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Clinique du ministre Husnoo

Les habitants sont inquiets alors que la mairie rassure

18 mai 2024, 14:00

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Les habitants sont inquiets alors que la mairie rassure

Certains habitants estiment qu’une clinique dans cette zone résidentielle risque d’aggraver les embouteillages.

Vital Care Company Ltd, société enregistrée le 26 juillet 2023 et représentée par le vice-Premier ministre et ministre des Collectivités locales, le Dr Mohammad Anwar Husnoo, envisage de construire une clinique, sur un terrain à Sodnac, lui appartenant, ainsi qu’à son épouse. Ce terrain de 0,75 arpent, acquis pour Rs 19,6 millions par le couple Husnoo en 2013, est situé le long de l’avenue des Tulipes, à environ 200 mètres de l’avenue Hillcrest, quartier hautement résidentiel de Sodnac. Malgré les assurances de la mairie de Quatre-Bornes à l’effet que tout sera fait dans la transparence, les habitants de l’endroit expriment leurs inquiétudes.

Cette clinique qui se veut multidisciplinaire et étalée sur six niveaux, est censée offrir 80 lits pour répondre aux besoins médicaux de la population grâce à une gamme de services, allant de la médecine générale à la chirurgie spécialisée, en passant par la gynécologie, l’oncologie et la psychiatrie, entre autres. Il ne sera pas nécessaire pour la société de faire des demandes auprès de la Central Water Authority et du Central Electricity Board car les conduites d’eau, les canalisations et les installations électriques sont déjà en place dans ce quartier résidentiel. Dans l’attente de l’obtention d’un permis d’Environmental Impact Assessment (EIA), les travaux de construction sont en suspens.

Mais certains habitants ont déjà commencé à exprimer leurs inquiétudes. Si dans la journée, l’avenue des Tulipes est plutôt paisible, avec quelques maisons d’un côté, des immeubles au bout de la rue et un supermarché récemment ouvert, «aux heures de pointe, le matin et en fin d’après-midi, depuis l’arrivée du métro à Quatre-Bornes, la circulation est terrible et les trajets entre le domicile et le travail sont devenus un calvaire. L’avenue Hillcrest est à double voie. Nous rencontrons déjà des difficultés en raison des files de véhicules sur cette voie et sur l’autoroute. Une clinique privée dans cette zone viendra aggraver le problème pour nous, ainsi que pour les ambulances et pour les malades, qui tenteront d’accéder à la clinique une fois qu’elle sera construite», estiment plusieurs habitants.

Parmi les documents soumis par le promoteur à l’Economic Development Board (EDB), il y a celui relatif à la consultation publique. «A mini survey was carried out with the persons in the surrounding (...) The response of the persons was positive as many contemplate the eventual employment opportunities that this development will entail and above all, the advantage of having a nearby clinic in case of any health issues.» Le propriétaire du supermarché dans le quartier se déclare favorable à ce projet.

Mais il est un des rares. D’autres habitants semblent encore dans le flou, quand ils n’ignoraient pas l’existence d’un tel projet. «J’ai entendu parler de ce projet en allant sur Facebook. C’est peut-être bien d’avoir quelque chose à proximité. Je crois que l’objection doit surtout venir d’une catégorie d’habitants, qui vivent à proximité du terrain et leur opinion ne reflète pas forcément celle des autres», dit l’un d’eux.

«Je ne savais même pas que ce projet était envisagé alors que j’habite ici depuis longtemps. C’est par vous que je l’apprends. Les propriétaires devraient réfléchir à ce qu’ils font car il s’agit d’un quartier résidentiel et calme. Ce n’est pas parce qu’ils sont propriétaires d’un terrain et qu’ils ont des ressources et du pouvoir qu’ils peuvent construire n’importe quoi, n’importe où», souligne un autre habitant.

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Par ailleurs, le 17 novembre 2022, ce projet avait déjà obtenu un Outline Planning Permission (OPP) de la mairie de Quatre-Bornes. Ce permis a été accordé non pas à la société car elle n’était pas encore enregistrée à l’époque mais au nom du couple Husnoo. Il était valable pour un an, soit jusqu’au 17 novembre 2023. Mais il y a des interrogations par rapport à la façon dont ce permis a pu être attribué et des craintes sont exprimées quant à la possibilité de favoritisme dans l’octroi éventuel du permis EIA.

En effet, avant d’obtenir un OPP, la procédure exige qu’une publication soit faite dans deux journaux et qu’un panneau soit installé sur le terrain. Les habitants de l’endroit affirment qu’ils n’ont jamais vu de panneau sur le terrain des Husnoo. Dooshiant Ramluckhun, le maire de Quatre-Bornes, explique que bien que ce soit la procédure générale, pour les terrains situés dans une growth zone, soit une zone où des changements substantiels peuvent être accommodés pour un développement urbain majeur, surtout au bord d’une autoroute, «ce n’est pas nécessaire. Le propriétaire peut installer ou ne pas installer un panneau concernant la demande d’OPP. En principe, un propriétaire devrait le faire pour promouvoir la transparence et la confiance mais il n’a aucune obligation de le faire.»

Il faut souligner que si l’OPP peut être accordé au stade préliminaire par le Permits and Business Monitoring Committee de la mairie, le titulaire n’est pas autorisé à commencer les travaux sur le terrain tant qu’un Building and Land Use Permit (BLUP) n’a pas été octroyé.

L’OPP accordé au couple Husnoo n’est, par ailleurs, plus valable. La procédure d’obtention d’un BLUP exige une fois de plus qu’une publication à ce sujet soit faite dans deux journaux et qu’un panneau soit affiché sur le terrain pour une durée de 15 jours. Au 16e jour, si aucune objection officielle au projet n’est formulée auprès de la mairie, le promoteur peut procéder à l’enregistrement. Sollicité à ce sujet, Dooshiant Ramluckhun explique qu’à ce stade, aucune demande de BLUP n’a été faite par la société des Husnoo. Il précise néanmoins que «pour les terrains situés dans une growth zone, là encore, ce n’est pas une obligation. Le promoteur peut choisir de placer un panneau ou pas.»

Qu’en est-il des craintes de favoritisme et du manque de transparence dans ce cas, d’autant plus que des panneaux peuvent ne pas être installés pour que les gens puissent en prendre connaissance ? «Je tiens à rassurer les habitants qu’à ce stade, il n’y a rien d’accordé en termes de permis pour pouvoir construire une clinique sur le terrain des Husnoo. La mairie a d’ailleurs déjà reçu des plaintes officielles concernant ce projet et dans la mesure où nous recevons une plainte, nous invitons toutes les parties concernées à venir exposer leurs points de vue avant que nous ne prenions une décision. À tout moment, si on constate un problème, le permis peut également être révoqué (...) Sachant qu’il s’agit d’un projet sur lequel tous les yeux sont braqués, je tiens à rassurer que nous ne sommes pas là pour favoriser qui que ce soit mais pour travailler dans le respect des règlements», souligne Dooshiant Ramluckhun.

Les habitants sont loin d’en être convaincus. «Nous sommes situés à dix-15 minutes de l’hôpital Victoria à Candos où les services de santé sont de bonne qualité, jour et nuit, avec un personnel qualifié, même pour les soins de maternité. Des cliniques comme celles du Bon Pasteur et Wellkin sont également facilement accessibles. Nous ne comprenons pas la nécessité soudaine de vouloir construire une nouvelle clinique ici au lieu d’améliorer les infrastructures existantes dans les autres hôpitaux publics», disent-ils.