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Travailleurs étrangers
Les têtes des ouvriers ayant quitté leur employeur mises à prix
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Travailleurs étrangers
Les têtes des ouvriers ayant quitté leur employeur mises à prix
Ces photos ont été prises de la vidéo où l’on voit les visages des travailleurs étrangers et aussi le van utilisé pour les transporter vers les stations de police.
Depuis quelques jours, leurs images se propagent sur Facebook. Leur délit ? S’être échappés de leur lieu de résidence, car leur employeur avait violé les termes du contrat qui les liait à lui. Ayant une prime sur leur tête, ils savaient qu’ils ne pouvaient pas se cacher indéfiniment et ont été appréhendés mercredi aprèsmidi. Ce cas n’est pas unique car d’autres employeurs offrent des récompenses financières pour retrouver des travailleurs étrangers qui ont abandonné leur poste. Ce scandale secoue profondément le milieu syndical.
Depuis plus d’une semaine, leurs visages étaient affichés avec une prime sur une page Facebook. Mercredi, ces travailleurs étrangers originaires de Madagascar ont été appréhendés par les forces de l’ordre. «Nous avons été piégés», déclare l’un d’eux. En effet, ces travailleurs, employés au sein d’une entreprise de mobilier, ont déserté leur lieu de travail en raison des conditions de vie jugées exécrables. Ayant été repérés par leur ancien employeur alors qu’ils travaillaient clandestinement pour une autre entreprise à La Tour Koenig, ils ont été menottés et emmenés au poste de police. Une vidéo de leur arrestation circule même sur internet. «Ce n’est pas notre dernier employeur qui nous a dénoncés, mais le premier, celui qui nous a recrutés pour venir à Maurice. Il est venu nous chercher dans un fourgon à notre résidence à Plaisance.»
Cette situation a rapidement suscité l’indignation du syndicaliste Fayzal Ally Beegun. «Il est inacceptable que ces travailleurs aient été traités de cette manière. Je demande instamment au commissaire de police d’ouvrir une enquête sur l’arrestation de ces travailleurs malgaches. De plus, j’appelle le ministre du Travail à suspendre leur expulsion dans les plus brefs délais.» Selon lui, il est crucial d’ouvrir une enquête sur les conditions de recrutement de ces travailleurs et surtout de comprendre les raisons qui les ont poussés à quitter leur emploi. «Il est tellement facile de les stigmatiser en les qualifiant d’illégaux. Mais il est essentiel de connaître leur histoire et de comprendre pourquoi ils sont devenus des travailleurs clandestins dans le pays. Beaucoup ont été renvoyés sans avoir eu la possibilité de s’expliquer devant un juge.» Le syndicaliste se demande si ces travailleurs ont le droit à la parole dans de telles circonstances.
Pour lui, il y a des questions fondamentales qui nécessitent une réponse. «Ces travailleurs renvoyés dans leur pays ont contracté des dettes. Est-ce que ceux à qui ils doivent de l’argent ne vont pas recourir à la violence pour récupérer leur investissement ? Il est même possible qu’ils prennent des membres de leur famille en otage en guise de représailles.» Fayzal Ally Beegun a déjà contacté la Special Migrant Workers Unit pour les informer de cette situation. Il condamne la traque des travailleurs étrangers qui se déroule dans le pays. «Une page Facebook qui encourage la dénonciation des travailleurs étrangers considérés comme illégaux. On dirait que nous avons régressé dans le temps et sommes revenus à l’époque de l’esclavage, où les humains étaient vendus. Est-ce que le gouvernement attend qu’il y ait des morts pour agir face à ces expulsions ? Il y a même un groupe de presse qui a publié qu’une personne recherchait ses travailleurs et qu’elle offrirait une prime de Rs 10 000 pour les retrouver. De plus, les photos des travailleurs ont été publiées. C’est choquant.»
Il va même plus loin en exprimant son inquiétude quant aux conséquences potentiellement graves sur l’image internationale du pays. «Bien sûr, je ne suggère pas de tolérer les travailleurs illégaux. Cependant, il est essentiel de les écouter pour comprendre pourquoi ils ont quitté leur emploi.» Pour l’instant, les autorités auraient exigé des travailleurs qu’ils achètent rapidement leur billet retour afin qu’ils puissent rentrer chez eux dès la semaine prochaine.
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