Ce n’est pas la première fois que l’État reprend le terrain mis à la disposition du Mauritius Tamil Cultural Centre Trust (MTCCT). Il faut savoir que le gouvernement MSM/MMM de 2000-2005 avait, en 2003, accordé un terrain pour la construction d’un centre culturel tamoul au triangle de Réduit. Paul Bérenger était alors Premier ministre. Or, les Travaillistes ont résilié le bail en 2006, le ministre des Terres de l’époque, Asraf Dulull, arguant que le centre culturel tamoul n’avait pas les moyens de financer la construction du bâtiment et que «le coût des infrastructures est important dans cette région». Tout en promettant qu’il «trouverait un site plus ap proprié pour les organisations socioculturelles qui sont souvent financées par des dons». Il ajoutait mystérieusement, un peu comme le fera par la suite Steven Obeegadoo en 2023, qu’il s’agit surtout «de veiller à une optimisation maximale des ressources». Ter riennes, bien sûr.

Tout comme aujourd’hui, les membres du centre culturel tamoul de l’époque n’acceptèrent aucun com promis. L’ancien président du centre culturel tamoul, Modeliar Vyapoo ree, avait même contesté en cour la dé cision du ministre Dulull de résilier le bail du terrain du Triangle de Réduit. L’affaire a été retirée par la suite lorsque le gouvernement travailliste a identi fié un autre terrain de l’État légèrement plus grand – 2,5 arpents – et se situant plus loin de la grande route et qu’il a ac cordé au centre culturel tamoul. Navin Ramgoolam a même posé la première pierre pour la construction du centre culturel le 28 novembre 2010.

Et qu’ont fait les Travaillistes du terrain repris ? Eh bien, ils l’ont remis à Dawood Rawat, en 2007, pour la construction de la clinique Apollo Bramwell, qui deviendra par la suite Wellkin Hospital.

Pagode à La Vigie

C’est ce deuxième terrain qui vient d’être «re-repris» des tamouls par le gouvernement, MSM cette fois-ci. En retour, c’est d’abord un terrain à La Vigie, à Curepipe, qui a été proposé. Steven Obeegadoo parlera d’une meilleure compatibilité du projet de centre culturel tamoul avec cette région plutôt qu’à Réduit car il exis tait déjà une pagode à La Vigie ! Face aux protestations, ce sont les terrains à Côte d’Or qui ont été proposés et acceptés par l’Hindi Speaking Union, l’Urdu Speaking Union et le MTCCT mais pas par un groupe mené par Devarajen Kanaksa bee. L’Indo-Mauritian Catholic Associa tion conteste aussi ce land swap.

Dans les deux cas de reprise de terrain des tamouls, et le gouvernement travailliste et celui du MSM ont choisi d’affronter la communauté tamoule rien que «pour le bu siness et pour plaire aux copains», font valoir des détracteurs. Si pour les Travaillistes, c’était pour le donner à Dawood Rawat, pour le MSM, ce serait pour l’accorder à Avinash Gopee. C’est ce qui est soupçon né en tout cas, le gouvernement gardant le nom de l’heureux bénéficiaire top secret.

Le 23 mai 2023, le leader de l’opposi tion de l’époque, Xavier-Luc Duval, de mandait avec force : «We know that next door, there is the famous Royal Green Deve lopment by Nundun Gopee Group. I want a straight answer from the hon. Deputy Prime Minister. Is the land being retrieved so that it will be given to this group or related groups for development of these businesses?» En réponse, le ministre des Terres, Steven Obeegadoo, n’a pas voulu citer de nom, se contentant de dire vaguement que l’endroit deviendra un «educational hub and a medical hub, including senior living». Tout en renvoyant la patate chaude à l’Economic Development Board. Bref, ce sera pour des projets privés, comprend-on, et non pour quelque projet public. Si Steven Obeegadoo parlait aussi d’un projet d’intérêt public concernant une station de métro, personne n’y croyait. Comme on le sait, ce projet d’extension des lignes du métro de Réduit vers Côte d’Or n’est plus au programme (voir l’express du 2 septembre).

De notre côté, bien qu’Avinash Gopee nous ait répondu, il a coupé l’appel lorsque nous lui avons posé la question sur le terrain de Réduit. Jusqu’à quand gardera-t-on le secret ? Jusqu’après les élections ?

Le terrain en question où la première pierre du centre culturel avait été posée en 2010 par Navin Ramgoolam.