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Forum-débat sur la Basic Retirement Pension
Les syndicalistes : «No retreat, no surrender»
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Forum-débat sur la Basic Retirement Pension
Les syndicalistes : «No retreat, no surrender»

La plateforme syndicale commune, constituée pour s’opposer à la décision du gouvernement de relever progressivement l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension (BRP) de 60 à 65 ans, a organisé un forum-débat ce mercredi à Belle-Rose. Plusieurs intervenants y ont exprimé leurs points de vue sur cette mesure controversée. Roshi Bhadain, avocat et leader du Reform Party, a indiqué qu’il envisageait de déposer un recours devant la Cour suprême pour contester cette décision qu’il qualifie «d’injuste et d’arbitraire», prise «sans aucune consultation ni communication» avec la population.
Dans une salle des fêtes comble, chaque intervenant disposait de dix minutes pour développer ses arguments. Roshi Bhadain, qui a ouvert le débat, a qualifié la décision du gouvernement concernant la BRP de «grande injustice», soulignant qu’elle affectera de nombreuses familles. Il a évoqué la possibilité d’un recours judiciaire, comme ce fut le cas pour les employés licenciés par la Local Government Service Commission (LGSC), notamment à travers un «challenge constitutionnel» fondé sur plusieurs articles de la Constitution mauricienne. Il a notamment cité l’article 3 (Protection of the Law), qui garantit l’égalité de tous devant la loi.
Selon lui, le gouvernement «pa kone ki li pe fer», car après avoir annoncé que l’âge de la pension passerait à 65 ans, il a instauré un Income Support qui ne bénéficie qu’à une certaine catégorie de la population – une discrimination susceptible d’être attaquée en justice. Roshi Bhadain a par ailleurs indiqué qu’il consulterait également des juristes britanniques sur cette affaire. Il a conclu en affirmant : «Dan enn prosin gouvernman, pansion 60 an pu gagne dan Moris.»
Deepak Benydin, de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, a, pour sa part, affirmé que la mobilisation syndicale se poursuivra, que le Finance Bill soit voté ou non. Il a dénoncé les rentrées financières de l’État, notamment via la CSG, tout en exhortant le gouvernement à dialoguer avec les syndicats : «Pa zet bann vie dimounn ki finn travay pou sa pei-la kouma bann vie zoutil.»
Reeaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé, a vivement critiqué la décision unilatérale du gouvernement. Il a rappelé que lors des consultations prébudgétaires, jamais il n’avait été question d’une telle mesure, alors même que le gouvernement était au courant, depuis décembre 2024, de la gravité de la situation économique. Il a ajouté que le droit à une pension à 60 ans faisait partie intégrante du système salarial mauricien et ne représentait en aucun cas une faveur accordée par l’État.
L’économiste Manisha Dhookony a souligné que le pays est confronté à un vieillissement démographique rapide. Selon elle, si la réforme avait été mise en œuvre plus tôt, ses effets auraient été différents. Elle a aussi noté que le système de pension mauricien est très généreux comparé à d’autres pays : même les personnes disposant d’un patrimoine conséquent ou de revenus importants ont droit à la pension. Elle plaide pour un modèle plus équitable, qui distingue les bénéficiaires selon leur besoin réel, par exemple à travers leurs revenus ou dividendes. Elle reconnaît toutefois que la mise en place d’un tel mécanisme serait complexe.
L’actuaire Bernard Yen s’est quant à lui prononcé en faveur de la réforme, tout en reconnaissant qu’elle pouvait sembler injuste aux yeux d’une large partie de la population. Il a invité à prendre du recul et à considérer la situation dans son ensemble, notant que la part des pensions dans les dépenses publiques ne cesse d’augmenter chaque année. Pour lui, il y a une anomalie à ce qu’une personne continue de travailler après 60 ans, perçoive un salaire et en même temps une pension. Toutefois, il estime que ceux qui ne peuvent pas travailler au-delà de 60 ans, ou qui n’ont pas d’emploi, doivent continuer à bénéficier de la BRP.
Parmi les autres intervenants figuraient également Lindsey Collen, de Lalit et Prakash Baluckram, de la Government Services Employees’ Association.
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