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Top 100 Companies 2023

Les contours d’une reprise largement dopée par... une roupie depréciée

15 novembre 2023, 09:55

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Les contours d’une reprise largement dopée par... une roupie depréciée

Bien plus qu’un classement des meilleures entreprises du pays, l’édition 2023 du Top 100 Companies demeure un outil de référence par excellence, tant pour les opérateurs que pour les décideurs économiques, pour mieux comprendre et appréhender le monde des affaires. Véritable baromètre économique, la publication dresse, comme les précédentes éditions, les contours de la vie des entreprises et analyse leur santé financière en portant les projecteurs sur les différents secteurs qui la composent.

Sans doute, la version 2023 ouvre une ère d’optimisme pour les conglomérats et autres entreprises du pays, qui amorcent un nouveau virage, traduisant une reprise de leurs activités post-Covid. Mais sans pour autant occulter le fait qu’il y a d’autres défis économiques à l’échelle globale, comme l’inflation galopante, elle-même découlant de la guerre russo-ukrainienne qui dure depuis février 2022 et dont les conséquences socio- économiques dépassent largement les frontières des deux belligérants pour se répercuter sur l’ensemble des pays du monde. Mais aussi du conflit au Proche-Orient et les risques d’un embrasement régional qui pourrait faire grimper le prix du baril de pétrole à USD 150.

Cette publication, qui, au fil des années, s’est imposée comme une bible pour le monde des affaires, souligne que presque tous les secteurs, qui constituent le paysage économique et industriel du pays, ont connu une reprise. Notamment sur la base de la performance des entreprises pour l’année financière se terminant au 30 décembre 2022, voire au 30 juin 2023, certaines atteignant même des niveaux pré-Covid, comme l’hôtellerie. Sauf les médias qui souffrent toujours des effets de la crise pandémique.

Encore faut-il préciser que cette reprise, qui demeure fragile, face à l’incertitude liée aux enjeux géopolitiques à l’échelle planétaire, aura été dopée, dans le cas de certains secteurs, par une roupie fortement dépréciée : plus de 22 % face au dollar depuis 2021 à ce jour. À cet égard, il faut rappeler qu’au niveau de l’hôtellerie, ce sont seulement les grosses pointures, à l’instar de New Mauritius Hotels, avec des bénéfices nets de Rs 2,8 milliards au 30 juin 2023, Lux Island Resorts (Rs 1,7 milliard) ou encore Sun Ltd (Rs 1,5 milliard), entre autres, qui ont permis à ce secteur de quitter la zone rouge, vu que sur 29 établissements hôteliers recensés dans le Top 100 Companies, une douzaine subit toujours des pertes.

Au-delà de l’hôtellerie, la reprise est confirmée dans d’autres secteurs porteurs de croissance avec des leaders qui consolident leur position. C’est le cas du textile avec Ciel Textile qui y règne en maître, engrangeant le double de son chiffre d’affaires (Rs 17 milliards) depuis 2021. Il devance la Compagne Mauricienne de Textile Ltée (Rs 7 milliards) et Firemount Textiles Ltd (Rs 3 milliards), pour ne citer que ce trio parmi une brochette de 25 entreprises de petite et moyenne tailles.

Mais il y a aussi le secteur de la construction où une société indienne pourrait prendre le leadership dans le prochain classement du Top 100 Companies. Au 31 mars 2023, la société Afcons, engagée dans des travaux à Agaléga, avait généré un chiffre d’affaires de plus de Rs 1 milliard, se classant ainsi à la dernière place alors que la première position est toujours occupée par UBP avec un chiffre d’affaires de Rs 4,6 milliards et des profits avant impôt de Rs 135 millions. Toutefois, au terme des travaux en cours d’achèvement à la fin de cette année, qui pourraient coûter entre Rs 8,8 à Rs 11 milliards, il est fort à parier que son prochain chiffre d’affaires explosera, largement supé- rieur à celui du contracteur du Metro Express, Larsen & Toubro, autre société indienne qui n’a pas affiché ses résultats financiers depuis mars 2021.

La guerre dans la grande distribution

La publication relève, par ailleurs, la rivalité entre Seven Seven Co Ltd, opérant la chaîne de supermarchés Dreamprice, et Udis Ltée, détenteur de l’enseigne Super U, pour la deuxième place. Si l’année dernière, Dreamprice avait pu déloger Super U celle-ci est revenue en force cette année, pour reprendre sa deuxième position avec un chiffre d’affaires en hausse de Rs 1,3 milliard, qui passe à Rs 6,6 milliards. On saura si l’année prochaine, cette rivalité entre les deux enseignes se poursuivra pour être le runner-up de Pick and Buy, propriétaire de l’enseigne de proximité Winners qui s’impose d’une année à l’autre en leader de la grande distribution avec un chiffre d’affaires de Rs 9,9 milliards. Même si la vente a augmenté de 9 %, selon la publication, il revient qu’avec une inflation de presque 10 %, il n’y a eu pratiquement aucune croissance dans ce secteur sur la base des chiffres consolidés.

Dans la foulée, on note la bonne performance des sociétés de paris avec Lottotech qui consolide sa première position réalisant un chiffre d’affaires de presque Rs 3 milliards en décembre 2022. La société, une filiale du groupe Gamma, fait un bond digital avec éventuellement des paris en ligne, voire des paiements.

Reste que certains pôles d’activité sont toujours à la traîne. La publication identifie les entreprises de presse comme celles qui ont vu leur chiffre d’affaires stagner et leurs bénéfices chuter drastiquement. Elle rappelle que les sociétés qui ont résisté la crise se trouvent être celles qui opèrent dans un marché populaire et niché, citant les radios privées et certaines publications spécialisées. Tout en soulignant l’urgence d’éviter que les médias indépendants ne s’écroulent.

Quid de ces newcomers, ceux rejoignent le club des millionnaires, voire des milliardaires, en 2023. Il y en a huit, certains moins connus que d’autres, dont King Savers qui opère depuis 2008 et se distingue comme le leader des supermarchés dans le sud du pays. Avec un chiffre d’affaires de Rs 1,8 milliard, King Savers, dont le directeur général est Alain Saverettiar, opère une chaîne de cinq supermarchés, incluant un hypermarché de 3 500 mètres carrés à Bo’Vallon Mall. Il fait son entrée à la 67e place. Les autres nouvelles entrées, Attitude Hospitality Ltd (AHL) de Jean Michel Pitot, qui se classe à la 89e place avec un chiffre d’affaires de plus de Rs 1 milliard contre seulement Rs 154 millions l’année dernière. Brassant des actifs de Rs 6,4 milliards, AHL a bâti sa réputation autour de trois piliers : Maurice et sa diversité culturelle, sa main-d’œuvre et sa clientèle. Parmi d’autres, citons Evaco, Natec Médical, Inicia, le groupe Mont Choisy, Celero et Mahasimhaya Co Ltd.

Publication incontournable pour les CEOs, dont une copie s’affiche fièrement dans leurs bureaux, Top 100 Companies est venue au fil de ses 30 années de présence désacraliser la notion de l’argent et des profits, célébrant les entreprises qui se distinguent et ramenant sous les feux des projecteurs les autres conglomérats commerciaux et financiers qui contribuent à raffermir la taille de l’économie mauricienne.