Le beau-frère du Premier ministre, le Dr Krishan Malhotra, qui avait obtenu l’aval du conseil des ministres des Seychelles pour le rachat de l’ex-hôtel Reef situé à Anse-aux-Pins, est bien déterminé à concrétiser son projet. À la suite d’une consultation publique qui a eu lieu il y a 14 mois, le plan conceptuel révisé pour la rénovation de l’hôtel Reef a été soumis aux autorités locales. Bien que le public puisse examiner le plan, les inquiétudes persistent quant à son impact sur l’écosystème marin et la ligne côtière. Des Seychellois soulèvent plusieurs interrogations quant au respect des normes environnementales, craignant que l’écologie de l’archipel ne souffre au profit des investissements étrangers.

Extension sur la plage

Les bureaux administratifs ont déjà rendu public le nouveau plan proposé, et les parties intéressées peuvent l’examiner aux bureaux de l’administration d’Anse-aux-Pins et d’Au Cap, ainsi qu’au Centre de documentation du ministère de l’Environnement à Mont-Fleuri. La période d’examen a débuté lundi et se poursuivra jusqu’au lundi 25 septembre. Le projet, porté par le gendre de feu sir Anerood Jugnauth, l’ancien directeur de la clinique Medpoint, et le partenaire minoritaire, l’ex-compagnie Deraman Limited, prévoit un agrandissement significatif de l’hôtel existant, y compris une extension sur la plage pour des villas pieds dans l’eau. Ce nouveau plan suscite des interrogations parmi les Seychellois quant à son impact sur la préservation des écosystèmes fragiles. La protection des plages et de la vie marine qui les entoure est une préoccupation majeure pour de nombreux habitants. Des internautes citent le cas de la construction d’un nouvel hôtel sur une zone humide à Anse à la Mouche. Le site de l’hôtel détruira une autre grande partie des 10 % de zones humides restantes à Mahé, bien que les Seychelles soient signataires de la Convention de Ramsar depuis 2005.

Le plan revu de l’ex-hôtel Reef aux Seychelles.

Impact environnemental

L’un des aspects controversés du projet est la construction prévue d’un mur de soutènement pour protéger l’hôtel de l’érosion côtière. Des écologistes et des résidents locaux s’inquiètent des conséquences potentielles sur les courants marins et la biodiversité marine. Les commentaires n’ont pas tardé sur les réseaux sociaux. Des Seychellois se demandent également qui sont les véritables bénéficiaires de ce projet hôtelier. Certains estiment que les promoteurs cherchent à maximiser leurs profits au détriment de la préservation de l’environnement et du bien-être de la population locale. D’autre part, l’attribution de la licence Environment Impact Assessment (EIA) soulève aussi des questions. Les critiques du projet appellent à une évaluation environnementale approfondie et transparente, ainsi qu’à une consultation publique plus ouverte pour permettre à tous les Seychellois de participer activement à la décision. Ils demandent également que des experts en environnement soient impliqués pour évaluer les impacts potentiels et recommander des mesures appropriées. Ils appellent à une plus grande transparence quant aux investisseurs et aux avantages économiques que le projet apportera à la communauté.

Pour rappel, c’est par le biais d’une compagnie enregistrée aux Émirats arabes unis que le Dr Malhotra a fait l’acquisition de l’hôtel seychellois. Le Conseil des ministres de l’archipel avait donné son feu vert le 30 mai 2019 pour le rachat. L’établissement appartenait autrefois à New Mauritius Hotels (Beachcomber). Selon les officiels seychellois, la somme totale de 6 millions de dollars, soit 221 millions de roupies, a été payée au groupe Beachcomber. Le Dr Malhotra contrôle 76 % de l’hôtel. Le partenaire minoritaire, la compagnie Deraman Limited, est enregistrée à PortLouis et a comme directeur Jadoo Hermann Dookun. Le Dr Malhotra compte démolir l’ancienne installation pour y construire un hôtel de 135 chambres et neuf appartements résidentiels, chacun de neuf chambres. Le complexe comprendra deux piscines, deux restaurants, des centres de spa et de fitness, un night-club, des salles de conférence et des logements pour le personnel. Nous avons vainement tenté d’avoir une déclaration des promoteurs du projet.