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Lettre aux votants

27 septembre 2024, 09:00

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Chers compatriotes,

Nous voici, une fois de plus, devant ce moment crucial où notre avenir semble se décider. Mais, à bien y regarder, que constatons-nous ? Rien de nouveau sous le soleil. Les mêmes noms reviennent, inlassablement. Ramgoolam, Jugnauth, Bérenger, Duval et tant d’autres encore, tels des ombres qui se superposent à l’histoire de notre île, se transmettent le pouvoir comme on hérite d’une maison ou d’un terrain à bail. Et dans ce ballet perpétuel, où est donc le mérite ? Où est cette valeur, cette force qui seule devrait guider ceux qui prétendent à gouverner ?

Albert Camus disait que «l’homme révolté dit non, mais il refuse d’être écrasé». Aujourd’hui, il nous revient de dire non ou d’envoyer un signal à ce système de dynasties qui étouffe notre avenir. Car, en vérité, la politique ne devrait jamais être affaire de famille. C’est une chose trop grave, trop essentielle pour la confiner à quelques noms, à quelques lignées ou mariages d’intérêts. La politique est un espace où doivent s’exprimer l’intelligence, la justice et le mérite. En faire un domaine héréditaire, c’est réduire la grandeur de l’action publique à une simple histoire de privilèges transmis de père en fils ou fille, de beau-père à gendre.

La question du mérite n’est pas secondaire, elle est centrale. Une société qui laisse la naissance décider de son avenir court à sa perte. Maurice mérite mieux. Si la méritocratie n’est pas un droit naturel, elle doit être la récompense de l’effort, de la compétence et de la probité. Or, ce que nous voyons aujourd’hui n’est que la répétition lassante de luttes de pouvoir entre héritiers. Les conflits entre les seconds rôles, si bruyants qu’ils soient, ne sont que des jeux d’ombres, détournant notre regard des véritables enjeux.

Il est temps que la politique s’élève au-dessus des dynasties, qu’elle devienne ce qu’elle aurait toujours dû être : un lieu où l’on sert l’intérêt commun, et non les intérêts particuliers ou claniques. La succession des noms qui se disputent notre pays est une trahison de l’idéal politique. En continuant ainsi, nous piétinons ce qui devrait être l’essence même de l’action publique : la justice et l’égalité des chances.

À cela s’ajoute le silence autour des finances occultes des partis, cette part d’ombre qui, depuis trop longtemps, contrôle les décisions et empêche la transparence. Aucun des grands noms que l’on nous présente n’a pris l’initiative d’une réforme profonde sur ce sujet, car cela gênerait ceux qui se nourrissent de cette opacité, ainsi que ceux qui nourrissent cette opacité, d’une manière comme d’une autre.

Chers compatriotes, chers votants, il est temps de rompre ce cycle, de refuser l’inéluctable et de réinventer notre avenir. Nous devons choisir une politique de lumière, fondée sur le mérite, l’équité et la justice. Ne laissons plus quelques noms décider de notre destin.

Avec espoir,