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Emploi des étrangers
Les travailleurs indiens du projet du métro réclament leur dû
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Emploi des étrangers
Les travailleurs indiens du projet du métro réclament leur dû
Les travailleurs de la compagnie indienne ont sollicité l’aide du syndicaliste Fayzal Ally Beegun dans leur quête de reconnaissance
Ils ont frappé à toutes les portes et se sont rendus à maintes reprises à l’unité dédiée aux travailleurs étrangers au ministère du Travail, et ce, sans succès. Heures supplémentaires non payées et passeports confisqués : ces travailleurs indiens, employés par la compagnie Larsen & Toubro, ont sollicité l’aide du syndicaliste Fayzal Ally Beegun. Celui-ci appelle le ministre du Travail à intervenir non seulement dans ces cas spécifiques, mais également dans d’autres situations similaires.
«Enough is enough», martèle le syndicaliste Fayzal Ally Beegun. Il continue de recevoir des plaintes de travailleurs étrangers exposant leur situation. «De janvier à septembre, les deux cuisiniers indiens ont travaillé sans relâche pour les hauts cadres de la compagnie. Même le samedi et le dimanche, ils ont effectué des heures supplémentaires qui n’ont toujours pas été rémunérées. Ils m’ont confié que leurs services ont été requis lors de fêtes organisées à l’ambassade. Ils l’ont fait par amour pour leur travail, mais à ce jour, ils n’ont pas été payés pour ces diverses tâches.» C’est pourquoi ces employés ont décidé de porter plainte auprès du bureau du Travail lundi dernier.
Un autre groupe de travailleurs a également fait entendre sa voix. Ils expliquent qu’à leur arrivée à Maurice, il y a trois ans, leurs passeports ont été confisqués. «Mais c’est illégal», souligne le syndicaliste. Selon la loi en vigueur à Maurice, les employeurs de travailleurs étrangers ne peuvent pas détenir leurs passeports. «La loi doit être respectée, indépendamment des accords entre l’Inde et Maurice.» Autre point soulevé par le syndicaliste : les employés ont signalé que leur salaire était directement versé en Inde. «C’est contraire à la loi. Ils doivent être payés dans le pays où ils travaillent, et ensuite, c’est à eux de décider s’ils envoient leur argent à l’étranger.»
Fayzal Ally Beegun affirme qu’une autre anomalie est apparue sur les fiches de paie des travailleurs. «Ils versent Rs 3 000 mensuellement pour la nourriture. Bien que la loi stipule que les travailleurs peuvent payer une somme pour obtenir un repas, rien de tel n’est écrit dans le contrat les liant à leur entreprise. Cette pratique est appliquée au sein de nombreuses compagnies employant des travailleurs étrangers. Toutes ces plaintes ont été soumises au ministère du Travail.» Cependant, le syndicaliste leur a fait comprendre que même si leur contrat se termine en décembre ou en janvier prochain, ils ne doivent pas quitter le pays sans avoir reçu leur dû.
«Le ministre doit intervenir dans cette affaire. Il doit trouver une solution pour éviter que les travailleurs étrangers ne soient pénalisés, surtout compte tenu de leur dévouement dans ces cas précis. J’appelle également le commissaire de police à enquêter pour que les passeports ne soient plus confisqués à l’arrivée des travailleurs étrangers.» Selon lui, ce sont ces raisons qui poussent les ouvriers à fuir leurs dortoirs.
À la suite de nos sollicitations, la compagnie indienne Larsen & Toubro a tenu à apporter quelques clarifications. «Nous avons pris connaissance de leurs doléances déposées le 20 octobre par l’intermédiaire du ministère. Ces ouvriers sont employés depuis 2018 ; ils ont été rémunérés conformément à leur contrat et à leurs horaires. En fait, leur contrat a été renouvelé à plusieurs reprises depuis 2018. Si un problème concernant le paiement de leurs salaires ou autre s’était présenté, ils auraient dû aborder cette question lors des renouvellements. Récemment, en apprenant que le projet et leur contrat actuel arriveraient à terme, ils ont déposé des plaintes infondées auprès du ministère du Travail sans contacter notre département administratif.»
Conformément aux recommandations du ministère du Travail, la firme indienne a fourni les documents et des preuves de conformité aux termes du contrat d’emploi et à la loi. «Nous avons informé ces ouvriers qu’ils recevront, évidemment, leur bonus et tous les avantages qui s’appliquent à leurs cas respectifs avant d’être rapatriés en Inde. Il s’agit d’une procédure courante de l’entreprise de ‘libérer’ les employés lorsque le projet arrive à terme. Tout se fait dans le respect de la loi du ministère du Travail et dans le cadre légal de l’entreprise.»
Un autre point soulevé par Larsen & Toubro concerne l’hygiène. «La compagnie a fourni quatre ‘helpers’ pour aider le cuisinier à préparer la nourriture pour nos employés dans des conditions sanitaires conformes aux normes, voire au-delà. L’emplacement se trouve d’ailleurs dans une zone résidentielle de Quatre-Bornes.» En outre, les passeports des travailleurs sont actuellement entre les mains des administrateurs. «Les passeports des ouvriers sont conservés au bureau comme lieu sûr pour éviter tout risque de perte de ces documents. Les ouvriers sont libres de réclamer leurs passeports à tout moment. Le département administratif n’a reçu aucune demande de passeports de ces deux ouvriers à ce jour. À noter que le cuisinier a voyagé à trois reprises depuis 2018, preuve que son passeport lui est accessible quand il le souhaite. Rien n’est imposé.»
Quant à l’argent crédité en Inde, la firme explique que certains ouvriers ont demandé que leur famille puisse utiliser ces fonds. «Ils peuvent les sauvegarder ou effectuer des transferts. Cependant, ils ont tous un compte dans une banque locale et décident du virement en fonction de leurs besoins.»
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