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En marge des législatives
Les partis politiques tentent de séduire les électrices
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En marge des législatives
Les partis politiques tentent de séduire les électrices
Les chiffres d’abord. Sur une population de 1 271 368 individus en 2019, 941 719 étaient des électeurs enregistrés, dont 480 536 étaient des femmes. Ce nombre met en évidence l’importance du vote féminin dans le paysage politique. Les politiciens l’ont bien compris et utilisent cette donnée pour attirer les électrices à travers leurs discours et programmes. Mais que sait-on, au juste, de cet électorat féminin que les partis s’emploient à courtiser ? Les candidatures féminines ont-elles un impact significatif sur le vote des femmes ? Quel est le profil réel de cet électorat que les partis cherchent à conquérir ? Les femmes accordent-elles de l’importance au sexe des candidats ? Préfèrent-elles voter pour une femme si l’opportunité se présente, au point de choisir un parti qu’elles n’auraient pas soutenu autrement ?
Les différents partis politiques ajustent leurs propositions pour attirer davantage de voix féminines. Dans leurs programmes électoraux, certains candidats multiplient les propositions «féministes». L’alliance PTr-MMM-ND a présenté 20 mesures phares, dont plusieurs concernent directement les femmes, comme l’octroi du congé menstruel rémunéré pour celles souffrant de crampes sévères, la garantie d’au moins un tiers de femmes sur les listes électorales pour les prochaines législatives, ou encore un congé de maternité d’un an. Le MSM, quant à lui, n’a pas encore dévoilé sa stratégie, mais il s’appuie souvent sur des discours axés sur les femmes. Ces discours et mesures visent à convaincre l’électorat féminin. Mais c’est sans doute sur ses engagements que ses promesses seront jugées par l’électorat féminin. En revanche, parmi ces électrices, peu d’engagement est observé sur l’égalité salariale, un sujet pourtant crucial pour de nombreuses femmes.
Les opinions divergent sur l’efficacité de la stratégie consistant à recruter davantage de candidates pour séduire l’électorat féminin ou encore miser sur des mesures féministes. Certains estiment que cette démarche est louable mais pas une panacée. Selon un observateur politique, lors des dernières élections, les femmes candidates n’ont pas obtenu plus de succès auprès des électrices qu’auprès des électeurs. Sur 148 femmes candidates, seules 14 ont été élues pour un Parlement de 70 députés. En fait, les hommes ont été légèrement plus nombreux à voter pour des femmes. Seules les électrices sensibles à la sous-représentation des femmes en politique ont massivement soutenu les candidates féminines. Mais pour la majorité, c’est encore leur allégeance à un parti, plus que le sexe des personnes en lice ou des mesures populaires, qui dicte leur choix dans l’isoloir.
La position des femmes a par ailleurs grandement changé au fil des ans. Il faudrait ainsi concevoir des programmes réellement en phase avec leurs besoins et préoccupations. Ces dernières sont également plus sensibles que les hommes aux inégalités sociales et à la pauvreté. Pour des observateurs, il serait naïf de croire que les électrices voteront en masse pour un parti politique simplement parce qu’il présente des femmes sur ses affiches électorales ou propose des mesures féministes. Les partis ne devraient pas considérer cette stratégie comme un simple «bonbon» offert aux électrices pour espérer être récompensés le jour du scrutin. Car elles sont loin d’être dupes…
Stéphanie Anquetil, députée du PTr : «Le vote des femmes sera déterminant»
Pour Stéphanie Anquetil, députée du Parti travailliste (PTr), dans la circonscription n°16, le vote des femmes aura une importance cruciale pour ces élections. Elle estime que les leaders des divers partis en sont conscients et qu’ils donneront tous un coup de pouce pour répondre aux attentes des femmes. «On ressent qu’il y a plus de revendications de la part des femmes et c’est aussi mon combat car je veux faire bouger les choses pour une société plus juste, plus woman-friendly. Les femmes et les hommes sont biologiquement différents mais nous sommes complémentaires. Aujourd’hui, les femmes ont plus de responsabilités. C’est un combat qu’il faut mener main dans la main en impliquant aussi les hommes. Les femmes ont aujourd’hui le droit de prendre des décisions en matière de vote. Les votes ne sont plus comme avant et les électrices auront leur mot à dire.» Et elle poursuit: : «Jadis, les femmes suivaient leur mari ou les membres de leur famille pour voter un parti politique, mais aujourd’hui, elles sont capables de décider en fonction de ce à quoi elles aspirent.» Stéphanie Anquetil constate en outre que les femmes qui occupent des postes ministériels ne semblent pas déterminées à faire quelque chose pour défendre la cause des femmes. «Femme ou pas, il faut que ce soit the right person in the right place.»
Geraldine Geoffroy, candidate du Reform Party : «Si les femmes votaient pour les femmes, le résultat serait différent»
Geraldine Geoffroy, membre et candidate du Reform Party, souligne que parmi les 80 réformes proposées par le parti, il n’y a aucune distinction entre hommes et femmes. «L’emploi, les jeunes, le télétravail sont des mesures qui concernent tout le monde. Nous proposons justement un projet de loi anti-discrimination pour qu’il y ait plus de parité et qu’il n’y ait pas de discrimination entre hommes et femmes.» Elle estime que le vote des femmes sera très important pour ces élections. La politique, dit-elle, n’est plus l’affaire des hommes seulement. «Les femmes s’intéressent tout autant aux affaires politiques et à ce que font les différents partis, mais elles sont plus discrètes. Elles ne vont pas discuter de leurs opinions politiques sous le toit d’une boutique ou prendre un drapeau pour aller crier haut et fort, mais elles sont bel et bien présentes.»
En ce qui concerne la question de savoir si les femmes votent pour les candidates femmes, celle du Reform Party réplique que si c’était le cas, le résultat au Parlement aurait été différent. «Il y a toujours cette mentalité patriarcale qu’il faut changer. C’est toujours compliqué pour une femme de se lancer en politique et de se faire accepter par les femmes elles-mêmes. Elle doit déjà bien choisir sa circonscription. Nous sommes plus de la moitié de la population et le Parlement est toujours dominé par les hommes. Je lance d’ailleurs un appel aux femmes pour réfléchir à leur façon de voter si elles veulent une île Maurice plus à leur image.» Nous avons tenté d’obtenir des déclarations d’une élue du camp gouvernemental, mais nos sollicitations sont restées vaines.
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