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Fermeture de BCE

Jean Noël et sa longue attente d’être indemnisé

8 septembre 2023, 20:00

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Jean Noël et sa longue attente d’être indemnisé

Après plus d’un an d’attente, les anciens employés de la firme Building & Civil Engineering Co Ltd (BCE) sont toujours dans l’attente d’être rémunérés. © Beekash Roopun

Quand percevront-ils leur dû ? Cette question préoccupe depuis plus d’un an ces travailleurs. En effet, plus de 300 employés de la compagnie Building & Civil Engineering Co Ltd (BCE) attendent toujours d’être rémunérés et ceci devient de plus en plus urgent. Le 15 juillet 2022, ils ont été pris au dépourvu par la fermeture définitive de la société. Aujourd’hui, ils rencontrent de grandes difficultés pour joindre les deux bouts et assurer leur survie au quotidien.

Chaque matin, Jean Noël Potiron se demande de quoi sera faite sa journée. Cet ancien employé de BCE pensait à bien en prenant un poste dans cette société et il avait de grands espoirs. Mais il a vite déchanté. Aujourd’hui, il se trouve à quémander du travail à droite et à gauche, sollicitant des opportunités où il le peut. «J’ai un foyer à faire tourner et des responsabilités à assumer.» Il ne craint pas de se mettre à la tâche et il fait donc ce que l’on lui demande. «Je ne rechigne pas.»

Pourtant, personne n’avait prédit qu’une compagnie qui a des racines qui remontent à plus de 70 ans aurait aussi rapidement mis la clé sous le paillasson. «Cela faisait un an que j’y travaillais quand il y a eu la fermeture. Je pensais avoir trouvé une stabilité dans cette société, mais…», dit-il, exprimant ainsi sa déception face à cette situation inattendue.

Pendant ce temps, Jean Noël Potiron s’est retrouvé endetté, notamment pour l’achat de sa maison. «Sans parler des inévitables dépenses quotidiennes», ajoutet-il. La recherche d’un emploi est devenue une tâche ardue, et il constate une concurrence importante de la part de la maind’œuvre étrangère, en particulier des travailleurs venant d’Inde.

Face à cette situation, l’idée de chercher du travail à l’étranger lui a traversé l’esprit. «J’ai même entamé des démarches pour émigrer au Canada. Cependant, on nous demande de remplir de nombreux critères, en particulier en ce qui concerne le niveau d’éducation. Je me demande parfois si les personnes qui viennent travailler à Maurice sont soumises aux mêmes exigences en matière d’éducation.» Cette réflexion soulève des questions sur l’équité et la transparence dans le processus d’embauche des travailleurs étrangers à Maurice.

Aujourd’hui, tout comme plus de 300 de ses anciens collègues, il attend avec impatience les résultats de l’affaire devant la Cour suprême. En effet, ces employés avaient déposé une plainte devant le Redundancy Board après que les liquidateurs, par le biais d’une déclaration sous serment (affidavit), aient contesté la décision du conseil qui avait ordonné à l’entreprise de verser aux employés une indemnité de trois mois par année de service. Et le verdict de la Cour se fait attendre…


Reeaz Chuttoo: «Est-ce qu’il y aura suffisamment de fonds pour payer les travailleurs ?»

Le président de la Confédération des Travailleurs du secteur privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, s’interroge sur les fonds détenus par BCE, en particulier compte tenu de la vente des actifs de la société. Les travailleurs sont inquiets, ne sachant pas s’ils seront effectivement rémunérés, étant donné que cette affaire prend beaucoup de temps. Certains d’entre eux, qui sont sur le point de prendre leur retraite, se demandent s’ils recevront leur dû avant qu’il ne soit trop tard. Reeaz Chuttoo explique qu’il avait déjà eu des discussions avec les employés au moment de la fermeture de l’entreprise en juillet 2022. Deux options s’étaient alors présentées : soit engager une procédure pour que les travailleurs puissent recevoir leurs indemnités de départ tout en cherchant un emploi alternatif, soit permettre à ceux qui avaient atteint l’âge de 55 ans de prendre leur retraite. Le président de la CTSP indique qu’il a sollicité l’intervention du ministère du Travail ; il a également encouragé d’autres entreprises de construction à organiser un salon de l’emploi (job fair) pour embaucher de la main-d’œuvre locale. Cependant, peu d’employeurs ont répondu à cet appel. Pendant ce temps, l’affaire a été portée devant le Redundancy Board, et jusqu’à présent, les travailleurs attendent toujours d’être rémunérés.


Précisions d’ENL Property pour dissiper «toute confusion»

Dans une note d’information, ENL Property a tenu à apporter des précisions sur les déclarations relayées dans la presse le week-end du 26 au 27 août 2023. Notamment qu’en 2018, dans le sillage de la fusion de Cogir Limitée et BCE, ENL Property a pris «la décision de se retirer du secteur de la construction», devenant «actionnaire minoritaire de BCE à hauteur de 30 %» ; qu’en juillet 2021, ENL Property a informé «le conseil d’administration de sa volonté de sortir de l’actionnariat de la BCE pour se recentrer sur son cœur de métier, à savoir le développement immobilier» ; que les termes de son retrait de BCE ont été «finalisés en décembre 2021», les exécutifs d’ENL Property démissionnant en tant que directeurs en avril 2022 «avec effet immédiat», et qu’en juillet «lorsque les directeurs de BCE décident de déposer le bilan, ENL Property n’a plus aucune implication et ne participe en aucune manière à ses prises de décisions». Ainsi, ENL Property explique avoir «participé pleinement aux efforts déployés pour sauver l’entreprise» malgré le contexte opérationnel difficile. Et d’ajouter : «La fermeture d’une entreprise demeure un moment difficile dans la vie de tous ceux et celles concernés. Ainsi, il est regrettable que BCE ait déposé le bilan malgré les nombreux efforts consentis par les parties prenantes», espérant ainsi dissiper avec ces informations «toute confusion».