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Pouvoir d’achat en berne

Les consommateurs se replient, l’activité commerciale ralentit

23 juillet 2025, 15:30

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Les consommateurs se replient, l’activité commerciale ralentit

L’indice de confiance des consommateurs a connu une chute significative, passant de 80,4 à 55,7 entre le 12 et le 20 juin 2025.

Le changement de leadership politique avait suscité de nombreux espoirs, mais ceux-ci se sont rapidement heurtés à une réalité économique difficile. Dans un contexte toujours fragile, l’inflation continue de peser lourdement sur les comportements des consommateurs.

Selon les résultats de l’enquête publiée ce mois-ci par Analysis, une filiale de Kantar, l’indice de confiance des consommateurs a connu une chute significative, passant de 80,4 à 55,7 entre le 12 et le 20 juin 2025. Cette baisse de confiance s’explique en grande partie par la perception d’une inflation persistante. En effet, 84 % des personnes interrogées estiment que les prix sont en hausse, contre 82 % au premier trimestre 2025. En 2023, ce sentiment était encore plus marqué, avec 95 % des sondés partageant cette opinion. À l’inverse, seuls 8 % considèrent que les prix sont restés stables et 7 % estiment qu’ils ont diminué.

L’ensemble des composantes de l’indice de confiance est orienté à la baisse. Ce sont notamment la perception de la conjoncture économique générale et les intentions d’achat futures qui enregistrent les reculs les plus notables. La situation économique actuelle, en particulier, est perçue de façon plus pessimiste, influencée par les incertitudes qui pèsent tant au niveau national qu’international.

Un écart significatif, d’environ 20 points, est cependant observé entre la perception de la situation actuelle et celle des perspectives économiques à venir. Ce différentiel pourrait traduire une certaine résilience, suggérant que bon nombre de consommateurs considèrent la période actuelle comme un passage difficile, mais temporaire et gardent espoir en une amélioration dans les mois à venir.

Dans les commerces, le changement des comportements des consommateurs se fait ressentir. Plusieurs enseignes rapportent une baisse des ventes. «Ce n’est pas dramatique, mais le ralentissement est bien réel», confie le propriétaire d’une chaîne de supermarchés. Les produits de première nécessité continuent de se vendre, mais certaines catégories – jugées moins essentielles –, particulièrement celles dont les prix ont augmenté récemment, enregistrent un recul. «Les consommateurs revoient leurs habitudes. Ils se tournent vers des alternatives moins chères, comparent davantage les prix et limitent leurs achats. Ils se serrent la ceinture ; c’est clair», observe ce responsable.

Même constat du côté des marchés. La demande en légumes est également en baisse. «Ce n’est pas nouveau, mais c’est de plus en plus fréquent», note Kreepalloo Sunghoon, porte-parole de la Small Planters Association. «Dès que les prix montent, les clients réduisent leurs achats à un demi-kilo, voire un kilo. Beaucoup n’ont plus les moyens d’acheter un panier complet pour nourrir leur famille.»

La restauration, quant à elle, ne fait pas exception. Tariq Bundheea, restaurateur, constate une nette baisse de fréquentation depuis la présentation du Budget. «On dirait qu’une forme de crainte s’est installée. Les gens se serrent la ceinture et restreignent leur consommation», observe-t-il. Parallèlement, l’indice des prix à la consommation, entre mars et juin 2025, indique que les tarifs dans le secteur de la restauration ont augmenté de 2,2 %, principalement en raison de la hausse des prix des repas préparés. Les snacks enregistrent une progression de 2,7 %, tandis que les restaurants voient leurs prix bondir de 4,2 %. Par ailleurs, pour Tariq Bundheea, la baisse du seuil d’enregistrement à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), passé de Rs 6 millions à Rs 3 millions, contribuerait à une hausse des prix et freinerait davantage les ventes.

Selon Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, face à la flambée de certains prix jugés excessifs, les ménages se montrent de plus en plus prudents dans leurs dépenses. Cette vigilance s’explique par une volonté de mieux maîtriser leur budget dans un contexte où le coût de la vie demeure élevé, malgré certaines mesures d’allègement comme la suppression de la TVA sur plusieurs produits de consommation courante : légumineuses, huile, fromage, légumes surgelés ou encore produits pour bébé. Autre facteur qui pourrait affecter le pouvoir d’achat : les allocations prévues par la Social Contribution and Social Benefits Act, qui seront progressivement supprimées sur une période de deux ans, à l’exception des bénéficiaires inscrits au Registre social.

Sur fond d’inquiétudes persistantes, le gouvernement s’efforce de rassurer quant à la trajectoire économique. Intervenant au Parlement, hier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a rappelé que l’inflation avait culminé à 11,3 % en février 2023, tandis que la roupie s’était dépréciée de 46 % face au dollar entre 2014 et 2024. Il a toutefois souligné un net repli de l’inflation, qui s’établissait à 2,9 % en juin 2025, avec des prévisions la maintenant sous la barre des 4 % d’ici la fin de l’année. Dans ce contexte, les commerçants espèrent voir la tendance des achats s’inverser à l’approche des fêtes de fin d’année, traditionnellement plus porteuses.

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