Publicité
Pourparlers sur la souveraineté des Chagos
Les Britanniques réitèrent leur engagement… sans promesses
Par
Partager cet article
Pourparlers sur la souveraineté des Chagos
Les Britanniques réitèrent leur engagement… sans promesses
Les Travaillistes au pouvoir au Royaume-Uni ont promis à Pravind Jugnauth que les pourparlers sur la souveraineté des Chagos se poursuivraient, mais rien de concret n’en est encore sorti. Selon les quotidiens britanniques Daily Telegraph et Daily Express du 31 août, les Britanniques seraient prêts à rendre la souveraineté des Chagos à Maurice. Mais qu’en est-il réellement ? La baronne Jenny Chapman, nouvelle sous-secrétaire d’État britannique au bureau des Affaires étrangères pour le Commonwealth et le développement, a confirmé avoir rencontré, ainsi que le Premier ministre (PM) britannique, Keir Starmer, Pravind Jugnauth le 23 juillet pour discuter des Chagos. Cependant, aucune avancée concrète n’a été rapportée.
En réponse à une question de lord Kempsell, la baronne a précisé que le gouvernement britannique s’engageait simplement à poursuivre les négociations avec Maurice sur la question de la souveraineté des Chagos. Elle a même ajouté qu’il était encore trop tôt pour «to speculate on timelines or conclusions», tout en soulignant diplomatiquement que la priorité du gouvernement britannique était de résoudre ce «long-standing and important issue», en veillant également à la «secure and effective operation of the joint UK-US military base on Diego Garcia».
Que devons-nous comprendre de cette réponse de Jenny Chapman ? Y a-t-il eu un changement par rapport à la position du précédent gouvernement conservateur ? À première vue, non, puisque le nouveau gouvernement travailliste n’a promis que la continuation des négociations. Négocierait-on sur la souveraineté mauricienne, reconnue par la Cour internationale de justice en 2019 ? Comme pour les affaires juridiques, une négociation vise à trouver un terrain d’entente, soit pour partager la souveraineté, soit pour monnayer la partie du bien restant en possession de la partie perdante.
Dans le cas des Chagos, il est à noter que le gouvernement mauricien avait déjà affirmé qu’il ne remettait plus en question la présence de la base militaire à Diego Garcia. Il avait également été question d’un one-time payment de loyer de deux milliards de livres sterling (Rs 122 milliards !) par le gouvernement britannique à Maurice, ce qui constituerait une vraie manne pour Maurice et ses déficits chroniques. Or, le gouvernement conservateur avait rejeté cet arrangement «Cyprus-Style» en arguant que Maurice était trop proche de la Chine. Cette justification avait suscité des rires, car le gouvernement mauricien avait donné Agaléga aux Indiens, qui, avec les Américains, Australiens et Japonais, surveillent précisément les activités chinoises dans l’océan Indien.
En revanche, ce qui aura changé avec l’arrivée des Travaillistes au pouvoir britannique est leur attitude envers les Chinois. C’est le même Daily Telegraph qui le rapportait le 17 août. Il est une chose de ne plus considérer la Chine comme un État hostile à la Grande-Bretagne – ce n’est pas le cas pour Maurice –, mais il est différent d’accepter de verser deux milliards de livres sterling à notre pays. En tout cas, il faudra attendre que les discussions aboutissent pour savoir si le bail «Cyprus-Style» sera accordé ou non.
Pour rappel, Pravind Jugnauth n’avait fait aucune déclaration officielle à son retour de Londres fin juillet. Le communiqué du Conseil des ministres du 2 août se contentait de préciser que les «discussions between the Prime Minister and his UK counterpart focused, inter alia, on the negotiations between Mauritius and the UK on the exercise of sovereignty over the Chagos Archipelago. During the visit, meetings were also held with the external lawyers of Mauritius on the Chagos Archipelago issue». Quant aux légistes rencontrés par le PM, on n’en sait pas plus.
L’opposition, elle aussi, n’a pas interrogé Pravind Jugnauth sur ce qu’il avait pu obtenir des Britanniques. On se souvient que lorsqu’Arianne Navarre-Marie avait demandé au PM en octobre 2023 s’il ne se laissait pas mener en bateau par les conservateurs britanniques, celui-ci avait pris la mouche et avait même insulté la députée du MMM. Et le nouveau gouvernement travailliste britannique nous mène-t-il également en bateau ?
Publicité
Les plus récents