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Maha Shivaratri en deuil
Des pyromanes ont contribué au drame d’Arsenal ?
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Maha Shivaratri en deuil
Des pyromanes ont contribué au drame d’Arsenal ?
Les recommandations émises par le ministère des Arts ont été défiées par certains, dont l’avocat Ashley Hurhangee (en médaillon) à travers ses posts et commentaires.
Ils sont plusieurs à avoir incité les pèlerins à construire des «kanwars» selon leur bon vouloir et à ne pas suivre les recommandations du ministre des Arts. Parmi les «accusés», figure l’avocat Ashley Hurhangee. Mais il s’en défend…
Aurait-on pu éviter le drame de dimanche à Arsenal ? Ces jeunes victimes auraient-elles pu être mieux encadrées et mieux conseillées par leurs aînés ? La longue liste de recommandations émises par le ministère des Arts suffisait-elle ? Ce qui est certain, c’est que ces recommandations, qui ont quand même leur importance, ont été défiées par certains opinion leaders, dont le nouveau converti au MSM Ashley Hurhangee, qui est aussi, rappelons-le, avocat. Dans plusieurs posts sur Facebook, il semblait appeler carrément à ne pas suivre ces recommandations.
Qu’en pense-t-il maintenant avec recul après le drame d’Arsenal ? Regrette-t-il ces posts ? Il ne regrette pas, nous dit-il, car il n’a jamais appelé à désobéir aux lois et recommandations. Et le post dans lequel il disait : «United we stand against all rules and regulations» ? lui avons-nous demandé. «Je parlais du concert qui allait être organisé à Grand-Bassin le 16 décembre et qui a été interdit par la police. Je dénonçais la répression contre les hindous…» Et celui du 2 février qui disait : «Pa tous nou kanwar…» et «pa vinn donn nou leson kouman nou bizin fer nou kanwar pou Mahadev…» ? Il nuance : «Je n’ai pas lancé d’appel à construire de grands kanwars, ni à transporter des générateurs…»
Ashley Hurhangee nous dit cependant que les recommandations sont venues tard alors que des pèlerins avaient déjà commencé à fabriquer des kanwars. Ces pèlerins doivent-ils alors être laissés libres de transporter des kanwars «horsnormes» ? avons-nous voulu savoir. «Non. D’ailleurs, j’ai moi-même visité plusieurs lieux où j’ai demandé aux pèlerins de suivre les recommandations de sécurité.» Toutefois, il ne nous en a pas apporté les preuves. L’avocat nous fait savoir aussi que lors de la réunion avec le PM le 5 février, celui-ci les a assurés que ce ne sont que des «guidelines», mais qu’il a été décidé de demander de ne pas construire de kanwars géants, ni de transporter des générateurs, ni de bloquer la circulation, comme Hurhangee l’a dit dans son post du 6 février. Ne pense-t-il pas que ses précédents posts incitaient à ne pas suivre les recommandations ? «Non», répond-il.
Certificat de fitness aux «kanwars»
Quant à Navin Unnoop, qui fait partie de Voice of Hindu, il adressait une lettre le 1er février au chairman du Task Force Committee de Maha Shivaratri, Pravind Jugnauth, pour se plaindre que les recommandations du ministère des Arts arrivaient un peu tard et demandait que la Task Force se montre flexible, vu que beaucoup de pèlerins avaient déjà commencé à fabriquer leurs kanwars. Regrette-t-il cette lettre après la mort de ces six jeunes ? «Non, je ne regrette pas le contenu de cette lettre», nous répond-il. Pour lui, la demande de flexibilité ne veut pas dire que les autorités ferment les yeux sur les kanwars surdimensionnés.
«Que l’on donne l’opportunité aux pèlerins de réduire la dimension des kanwars et qu’on ne leur interdise pas carrément de prendre la route. Ceux qui sont hors-normes, eux, doivent être interdits. Quand j’avais parlé d’accorder un permis de fitness aux kanwars, des sociétés socioculturelles m’avaient critiqué. Moi, je demandais que l’on donne la chance aux pèlerins de se mettre aux normes, comme cela se fait par les fitness centres pour les véhicules dont les freins ne marchent pas correctement, par exemple.» Il nous a envoyé des vidéos où il demandait aux pèlerins de réduire la dimension de leur kanwar. Ce que les pèlerins ont accepté. «J’ai fait le tour de l’île, mais, malheureusement, je ne me suis pas rendu à Arsenal.» Il nous rappelle que dès 2023, il avait demandé qu’une loi soit votée pour la sécurité des pèlerins. «Mais on est venu avec des guidelines.»
Les causes de l’accident
Comment ces six jeunes sontils morts ? On ne connaît pas tous les détails pour l’instant. Seule une enquête judiciaire pourra nous renseigner non seulement sur l’accident mais aussi sur toute négligence éventuelle en amont de part et d’autre.
Pour un ancien ingénieur du Central Electricity Board (CEB), le contact avec le fil électrique en lui-même n’est en soi pas «fatal». «Il doit y avoir un élément en métal qui a transmis le courant au kanwar. Mais même dans ces circonstances, il n’y aurait pas eu d’incident d’électrocution si le kanwar était isolé du sol par des pneus en caoutchouc.» Sauf, ajoute-t-il, si des pèlerins marchaient à côté, leur corps agissant comme le conducteur de courant.
L’ingénieur nous rappelle d’ailleurs que même en l’absence d’un élément en métal, tout morceau de bois ou de bambou qui toucherait le câble électrique transmettra le courant si le bois ou le bambou est mouillé. «Et il semble qu’il ait plu le jour du drame.» Or, le kanwar n’avait pas de pneus mais était transporté par les pèlerins. «Pour que le courant soit transmis, nous dit l’ingénieur, il faut qu’il touche la terre. C’est pour cela que les oiseaux peuvent se poser sur un câble électrique nu sans être électrocuté. Par contre, vous verrez parfois des chauves-souris électrocutées car leurs grandes ailes ont dû entrer en contact avec deux fils électriques au moins.»
Cocktail explosif
«En tout cas, si deux pèlerins ont été touchés par la décharge électrique qui est mortelle, les autres sont morts brûlés», poursuit l’ingénieur. Comment la décharge a-t-elle pu se transformer en incendie ? lui avonsnous demandé. «Il est possible qu’il y eût du carburant dans le kanwar. Une simple étincelle aurait suffi pour provoquer un incendie.» Pour rappel, lors de sa conférence de presse du 31 janvier, le président de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation, Bhojraj Ghoorbin, aurait déclaré qu’«il n’y a pas de problème concernant les générateurs alimentés en basse tension de moins de 12 V».
Isolation des câbles
Le contact avec le fil aurait été provoqué par un coup de vent après que le kanwar avait pu être incliné et passé sous le fil, mais redressé trop tôt. Ce qui amène à la question la plus importante : pourquoi les câbles étaient-ils nus ? L’ex-ingénieur du CEB nous rappelle que justement à Arsenal, il y avait eu deux cas d’électrocution lorsque deux personnes qui avaient construit une maison sans permis avaient heurté un câble à haute tension. Il nous parle aussi du peintre en bâtiment Vikram Boodhun qui s’est électrocuté alors qu’il se trouvait sur une succursale d’Emcar. Bien qu’il se trouvât à un mètre du câble, un coup de vent avait envoyé le câble sur le peintre. Il y avait eu aussi un cas similaire à Flic-en-Flac en novembre 2016.
Après ces accidents, nous dit l’ingénieur, feu Mᵉ Hervé Lassémillante avait recommandé que tous les câbles électriques à haute (66KV) et moyenne (22KV) tension soient isolés, surtout en ville. Cependant, pas grand-chose n’a été fait. L’avocat avait même recommandé que le board fasse un suivi régulier de l’isolation des câbles. Nous apprenons qu’en fait, dès les deux premiers accidents d’Arsenal, il y a environ 15 ans, le board du CEB avait lui-même décidé d’isoler tous les câbles à moyenne tension surtout en ville. Mais encore une fois, le projet aurait été mis dans un tiroir.
Sollicité, un représentant du CEB nous fait savoir que «le CEB ne peut pas tout isoler». Cela, même lorsque nous lui avons fait remarquer qu’avec l’urbanisation galopante du pays, il serait préférable de le faire.
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