possible. Par exemple, on vient de publier une photo truquée montrant Xavier Duval en compagnie de Jean Michel Lee Shim. On ne sait pas encore quelles vidéos montrant Navin Ramgoolam ou Paul Bérenger dans des situations compromettantes nous attendent dans les jours et semaines à venir. Les Mauriciens sont promis à un spectacle grandiose.

Incontestablement, les feux d’artifice viendraient du MSM. De tous les partis politiques du pays, le MSM, depuis 2014, a fait preuve d’une efficacité foudroyante lors des élections. Même comme un parti d’opposition, le MSM s’était démontré le plus efficace. En 2019, avec le support actif et décisif de l’appareil d’Etat, le MSM a prouvé qu’il pourrait l’emporter avec un tiers des votes. En 2024, le MSM est encore plus redoutable avec l’apport de nouvelles armes et munitions.

Au niveau de promesses électorales, sans se soucier du Privy Council à Londres, le MSM reste largement imbattable. Les ressources ne lui manquent pas. Les possibilités d’emploi dans le gouvernement central, les corps paraétatiques et les compagnies d’Etat constituent une arme redoutable. «Pena traka, PSC pe process la», dira-t-on à chaque famille dont un membre a voulu devenir policier, ‘professeur’, support staff ou tout simplement caretaker.

L’objectif avec les promesses, c’est de se faire élire. Même si on disparaît par la suite dans des ‘missions’ à l’étranger.

Les promesses sont aussi pour les patentes de taxi et d’autobus individuels. Aussi, des permis pour différents types de bateau. Les taxis dans la proximité de l’aéroport de Plaisance et des grands hôtels du pays de même que des permis pour bateau sont capables de ‘virer’ tout un clan familial.

Des promesses sont aussi faites par rapport à l’octroi de maisons à des moins fortunés. On crée une ambiance de livraison éventuelle à partir d’une cérémonie de pose de la première pierre. N’avait-on pas promis la construction de pas moins de 20 000 maisons ? Récemment encore, le gouvernement a annoncé la livraison de 200 maisons vers octobre 2024. La quête d’un logement reste une préoccupation tellement douloureuse que les Mauriciens sont disposés à tout ‘gober’ de la part du gouvernement.

Des promesses de terres du Sugar Investment Trust (SIT) à d’éventuels planteurs restent aussi une arme foudroyante.

Bien sûr, les promesses de pension et d’allocations diverses placent le MSM dans une position imprenable. De même que de grands projets infrastructurels – eau, routes, drains, stades… Déjà, en 2019, Nando Bodha avait promis le ‘rail-gari’, bhojpuri pour train, à tous les villages. En 2024, le MSM jouera encore la carte du ‘métro’.

Sur un autre plan, on assistera à la mobilisation des ‘socioculturels’. Ces groupes sont appelés à travailler des groupes, des castes et des sous-castes. Dans ce secteur toutefois, on pourrait rencontrer des difficultés. S’il devient évident pour les responsables des socioculturels que le parti au pouvoir serait battu, on assisterait à une opération de karapat sanz lisien.

La mobilisation des fonctionnaires et des policiers choisis pour le jour du scrutin et le lendemain lors du dépouillement des votes reste une arme redoutable aux mains d’un parti au pouvoir. Les fonctionnaires et les policiers sont choisis suivant un exercice de sélection qui tient compte de leur loyauté partisane et de leur crainte d’un changement de gouvernement qui pourrait compromettre leurs privilèges. Ce facteur a été crucial lors des élections de 2019.

Maintenant si on vient sur la préparation du parti au pouvoir en termes de candidats, le MSM a prouvé en 2019 qu’il est capable de jeter dans la poubelle tout ministre/député qui s’est avéré controversable, impopulaire ou perçu comme étant corrompu. Une fois le Parlement dissous, plusieurs ministres et députés seraient impitoyablement guillotinés pour faire de la place à de novelles vedettes.

Sur le plan de l’offensive électorale contre ses adversaires, il est plus que certain que le MSM ciblerait particulièrement Navin Ramgoolam. Cela, pour atteindre un double objectif. Tout d’abord, le MSM chercherait à décrédibiliser autant que possible Navin Ramgoolam dans les circonscriptions nºs 4 à 15, dans ce qui est décrit comme le Hindi-belt.

Tout le monde s’accorde à dire que le seul adversaire politique de PKJ ne serait nul autre que le leader du Parti travailliste. Le MSM s’évertuera à montrer Navin Ramgoolam comme étant l’otage de Paul Bérenger, Xavier Duval et Shakeel Mohamed. Face à lui, un leader incontestable. Pas difficile de décoder le message destiné aux régions rurales.

Ensuite, se livrer à une intense et vilaine campagne de dénigrement personnel contre Navin Ramgoolam et cela pour créer de l’embarras à son égard dans les clientèles du MMM et du PMSD.

La MBC qui, étrangement n’a pas été challenged en cour par l’opposition depuis 2014, ne manquerait pas, sous la direction du machiavélique Anooj Ramsurrun, de produire chaque jour des images, des sons, des messages directs ou codés, pour prouver aux Mauriciens que Dieu leur a fait un cadeau en la personne de Pravind Kumar Jugnauth. Des ‘intellectuels’ et des ‘observateurs politiques’ pourraient toujours protester contre la grossière mainmise de la MBC mais combien de savants fabriqués dans des universités européennes devrait-on réunir pour contrer un Somduth Dulthumun ?

Le MSM chercherait à remporter la bataille de 2024 à tout prix car cela lui ouvrerait la voie à une nouvelle victoire en 2029. Ce qui fait qu’en 2034, PKJ serait toujours le Premier ministre et le seigneur incontestable de l’île Maurice de l’océan Indien.