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Les nouveaux règlements sèment la discorde entre les organisateurs et la police

1 décembre 2023, 14:00

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Les nouveaux règlements sèment la discorde entre les organisateurs et la police

Ces règlements font suite aux violences survenues lors d’un concert à La Citadelle, le 21 octobre.

La nouvelle est tombée mercredi. La police impose de nouveaux règlements aux organisateurs de concerts. Dorénavant, avant de donner son feu vert pour la tenue d’un concert, une inspection policière aura lieu sur le site prévu de l’événement. Les policiers feront ensuite un rapport et des recommandations et le document sera envoyé au commissaire de police, qui donnera ou refusera alors son feu vert. Parmi ces règlements : les organisateurs doivent s’assurer que le site comprend une sortie de secours pour faciliter la circulation et pour permettre aux unités d’urgences d’y accéder. Des règlements qui font sourciller les organisateurs de concerts.

Abhishek Gooransing de Tomorrow Island est en faveur d’une collaboration entre les autorités et les organisateurs. «Notre but, c’est de faire de Maurice l’Ibiza de l’Afrique. Pour y arriver, il faut que le gouvernement travaille en collaboration avec les organisateurs de concerts. C’est possible d’y parvenir si l’on tient compte tout ce que nous avons pu faire jusqu’ici avec nos ressources. Nous n’avons rien contre les autorités ni le gouvernement mais il faudrait qu’on nous consulte avant d’instaurer de tels règlements», estime le jeune organisateur, qui est à la tête de soirées à succès chaque année.

Rappelons que parmi les nouveaux règlements mis en place, la police pourra aussi effectuer une fouille sur les personnes suspectes à l’entrée du site du concert. Tout comme les organisateurs devront aussi retenir les services de sociétés de sécurité qui peuvent gérer des foules et collaborer avec les policiers. Des caméras de surveillance devront aussi être installées si besoin est et aux frais des organisateurs, à qui il est conseillé de choisir des sites déjà pourvus de telles caméras.

Autre point qui fait sourciller les organisateurs demeure le fait qu’ils devront tenir la police informée du déroulement du concert de a à z pour pallier à tout problème. La police aura aussi la mainmise sur l’événement et pourra l’interrompre tout moment. De nouvelles procédures seront aussi mises en place, exigeant la tenue préalable d’une réunion au quartier général de la police pour discuter de l’organisation de l’événement et des mesures de sécurité qui seront mises en place. Il est crucial aussi que les organisateurs respectent ces conditions pour éviter d’éventuelles sanctions. Ce point fait aussi broncher Bruno Raya de Live N Direk Entertainment et organisateur à succès du Festival Reggae Donn Sa. Il qualifie ces règlements de «komik» et trouve qu’ils n’ont aucun sens. Car, selon lui, la police n’a pas les compétences voulues en organisation de concerts. «Les vrais professionnels sont les organisateurs et pas la police. Celle-ci n’a jamais pris le temps de s’asseoir pour discuter avec les principaux concernés. Zot pé rod touy lar ek touf nou. Eski minis lar inn asiz avek nou pou gété kouma nou kapav kolaboré? Kan met lalwa koumsa, pé donn lapolis plis pouvwar. Zot pé ankouraz koripsion dan lapolis», s’insurge Bruno Raya.

Pour lui, seuls les organisateurs qui ont de l’argent qui pourront survivre car ils vont pouvoir «graisser la patte» des policiers au détriment de ceux qui ont peu de moyens. Il va plus loin en s’interrogeant sur l’état d’esprit de ceux qui auront envie de venir aux concerts après l’entrée en vigueur de ces règlements. «Ki sa dimounn ki pou anvi vinn dan konser ek létan ariv lor laport, enn ninport kapav fouy li?» se demande Bruno Raya, qui appelle au bon sens du commissaire de police car, pour lui, il ne faut surtout pas généraliser et penser que tous les concerts finiront comme le Gran Konser à la Citadelle. Il appelle à un éveil de conscience. Les organisateurs de concerts de l’île prévoient de se rencontrer prochainement pour décider de la marche à suivre et préparer une riposte.