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Lettre aux confrères

26 septembre 2023, 10:58

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Mon attention a été attirée sur la parution, dans les colonnes de 5-Plus dimanche, d’un article, en date du dimanche 10 septembre, qui porte sur la création d’une association de journalistes, sous le titre «Changer les rapports de la profession avec les pouvoirs publics».

Quelque part dans le texte, il est écrit qu’«en 1984, le gouvernement a essayé de restreindre la presse par le biais de mesures scélérates dans le Newspapers and Periodicals Bill. C’est l’unique moment où le corps journalistique mauricien s’est réuni pour s’y opposer (…)»

Par respect pour les faits historiques et les journalistes de la presse locale, qui travaill(aie)nt au sein de la profession, qui n’étaient ni mercenaires, ni esprits exilés, encore moins des aboyeurs patentés et vaccinés sur les réseaux sociaux (devenus leur dépotoir d’ordures), j’aimerais rappeler pour nos lecteurs qu’en août 2006, en raison des velléités du Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam, de contrôler la presse, par le biais d’une Media Commission, pas moins de 106 journalistes s’étaient réunis à Port-Louis pour réactiver l’association des journalistes et celle des rédacteurs en chef dans la foulée. Le gouvernement avait reculé face à cette union de journalistes professionnels. Cette réunion, provoquée après ma démission du Media Trust et celle de Sedley Assonne, a été suivie par une élection. Henri Marimootoo, journaliste à Week-End, avait été choisi pour présider la nouvelle association de journalistes mauriciens. Les deux vice-présidents élus étaient Sedley Assonne et Jean-Luc Emile, alors que Jane Lutchmaya agissait comme secrétaire.

Dans le livre sur les 60 ans de l’express, publié en avril 2023, vous trouverez de plus amples détails et de belles photos (dont une ci-dessus) de la brochette de journalistes présents pour soutenir le regroupement qui s’inscrivait et s’inspirait de la lutte de nos aînés, commencée bien avant 1984. L’histoire de notre presse, qui commence en 1773, nous est précieuse et on ne peut laisser certains journaleux utiliser une gomme élastique pour tenter de la réécrire dans le dos des professionnels en exercice. Aujourd’hui, les challenges de la presse locale sont encore plus difficiles et compliqués. La solidarité doit primer sur les petits intérêts et grands frustrés. Depuis plusieurs années, la presse nationale, celle qui est libre et indépendante, est mise à mal par une crise historique et durable liée non seulement à des régimes liberticides friands du boycott publicitaire et autres, mais aussi et surtout à cause des coûts de fabrication (hausse du prix du papier, de l’encre et d’autres intrants). Outre l’inflation, Internet et les GAFA sont venus compliquer la donne, davantage depuis la pandémie.

Il n’y a pas de subvention comme ailleurs pour nous journalistes. Raison pour laquelle des professionnels, comme vous et moi, qui vivent au quotidien les difficultés pour pouvoir exercer notre métier et sortir nos journaux (et préserver l’emploi de nos collègues) se doivent de veiller, entretenir et défendre le pluralisme de la presse – et partant la démocratie et le pays.

Journalistiquement et confraternellement.