Mᵉ Satyajit Boolell, Senior Counsel, sera-t-il convoqué devant le Bar Council ? Cela, après qu’une lettre ait été envoyée à l’Ordre des avocats par Raj Rughoonath, ancien syndicaliste de Mauritius Telecom (MT) licencié en 2018, l’accusant de conflit d’intérêts dans l’affaire Sherry Singh.

En effet, l’expéditeur, qui dit être actionnaire minoritaire de MT depuis 2009, soutient dans sa correspondance datée du 7 août, qu’il avait, le 31 octobre 2019, porté plainte au Central Crime Investigation Department contre Sherry Singh, le Chief Executive Officer de MT d’alors, entourant un cas de fraude sur la vente des câbles de cuivre. «La police avait sollicité le Directeur des poursuites publiques (DPP) d’alors, qui était Mᵉ Satyajit Boolell, pour conseil et ce dernier avait demandé que l’affaire soit référée à la commission anti-corruption (ICAC). Une enquête avait été ouverte», explique Raj Rughoonath. D’ajouter : «Le couple Sherry Singh a été arrêté dans cette affaire et j’apprends que Sherry Singh a retenu les services de Mᵉ Boolell. Je suis d’avis que, éthiquement, un avocat ne peut pas conseiller dans une affaire en tant que DPP et ensuite assister le suspect dans la même affaire. C’est un cas de conflit d’intérêts.»

Si c’est Mᵉ Urmila Boolell, Senior Counsel, qui représente Sherry Singh et non pas Mᵉ Satyajit Boolell, cela nécessiterait-il une convocation de ce dernier ? L’ex-DPP est en effet l’avocat de Varsha et non de Sherry Singh. En tout cas, Mᵉ Priscilla Balgobin-Bhoyrul, présidente du Bar Council, dit avoir accusé réception de la lettre. «We are looking into the matter and it is following its normal course… Dans tous les cas de plainte, nous écrivons à la partie pour lui demander son avis ou ses explications et l’appelerons devant le Bar Council en cas de besoin», a-t-elle confié à l’express.

Une autre source du Bar Council nous a expliqué qu’une lettre sera effectivement envoyée à Mᵉ Satyajit Boolell pour demander ses explications. «On lui donnera du temps pour venir avec ses explications par écrit. C’est à lui de dire s’il est d’abord l’avocat de Sherry Singh. Si ce n’est pas le cas et qu’il s’avère que la question de conflit d’intérêts ne se pose pas, il se pourrait que le Bar Council ne donne pas suite à cette plainte. D’ailleurs, dans un jugement de la Cour suprême, il a été dit que si un avocat estime qu’il pourrait faire l’objet d’un conflit d’intérêts, c’est à ce membre du barreau de prendre ses responsabilités. Du coup, si on reproche un conflit d’intérêts à un avocat, il assumera ses responsabilités devant une cour et le Bar Council n’entre pas en jeu.»