Publicité
L’espoir renaît après le succès des négociations de Genève
Par
Partager cet article
L’espoir renaît après le succès des négociations de Genève
Alors que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, prépare les Mauriciens à l’idée d’un Budget 2025-2026 dur et qui sera placé sous le signe de l’austérité, les nuages noirs qui obscurcissaient l’horizon et assombrissaient les perspectives de l’économie mondiale se dissipent peu à peu. Ainsi, ces derniers jours, l’administration Trump, acculée de toutes parts et paniquée sans doute par les cris d’orfraie de Wall Street, semble être revenue à de meilleurs sentiments.
Les discussions en haut lieu qui se sont déroulées durant le week-end à Genève et impliquant, du côté américain, Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, Jamieson Greer, le représentant au Commerce, et, du côté chinois, le vice-Premier ministre, He Lifeng, ont permis de décanter la situation entre les deux pays à l’origine de cette guerre commerciale folle qui non seulement menace le système multilatéral mondial, mais encore provoque la pagaille sur les marchés financiers et impacte toutes les économies sans exception.
À l’issue des négociations, les deux parties ont décidé de lâcher du lest. Les États-Unis et la Chine ont ainsi annoncé la suspension pour 90 jours d’une partie de leurs droits de douane punitifs, soit un abaissement de 115 %. In fine, ils vont ramener leurs droits de douane à 30 % et 10 % respectivement. Après l’escalade de ces dernières semaines, avec Washington imposant des surtaxes sur les importations chinoises de 145 % et la riposte toute aussi violente de Pékin et ses 125 % de droits de douane sur les produits américains, tout semble rentrer dans l’ordre. À n’en point douter, la décision des Américains et des Chinois d’assouplir leur position et de mettre un peu d’eau dans leur vin est dans l’intérêt du monde.
Résolu dans sa politique de «make America great again», quitte à se mettre à dos ses principaux alliés et à plonger l’économie dans une ère d’incertitude, Donald Trump doit, aujourd’hui, certainement se rendre compte qu’il a joué, mais qu’il a perdu. Les retombées positives du sommet de Genève devraient être un premier pas vers la suspension du décret du 2 avril avalisant l’application de droits de douane réciproques frappant 58 pays, parmi Maurice dont les exportations sont sujettes à une imposition de 50 % (40 % de droits réciproques + 10 % de taxe généralisée) à l’entrée sur le territoire américain.
À moins d’un revirement extraordinaire de Donald Trump – ce qui reste de l’ordre du possible dans ce monde fou, fou, fou –, ce nouveau développement à l’international est un bol d’air frais pour les entreprises mauriciennes exportant vers les États-Unis, notamment les opérateurs du secteur manufacturier qui, outre d’assister impuissants à une baisse de leurs commandes ces derniers mois, craignaient de surcroît, et avec raison, la mort pure et simple de l’African Growth and Opportunity Act.
Cette nouvelle donne devrait, par ailleurs, donner un peu plus de clarté au Trésor public qui se penche ces jours-ci activement sur la préparation du Budget 2025-2026. La guerre commerciale est une variable prise en considération par Statistics Mauritius et la Banque de Maurice dans le calcul de la croissance et de l’inflation. Plus pessimiste que l’institut des statistiques, la Banque centrale a, à l’issue du dernier comité de politique monétaire, anticipé une croissance du PIB réel de 3 % à 3,5 % pour 2025. L’autorité monétaire n’écarte pas un scénario où la croissance serait inférieure aux 3 % si les vents contraires associés à la guerre commerciale sont plus violents que prévu. Quant à l’inflation, elle devrait se situer autour de 3,5 % pour cette année. Fort heureusement, on ne prend pas le chemin du scénario le plus pessimiste. D’ailleurs, les marchés ont réagi positivement à l’accord conclu à Genève prévoyant la suspension des taxes punitives à partir du 14 mai. Lundi, le dollar grimpait de 1,06 % vis-à-vis de l’euro, et le taux euro-dollar passait à 1,11 contre 1,14. Alors que le pétrole a gagné environ 3 % dans la matinée de lundi. Une embellie est également notée sur les marchés asiatiques avec l’indice Hang Seng de Hong Kong augmentant de 3,48 %. Alors que l’indice CSI 1000 de la Chine continentale a progressé de 1,40 %.
On semble se diriger vers un apaisement des tensions commerciales et géopolitiques à l’international. Qui plus est, les efforts pour un cessez-le-feu en Palestine, à la frontière du Pakistan et en Ukraine, avec un possible tête-à-tête Poutine-Zélensky à Istanbul prévu ce jeudi, devraient apporter plus de certitude aux marchés dans les semaines à venir.
Comment ces nouveaux paramètres vont-ils influencer le prochain Budget ? On ne le sait pas encore. Au-delà du contexte international, le Premier ministre semble résolu dès le début de son quinquennat à remettre de l’ordre dans l’économie et les finances publiques en optant pour des réformes courageuses. Mais, dans ce processus, le gouvernement doit faire attention à ne pas casser les ressorts de la croissance et à ne pas créer un climat trop austère qui risquerait de gripper autant les leviers de la demande que de l’offre.
Publicité
Publicité
Les plus récents




