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À l’assemblée nationale mardi dernier
Les perles de nos honorables
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À l’assemblée nationale mardi dernier
Les perles de nos honorables
Il est dangereux de s’aventurer sur ces rochers au Souffleur. Et encore plus de nager dans ces eaux.
L’absence de séance parlementaire aujourd’hui est l’occasion pour nous de revenir sur celle du mardi 23 avril. Fort instructif !
Les panneaux de la discorde
Le leader de l’opposition, Shakeel Mohamed, avait, le 16 avril, déclaré au Parlement à propos des deux jeunes disparus au Souffleur : «At Souffleur, where those youngsters disappeared in the ocean, I have confirmation that there is no sign whatsoever on the beach to say that it is dangerous to go and venture.» Lui répondant mardi dernier à l’Assemblée nationale par un statement – c’est à la mode dernièrement –, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a voulu démontrer que Shakeel Mohamed a induit le Parlement en erreur : «I am informed by the Commissioner of Police that in the northern, eastern, western and southern regions of the island, including Le Souffleur, there are warning signposts at public beaches indicating ‘dangerous bathing’ where necessary.»
Or, à aucun moment, Shakeel Mohamed n’a parlé de l’absence de panneau indiquant «bain dangereux», mais qu’il est dangereux «to go and venture». En fait, les deux victimes se trouvaient sur des rochers quand elles auraient été emportées par une lame, selon les premières indications. Y a-t-il un panneau prévenant que ces rochers, et non le bain, sont dangereux ? Il semble que non.
Un ancien plongeur et sauveteur de la Special Mobile Force nous explique que même en marchant sur ce rocher, «une vague peut vous happer et vous emporter en pleine mer. Ce rocher doit être signalé comme très dangereux et je pense même qu’il faut tout simplement y interdire l’accès. Il ne suffit pas de dire que le bain y est dangereux car personne ne va nager dans ces eaux – quand il y en a – qui peuvent vous fracasser contre ce même rocher». Il nous précise aussi que «Savinia n’est pas Le Souffleur et qu’il se trouve en peu plus loin».
Pour Shakeel Mohamed que nous avons contacté, c’est le Premier ministre qui a induit l’Assemblée nationale en erreur, après l’avoir lui-même été par le commissaire de police. «Et la population a aussi été induite en erreur, et la vie des promeneurs et des nageurs est mise en danger, cela, juste pour ne pas paraître avoir été pris en faute.»
Concernant les alertes diffusées par la Mauritius Broadcasting Corporation par mauvais temps, «tout le monde ne regarde pas cette station», nous dit Shakeel Mohamed. Il nous rappelle par la même occasion que les tours de surveillance sur les plages sont promises depuis 2018. «Combien de noyades, y compris de touristes,auraient été évitées s’il y avait eu ces tours ?» Le Premier ministre s’est, lui, contenté de répondre : «What do you want more than that when you have a warning telling you not to go at sea and you go at sea?» «C’est ça un caring government ?» soupire Shakeel Mohamed.
«Unparliamentary question» du speaker ?
Alors que le député du Mouvement militant mauricien Aadil Ameer Meea voulait poser une question supplémentaire, le speaker lui a demandé d’avance : «Do you have a good supplementary question ?» Réponse d’Ameer Meea : «Yes, I always have very good supplementary questions!» C’est ainsi que le précieux temps de l’Assemblée nationale est perdu. Par le speaker.
Enquête en cours
Une Parliamentary Question (PQ) de Patrick Assirvaden, prévue pour le mardi 23 avril sur l’affaire Angus Road, a été interdite par le speaker. En revanche, celle de Joanne Tour sur Navin Ramgoolam et ses coffres-forts avait été autorisée par le même speaker le mardi 16 avril. Pour justifier son acceptation de cette dernière PQ, le speaker a balayé d’un revers de main la lettre de protestation d’Arvin Boolell, qui soulignait que l’affaire est sub judice.«I have perused the ruling, dated 03 April 2024, of the Magistrates of the Intermediate Court in the matter of Police v/s Navinchandra Ramgoolam», a dit le speaker, «whereby it has clearly stated that the trial has not yet started in this case. In fact, at this stage, only preliminary points of law are being raised. I rule that the subject matter is not sub judice inasmuch as there is no real and substantial danger that is going to impact or prejudice the outcome of the case.» Pour rappel, Maneesh Gobin avait refusé de répondre aux questions supplémentaires de Xavier-Luc Duval concernant la stag party en disant non pas qu’un procès est en cours, mais qu’une enquête par l’Independent Commission Against Corruption l’était. Idem pour une question sur Angus Road, à laquelle le Premier ministre avait refusé de répondre. Patrick Assirvaden voulait, mardi dernier, justement savoir où en est l’enquête sur Angus Road. Le speaker ne s’est pas donné la peine de justifier le rejet de la question car, de toute évidence, aucune enquête n’est et n’a jamais été en cours. Et encore moins un procès en cour.
Procès avant l’heure
Encouragé sans doute par l’innovation légale de son speaker, Bobby Hurreeram a audacieusement franchi une ligne rouge en répondant ce qui suit au leader de l’opposition, Shakeel Mohamed, qui lui demandait s’il pense qu’il y a eu négligence dans l’effondrement de la maison des Ramsahye à Tranquebar. «You will agree that this may eventually also involve the insurance of the contractor or that of the consultant. So, at this point, I do not think that it will be proper for me to comment on this as it may hinder the inquiry and eventually, a procès en cour. So, I do not want that whatever I say in Parliament may become part of the case eventually.» Ainsi, le ministre des Infrastructures nationales, lui, ne veut pas répondre de peur que ce qu’il dira puisse affecter tout procès éventuel. Une sorte de sub judice au conditionnel et en avance, quoi.
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