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Déclin du mariage
Les craintes et aspirations qui influencent les choix matrimoniaux
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Déclin du mariage
Les craintes et aspirations qui influencent les choix matrimoniaux
Le paysage matrimonial à Maurice est en mutation, avec une nette diminution du nombre de mariages enregistrés ces dernières années. Selon les données de Statistics Mauritius, le nombre total de mariages, y compris ceux à Rodrigues, est passé de 9 558 en 2022 à 8 654 en 2023, soit une baisse significative de 9,5 %. Cette tendance reflète un plus large changement dans la société mauricienne, marquée par un déclin du taux brut de nuptialité, qui est passé de 15,1 à 13,7 sur 1 000 habitants au cours de la même période. Cette réduction pourrait s’expliquer par une série de facteurs sociaux et économiques, notamment la perception du mariage en lui-même ainsi que la cherté de la vie en fondant une famille.
Plusieurs facteurs contribuent à cette évolution. D’une part, les Mauriciens semblent désormais contracter des unions plus tard dans la vie. L’écart entre la cohabitation et le mariage s’est considérablement allongé, ce qui peut conduire à un report, voire à l’abandon, de l’institution matrimoniale. De plus en plus de couples optent pour la cohabitation sans se marier, souvent dans le but d’éviter des engagements et des liens plus contraignants, comme le mariage. Pour certains, cette approche peut effectivement réduire le risque de divorces ultérieurs, car elle permet aux partenaires de tester leur compatibilité dans un contexte quotidien avant de s’engager de manière plus formelle. Cette tendance, souligne une sociologue, s’explique en partie par une évolution des attitudes envers le mariage, qui n’est plus perçu comme un passage obligé, mais plutôt comme une étape optionnelle dans la vie de couple.
Relation traditionnelle
La réduction de la nuptialité pourrait s’expliquer par une série de facteurs sociaux et économiques. De nombreuses personnes, en particulier les femmes, indique notre interlocutrice, craignent de s’engager dans une relation traditionnelle qui pourrait les soumettre à des rôles préétablis. «La peur des conséquences du mariage, comme la perte d’indépendance ou la limitation des expériences personnelles, contribue à cette réticence. Les femmes sont de plus en plus indépendantes et estiment qu’elles peuvent vivre sans engagement», affirme la sociologue.
Ainsi, le développement du travail des femmes et l’évolution vers une société de consommation privilégiant l’individualisme ont également un impact sur les choix matrimoniaux. Effectivement, la peur de perdre une certaine liberté et de ne pas pouvoir réaliser toutes les expériences de vie souhaitées est une préoccupation courante parmi les jeunes lorsqu’ils envisagent le mariage. Cette appréhension reflète souvent une remise en quesion des modèles traditionnels de la vie en couple où les rôles et les responsabilités peuvent sembler contraignants.
La sociologue note aussi que les personnes divorcées ne se remarient pas toujours, ce qui a un impact sur le nombre total de mariages. Cette tendance peut s’expliquer par divers facteurs, tels que les expériences passées qui influencent les perspectives sur le mariage, les attentes différentes après un divorce, ou encore le choix de rester célibataire ou de vivre des relations non conventionnelles.
Aspect financier
De plus en plus de couples préfèrent une vie solitaire et sans attaches, renonçant parfois à fonder une famille en raison des défis liés aux finances. Il est vrai que le mariage est souvent associé à des avantages tels qu’une vie meilleure et plus longue, notamment en termes de stabilité émotionnelle, de soutien mutuel et de sécurité financière. Cependant, de nombreuses personnes hésitent à s’engager dans le mariage pour diverses raisons, dont l’aspect financier qui joue un rôle important. Les préoccupations financières liées au mariage peuvent inclure la gestion des dépenses communes, les responsabilités financières partagées, les inquiétudes concernant la stabilité économique à long terme ainsi que la pression financière. De plus, certaines personnes peuvent craindre que le mariage entraîne des contraintes financières ou des conflits liés à la gestion de l’argent et des biens partagés. L’accès à un logement adéquat est devenu un enjeu majeur car de nombreux couples hésitent à avoir des enfants sans garantie d’un environnement familial stable.
Monique Dinan : «L’amour est malade»
Monique Dinan, auteure de plusieurs ouvrages sur le mariage et fondatrice du Mouvement d’aide à la maternité, exprime une préoccupation profonde concernant l’état de l’amour dans notre société. Selon elle, l’amour souffre, tout comme l’économie. «Beaucoup de jeunes entrent en couple très tôt sans véritable projet de vie commune, ce qui contribue à fragiliser les relations», dit Monique Dinan. Elle met en avant le constat que les couples se séparent de plus en plus facilement, même pour des querelles mineures.
Pour Monique Dinan, la vie à deux n’est pas toujours facile, mais elle nécessite de l’amour, de la compréhension et le dialogue. Elle insiste sur l’importance de comprendre que la vie à deux implique non seulement ses propres désirs, mais aussi ce que l’on peut apporter et donner à son partenaire. Malgré les idéaux souvent déçus autour du mariage, Monique Dinan souligne l’importance de l’éducation des jeunes et des adultes pour mieux comprendre la réalité de la vie en couple. Elle met en garde contre l’idéalisation excessive du mariage, rappelant qu’il n’existe pas de partenaire parfait. «Le souci, c’est que nous sommes nombreux à idéaliser la vie de mariage. On n’a jamais l’homme parfait. L’homme et la femme sont différents et il faut savoir s’accepter mutuellement», souligne-t-elle.
Témoignages
Sarah et Vignesh (33 et 41 ans) : «Aucune contrainte ou attente»
«Pour nous, le mariage n’est pas une priorité. Nous nous aimons profondément et nous sommes heureux de partager nos vies, mais nous ne ressentons pas le besoin de formaliser notre relation par un mariage. Nous apprécions la liberté et la flexibilité que nous avons en cohabitant sans être mariés. Cela nous permet de construire notre relation à notre manière, sans nous sentir contraints par des conventions ou des attentes extérieures. Nous avons une entente claire sur nos responsabilités et nos engagements envers notre relation, et cela fonctionne très bien pour nous. De plus, sur le plan financier, nous préférons garder nos finances séparées et gérer nos dépenses individuellement, ce qui est plus simple dans notre situation actuelle car nous remarquons que, souvent, quand les couples se partagent les dépenses il y a des conflits.»
Varsha, 39 ans : «Les jeunes couples s’endettent lourdement»
«Je suis financièrement stable et je trouve que la vie à Maurice est devenue extrêmement chère. Cela me pousse à ne pas considérer le mariage comme une priorité pour le moment. J’ai observé que de nombreux jeunes couples, même avec deux sources de revenus, ont du mal à subvenir à leurs besoins et à réaliser leurs projets sans lourdement s’endetter. Il y a une pression constante pour progresser, que ce soit pour acheter une maison, une voiture ou simplement pour maintenir un niveau de vie décent. Pour moi, rester célibataire et gérer mes finances de manière responsable me permet de ne pas me sentir accablée par ces pressions financières et de maintenir un certain niveau de liberté et de confort dans ma vie quotidienne.»
Jonathan, 25 ans : «L’amour disparaît après le mariage»
«J’ai observé de nombreuses relations se déliter après le mariage, ce qui me fait réfléchir profondément sur la nature de l’amour et des engagements à long terme. À 25 ans, je pense que la vie va très vite, et qu’il y a moins de place pour les sentiments lorsque les pressions sociales et les responsabilités s’accumulent. J’ai vu des couples qui semblaient très amoureux au début et qui ont fini par se séparer après quelques années de vie commune, et cela m’a fait réaliser que le mariage n’est pas toujours la garantie de l’amour éternel. Pour moi, l’amour est quelque chose de fluide et de changeant et je ne suis pas sûr que le mariage soit la meilleure façon de le préserver. Je préfère profiter des relations sans pression et sans attentes rigides, en laissant les choses évoluer naturellement.»
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