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Les revenants
Les visages sont les mêmes. Lesjongard. Padayachy. Callichurn. Husnoo. Teeluck. Koonjoo-Shah. Des sourires sans éclat. Juste ce qu’il faut pour masquer la fatigue. La honte n’a pas sa place. Il faut tenir. Ils appellent ça du courage.
Ils ont chuté. Trop haut, trop vite. L’argent a coulé. Les comptes ont parlé. Les valises ont vomi leurs secrets. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de convaincre. Il s’agit de durer. De rester debout, immobiles, le temps que l’oubli passe.
À leur table, il manquait les deux figures du clan. Le chef. Le secrétaire général. Absents, mais partout. Le MSM revient sans eux. Prudence ou faiblesse, peu importe. Il fallait montrer un front. Et cacher les fissures. Alors les autres sont venus. Ceux qui restent quand tout s’effondre. Ils ont parlé de complot. De justice aux ordres. De persécution. Ils ont répété les mêmes phrases.
Depuis novembre 2024, ils avaient disparu. Avalés par le silence. Écrasés par l’humiliation. Balayés par un 60-0 qu’aucun d’eux n’avait prévu. Le pays regarde. Il connaît la scène. Il devine la suite. Il a déjà vu ça.
Ils parlent de résilience. Ce mot qui brille dans la bouche des vaincus. Ce mot qui excuse tout. Mais la résilience n’a jamais été égale pour tous. Il y a ceux qui tombent et ne se relèvent pas. Et ceux qui tombent dans des bras solides, des bras qui signent les chèques, et retiennent les portes et guichets après la caution.
Le MSM veut revenir. Pas pour changer. Juste pour survivre. Il n’y a ni droite ni gauche à Maurice. Seulement des alliances patronymiques qui s’effilochent. Des pactes cousus d’intérêts. Ici, l’idéologie n’a jamais existé. Seule la peur de disparaître dessine les chemins.
La politique est fatiguée. Le pouvoir passe de main en main. Comme un héritage maudit. Les héritiers d’hier sont les accusés d’aujourd’hui. Et ceux qui promettaient le changement répètent les mêmes gestes. Les mêmes silences. Les mêmes compromissions. Le retour du MSM n’est pas un retour. C’est une réapparition. Comme un fantôme qui refuse de partir.
Les visages passent. Les réflexes restent. Les hommes chutent. Le système, lui, survit.
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