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Manque de main-d’œuvre

Les cannes encore en souffrance en fin d’année

10 octobre 2023, 21:03

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Les cannes encore en souffrance en fin d’année

Les établissements sucriers ne sont pas affectés en période d’entre-coupe par la main-d’œuvre au même titre que les petits planteurs.

Alors que la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) a soumis un rapport au ministère de l’Agro-industrie, depuis plus d’un mois, pour le recrutement de la main-d’œuvre étrangère dans le domaine agricole, plus particulièrement pour la récolte sucrière, le problème dans ce secteur devient de plus en plus aigu. Résultat : il y a de gros risques qu’en cette fin d’année, davantage de tonnes de cannes ne soient pas acheminées vers les sucriers. Pour rappel, l’année dernière, 29 275 tonnes de cannes étaient restées dans les champs, représentant un manque à gagner de Rs 61,5 millions.

Pourtant, tout laissait croire que ce problème de main-d’œuvre allait être résolu rapidement, d’autant plus que la MCIA avait pour tâche d’animer des réunions avec tous ceux concernés par le problème, petits et gros planteurs, syndicats, contractuels qui recrutent de la maind’œuvre et des représentants des différents ministères, notamment de la Santé, du Travail et même du bureau des Passeports et de l’Immigration. Il y a eu une dizaine de réunions organisées entre le début du mois d’août et la première semaine de septembre sous la présidence de Rajnarain Gutteea et de Kumari Cahoolessur, membres de la Policy and Planning Policy Unit de la MCIA.

Bien qu’un rapport ait été soumis au ministère de l’Agro-industrie avant le 15 septembre, un porte-parole du ministère, interrogé, nous a indiqué qu’aucune décision n’a été prise et que le ministre Vikram Hurdoyal compte mettre les bouchées doubles pour trouver une solution. Une loi doit être votée au Parlement pour l’importation de la main-d’œuvre étrangère. La question d’un Agricultural Import of Foreign Labour Bill est en préparation au ministère de l’Agro-industrie. Mais point d’éclairage là-dessus.

Shrudanand Sheoraj, secrétaire de la coopérative de CampThorel, soutient que la situation est alarmante. «Les petits planteurs ont à faire face à un gros problème de manque de main-d’œuvre. J’ai apprécié que la MCIA ait pris les choses en main et quand j’étais présent à une des réunions, j’avais proposé qu’il y ait un Regulatority Body qui englobe les contractuels. Ainsi, quand des planteurs doivent faire face à un problème de main-d’œuvre, ils se tournent vers cette institution qui demandera aux contractuels de mettre des travailleurs à leur disposition.» Néanmoins, en cette période, il regrette qu’aucune décision n’ait été prise.

Salil Roy, président de la Planters’ Reform Association, soutient qu’au train où vont les choses, il ne serait pas étonné qu’encore plus de cannes restent dans les champs cette année. «Cela fait des années que je tire la sonnette d’alarme sur ce problème mais, jusqu’ici, il n’y a aucune lueur d’espoir. En sus de cela, un autre problème s’ajoute en cette période de début de sécheresse, c’est celui de l’augmentation du prix du diesel. Ainsi, alors qu’on a à faire face au problème des travailleurs, voilà qu’on reçoit un autre coup de massue. Je me demande si cette politique de remboursement du coût du diesel ne serait pas un autre fardeau pour les planteurs.»

Lors des réunions, les établissements sucriers ont fait ressortir que la main-d’œuvre ne les affecte pas trop, comme c’est le cas pour les petits planteurs car même en période d’entre-coupe, ces employés travaillent toujours chez eux. La seule difficulté c’est qu’il devient de plus en plus difficile de retenir des travailleurs d’expérience.

Du côté des contractuels, c’est justement l’entre-coupe qui pose problème. «Que faire de ces travailleurs pendant la période de l’entre-coupe s’ils ne sont pas sûrs de trouver un emploi ?» s’est demandé l’un d’entre eux. D’autant plus que selon lui, il faut de gros investissements, surtout du côté des infrastructures, pour la main-d’œuvre étrangère. Il y a eu un cas quand un contractuel a dépensé gros pour faire venir huit travailleurs et quatre d’entre eux se sont enfuis pour aller travailler chez un autre. «J’espère que les autorités tiendront tout cela en compte quand elles vont préparer une législation.»