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«Missie Moustass»

Les coulisses du pouvoir : mainmise de Kobita Jugnauth sur les nominations politiques

7 novembre 2024, 18:00

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Les coulisses du pouvoir : mainmise de Kobita Jugnauth sur les nominations politiques

Comme annoncé, Missie Moustass a publié à 6 heures, hier matin, six enregistrements. Ces échanges révèlent que des décisions importantes, telles que des nominations, sont prises sous l’influence de la femme du Premier ministre, Kobita Jugnauth. Celle-ci reçoit l’assistance de Sarah Currimjee, surnommée affectueusement Sally. Ces nominations et promotions concernent diverses institutions publiques, notamment le Mauritius Institute of Education, la Hindi Speaking Union et l’Urdu Speaking Union.

Dans les enregistrements, on entend les voix attribuées aux deux femmes discuter des personnes à nommer, en précisant qu’elles doivent être affiliées au Mouvement socialiste militant (MSM). Leur sélection repose sur une liste fournie vraisemblablement par le National Security Service, indiquant l’orientation politique de chaque candidat. Les candidats soupçonnés d’être proches du PTr ou du MMM sont écartés, sans tenir compte de leurs compétences. Les «nou dimounn» seront choisis, sauf s’ils ont un casier judiciaire, comme dans un cas où un candidat est pénalisé en raison d’un beaupère impliqué dans le trafic de drogue.

Agacée lors d’un discours

Toujours dans la même conversation, la voix attribuée à Kobita Jugnauth s’entretenant avec la voix attribuée à Sally explique qu’un autre candidat, d’affiliation MMM, a été écarté malgré une recommandation favorable du Dr Zouberr Joomaye. Sarah Currimjee commente en disant : «Si Joomaye kinn rekomande bizin MMM…» Il est de notoriété publique qu’il existe une tension entre les familles Joomaye et Currimjee au sein de Lakwizinn. En revanche, la proposition de Kavi Ramano est acceptée, d’autant plus que c’est son Constituency Clerk, qui sera promu à la mairie de Quatre-Bornes.

Durant la conversation, la voix présentée comme celle de Kobita Jugnauth confiera à son amie Sally qu’elle s’était sentie extrêmement agacée lors d’un discours après que Raj Meetarbhan lui aurait fait des remarques sur son body language. «Mo ti paret pe anvi al bat dimoun.» La raison ? En levant les yeux de ses notes, elle s’est aperçue que le public était majoritairement composé de partisans travaillistes.

Le recrutement ne se base pas uniquement sur l’affiliation politique. Un équilibre de représentation communale doit être respecté, bien que cela puisse nuire au principe de méritocratie. Par exemple, du personnel de la VIPSU, on entend la voix attibuée à Kobita Jugnauth se plaindre auprès d’une autre personne d’une certaine communauté.

«Dir PM kinn deside»

Il semblerait que les noms des candidats aient été proposés par diverses personnalités du pouvoir. Cependant, c’est Kobita Jugnauth qui aurait le dernier mot. Lors d’une conversation avec Sheela Curpen, la voix attibuée à l’épouse du Premier ministre aurait retiré la candidature d’un candidat proposé par Maneesh Gobin, soupçonnant ce dernier d’avoir obtenu le soutien d’un de ses proches au conseil de l’institution. «Mais ne dévoilez pas ces détails à Maneesh. Dites-lui simplement que sa candidature n’a pas été retenue.» «Oui», acquiesce la voix présentée comme celle de Sheela Curpen, ajoutant : «Mo pou dir PM kinn deside.»

Par ailleurs, l’on comprend dans un autre enregistrement qu’un candidat proposé par Ivan Collendavelloo aurait été écarté. La voix attibuée à Kobita Jugnauth demande fermement à la voix présentée comme celle de Pravind Jugnauth d’intervenir et lui dit : «Tu dois être ferme là-dessus. Ivan a dit qu’il ne reviendra pas sur sa décision. S’il a déjà fait la nomination, il devra l’annuler. Gete kouma to pou fer sa.» On ignore si son veto a finalement prévalu, tout comme dans le cas d’une dame que Renganaden Padayachy souhaitait recruter en tant qu’attachée de presse, mais que la voix attribuée à Kobita a désapprouvée en disant : «C’est sa maîtresse.» Elle avertit son époux le PM : *«N’accepte plus de nominations sans approbation préalable. Informe les ministres qu’il y a un comité qui doit d’abord donner son aval.» *Comité visiblement composé de Kobita Jugnauth et Sarah Currimjee. «Oui», dit Pravind Jugnauth. Normalement, ces promotions relèvent de la Local Government Service Commission.

«Mari vilin sa»

À part les nominations, les voix attribuées à Kobita Jugnauth et Sarah Currimjee parlent d’autres personnes. Comme de la haute commissaire de l’Inde Nandini Singla qu’elle traitent de tous les noms dans un autre enregistrement. Il semble que Kobita Jugnauth soit remontée contre la haute commissaire qui aurait rencontré Navin Ramgoolam. «Désormais», dit la voix attribuée à Kobita Jugnauth à Sarah Currimjee *«quand elle cherchera un rendez-vous avec Pravind Jugnauth, p… ar li, dir li al zwenn Navin Ramgoolam». L’épouse du PM n’a pas apprécié non plus que Sooroojdev Phokeer lui ait dit que Nandini Singla lui ressemble. Tout en ajoutant que la haute-commissaire est «mari vilin sa fam-la». Sarah Currimjee approuve.

La voix attribuée à Kobita Jugnauth n’en a pas fini avec Singla. Elle appelle Anooj Ramsurrun, le directeur de la MBC, pour lui ordonner de ne pas fixer la caméra sur la haute commissaire lors d’un événement. «Elle n’était pas invitée mais elle a fait un forcing pour y être présente. Li pou dans danse, li pou pas plis ki PM la. Li pou donn deklarasion, li pou rod fer gran gran zafer. Bizin ignor li net… fer kouma dir li pa la.Mo kone kuma pou fer sa», rassure la voix attribuée à Anooj Ramsurrun.

Enfin, une conversation entre les voix présentées comme celles de Kobita Jugnauth et le DCP Krishna Jhugroo est révélée. Ce dernier lui rapporte les détails de l’interrogatoire de Navin Ramgoolam et elle souhaite s’assurer qu’une charge formelle soit retenue contre l’ancien Premier ministre. «Oui, oui», confirme Jhugroo, ajoutant des détails sur l’organisation du MSM au N° 5 où elle va envoyer Mahen Jhugroo pour calmer les agents.