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Dakar 2024. Douze voitures de Century Racing au depart
Les CR6-Turbo et CR7 conçues par le Mauricien Julien Hardy font fureur
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Dakar 2024. Douze voitures de Century Racing au depart
Les CR6-Turbo et CR7 conçues par le Mauricien Julien Hardy font fureur
De passage récemment à Maurice avant de mettre le cap sur l’Afrique du Sud et ensuite rallier l’Arabie Saoudite pour son neuvième Dakar, Julien Hardy nous a rencontrés pour faire un bilan de sa Team Century Racing. Avec dix voitures dans la caravane du Dakar en 2023, Century sera représentée par douze prototypes cette année en Arabie Saoudite.
Il faut dire que le petit Mauricien vivant maintenant en Afrique du Sud a fait du chemin depuis 2007, année de la création de la première Century. «Nous en sommes à la soixantième voiture. La compagnie est en pleine expansion et on compte trente employés aujourd’hui. C’est plus de cheveux blancs pour moi», rigole l’ingénieur mécanique.
La dernière-née : la CR7 est présente sur les dunes du Dakar. C’est la première quatre roues motrices que Century présente dans cette compétition. La Team Century Racing sera derrière une voiture officielle, la CR7, conduite par le Sud-Africain Brian Baragwanath, et l’autre par un client estonien Urvo Männama. Il faut savoir ici que Century présente sa voiture, mais d’autres ont été achetées par des clients à travers le monde et celles-ci rouleront avec leurs équipes privées respectives. «On vend des voitures aux clients privés, par exemple on est contacté par l’équipe Astara qui alignera deux pilotes féminins, soit l’Espagnole Laia Sanz et l’Uruguayenne Patricia Pita», fait-il ressortir.
Ce sera surtout le Serradori Racing qui sera au centre des attentions. Le pilote français, Mathieu Serradori, avait fait connaître davantage la voiture quand il a gagné une victoire d’étape en 2020 au nez et à la barbe des mastodontes de la course. «Cette année, Mathieu est vraiment notre partenaire et on va dire que Century aura deux voitures officielles. Mais il roulera dans une CR6-Turbo», précise Julien Hardy.
Mathieu Serradori a préféré jouer la carte de la prudence, car la CR7 n’a été livrée qu’en octobre de l’année dernière. «On ne savait pas trop si les voitures étaient prêtes pour le Dakar. On était encore au stade expérimental avec la CR7. Finalement, après plus de 2 500 km d’essais en Afrique du Sud nous n’avons pas eu trop de soucis, note Julien Hardy. Même si ce n’était pas en condition de course, Brian pousse tout le temps la voiture à la limite. En vitesse pure, Brian est parmi les top mondiaux. Le hic c’est que nous n’avons pas assez d’expérience pour rouler avec les pilotes aguerris dans des conditions du désert.»
Julien Hardy est l’ingénieur mauricien derrière la conception des CR6 et CR7 qui participent actuellement au Dakar.
Qu’à cela ne tienne, la CR7 est prête pour la course. «Notre gros avantage c’est que Brian est un ingénieur mécanique avant d’être un bon pilote. Les bons pilotes ne donnent pas forcément un bon feedback. Brian était mon bras droit dans la compagnie et je me fie sur tout ce qu’il dit parce qu’il comprend beaucoup de choses. Le développement qu’on a fait en deux mois, d’autres équipes prendraient un an pour le faire. Si on teste le refroidissement, il faut que le moteur travail dur avec une température maximum. On a déjà vendu des voitures en Chine et là-bas la température monte jusqu’à cinquante degrés. Si on fait des tests sur les suspensions, il faut une variété de terrain parce que dans les dunes et sur la piste ce n’est pas la même chose. En Arabie Saoudite, il ne fait pas aussi chaud donc pour la CR7 on est bon», espère Julien Hardy.
L’ingénieur mauricien précise cependant que : «En général, c’est difficile de changer les configurations une fois qu’on a envoyé les voitures aux clients. La plupart des clients CR6 veulent passer en CR7. Aujourd’hui, il y a trois en Chine, deux au Brésil et une en Estonie. Le Dakar c’est la vitrine et le test primordial, si la voiture roule bien au Dakar, c’est fiable.»
Truffées d’innovations techniques
«On a déjà vendu six CR7 et avec le budget, on va renforcer l’équipe technique et l’objectif pour nous est de gagner le Dakar dans les deux ou trois années à venir. On repousse nos limites de plus en plus. On essaie de compenser le «unfair advantage» par des innovations techniques. La CR6 par exemple a sept ans et on continue à la développer. On peut toujours améliorer l’aérodynamisme de la voiture, les amortisseurs tout comme la boîte de vitesse et le refroidissement. Cette année, on aura le budget pour améliorer un peu plus la voiture. Ça fait partie de notre ADN d’innover pour aller titiller les gros poissons devant. Il faut être cent pour cent fiable si on veut prétendre aller gagner le Dakar. Avec Audi qui se retire à la fin du Dakar, tout le monde sera quasiment identique au niveau des règlements. Avec un petit budget, on peut montrer qu’on peut faire le boulot», analyse Julien Hardy.
Si on regarde les résultats du prologue d’hier, à Al-Ula (28 km de spéciales), les CR7 à quatre roues motrices se sont effectivement tirées d’affaire pour leur première coure officielle. Brian Baragwanath et Urvo Männama ont pris les 10ᵉ et 14ᵉ places au scratch. Mathieu Serradori s’est lui classé 17ᵉ avec sa CR6 Turbo, mais en deux roues motrices. «En 2023, on s’est pas mal tirés d’affaire si on ne compte pas l’accident de Brian à la fin et la casse moteur de Mathieu, se souvient Julien Hardy. Quand on roule dans le top 10 ça va très très vite et les erreurs ne pardonnent pas. Pour suivre cette cadence-là, faut aller vite.»
Néanmoins, Julien Hardy est d’avis que le danger viendra du Français Mathieu Serradori cette année. «On a résolu son problème moteur. Il va se mesurer aux meilleurs, il est très régulier dans ses performances. On va essayer de capitaliser sur le fait que Nasser Al-Attiyah ait quitté Toyota pour ProDrive», prévient-il.
Pour conclure, Julien Hardy avoue qu’il : «aimerait bien avoir un sponsor mauricien pour ses voitures. Ce serait bien qu’ils viennent en Afrique du Sud pour découvrir l’atelier et comment les voitures sont assemblées. Pour avoir le nom sur la voiture ça commence à Rs 400 000 et pour nous, à Century Racing, c’est un budget de Rs 15 à 20 millions sans la voiture. Si on compte l’inscription entre autres, le Dakar nous revient autour de 20 mille euros par tête, soit un million de roupies. Une CR6 coûte à peu près 425 mille euros, tandis que la CR7, 625 mille euros. C’est une grosse somme, mais il y a une exposition médiatique mondiale.»
Des chiffres qui, pour rappel, sont propres à chaque équipe. Pour les Audi et Toyota, on n’ose même pas imaginer le budget. Mais quand on aime on ne compte pas…
Infos
Résultats des CR6 et CR7 hier
10ᵉ: Brian Baragwanath - Leonard Cremer (AfSud) – CR7
14ᵉ: Urvo Männama - Risto Lepik (Est) – CR7
17ᵉ: Mathieu Serradori - Loic Minaudier (Fra) – CR6T
Century engagées:
CR 7 Turbo 4WD
N° 219 - Brian Baragwanath - Leonard Cremer
N° 250 - Urvo Männama - Risto Lepik
CR 6 Turbo
N° 212 Mathieu Serradori - Loïc Minaudier
N° 238 Laia Sanz - Maurizio Gerini
N° 262 Patricia Pita - Paolo Boggioni
CR 6 V8
N° 237 Tim Coronel - Tom Coronel
N° 246 Frédéric Chesneau - Lionel Romanin
N° 247 Michel Kremer - Thomas de Bois
N° 255 Dominique Housiaux - Delphine Delfino
N° 260 Andrea Schiumarini - Andrea Succi
N° 261 Benoît Fretin - Cédric Duple
N° 270 Patrice Etienne - Antoine Sanchez
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