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En soutenant le DPP
«l’express» soutient la démocratie avant tout
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En soutenant le DPP
«l’express» soutient la démocratie avant tout
Depuis le départ à la retraite de Mᵉ Satyajit Boolell, en décembre 2022, une peur s’est installée. Au vu des tensions entre l’ancien Directeur des poursuites publiques (victime malgré lui de son patronyme associé au Parti travailliste) et le MSM, et face aux velléités répétées du Sun Trust de mettre le bureau du DPP sous le bol de l’Attorney General (par le biais de la Prosecution Commission), il était clair que Mᵉ Rashid Ahmine, s’il voulait garder intacts tous les pouvoirs et prérogatives de son poste constitutionnel, n’allait pas avoir la partie facile. Mais nul ne pouvait savoir que la Financial Crimes Commission allait réussir là où la Prosecution Commission avait échoué...
Mᵉ Rashid Ahmine était attendu au tournant. Il n’a pas failli à sa réputation et a réussi son premier véritable test d’impartialité comme DPP auprès de l’opinion (en refusant de faire appel contre la libération conditionnelle fort astreignante de l’activiste Bruneau Laurette). Et en faisant prévaloir, «après mûre réflexion», le bon sens, le bureau du DPP a confirmé son rôle comme un rempart face à l’État policier qui pourrait abuser des charges provisoires.
Ce qui représente un sursaut d’espoir dans un pays où nombre d’institutions, ultra politisées, sont sclérosées.
Plus d’une fois, l’express, comme sentinelle de la démocratie depuis sa naissance, il y a 60 ans de cela, avait déjà salué le travail remarquable de Rashid Ahmine en janvier 2016 dans le sillage des plaidoiries de l’affaire MedPoint. Alors Senior Assistant DPP, soit le numéro 3 du Parquet, il n’avait pas raté son réquisitoire face à une star du barreau britannique, Mᵉ Clare Montgomery. Il n’avait pas été comme ces hauts fonctionnaires qui trop souvent agissent comme des «puppets» devant le Premier ministre ou des ministres. Surtout, on avait relevé le fait que Rashid Ahmine ne recherche aucune gloire personnelle et place son travail dans un cadre strictement professionnel, où la séparation des pouvoirs demeure un principe sacro-saint.
Aujourd’hui, plus que jamais, en raison de l’autocratisation en cours, le sens de l’État, le patriotisme, la rigueur et l’éthique personnelle de Rashid Ahmine demeurent des atouts pour le pays.
Mais il faut le protéger contre ses détracteurs qui seront encore plus nombreux et embusqués. Hier, la plateforme Sun Power TV avait commencé à le diffamer, alléguant qu’on l’aurait payé pour qu’il ne bloque pas la libération sous caution de Laurette. Cette fois-ci c’est au Parlement que l’on s’en prend à lui.
Le bras de fer commissaire de police versus DPP est intéressant du point de vue de la séparation des pouvoirs. Certes le CP a le droit de saisir la Cour suprême s’il estime que ses pouvoirs sont usurpés par le DPP, précisément dans les cas de remise en liberté des frères Bissessur et Doomila Moheeputh, Bruneau Laurette, le couple Singh, mais idéalement ces deux branches de l’exécutif auraient dû pouvoir enterrer la hache de guerre entre eux, sans demander au judiciaire de trancher. Mais en fait la situation est tendue parce que la politique s’est ingérée entre les deux. Le choix de l’avouée Sonah-Ori et des Senior Counsels Désiré Basset et Ravind Chetty n’est pas fortuit. Les couleurs sont annoncées.
«Tout serait perdu si le même homme, ou le même corps exerçait ces trois pouvoirs : celui de faire les lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers», nous rappelle Montesquieu, dans l’œuvre majeure De l’Esprit des lois (1748).
Le concept de séparation des pouvoirs vient marquer une rupture avec les conceptions monarchiques de l’exercice de l’autorité légitime. Il s’oppose en particulier à l’absolutisme, où l’ensemble des pouvoirs sont concentrés entre les mains du roi ou, chez nous, du Premier ministre.
Montesquieu distingue trois pouvoirs : le pouvoir de voter la loi (pouvoir législatif qui est sous le contrôle du Premier ministre/ Leader of the House et du speaker qu’il nomme), le pouvoir d’exécuter les lois (pouvoir exécutif qui est contrôlé par le Premier ministre) et le pouvoir de rendre la justice (pouvoir judiciaire qui, dans le cas de l’expulsion du Sovaque Peter Uricek, semble avoir été usurpé par le PMO et le PIO, qui tombent sous l’égide du Premier ministre, et ce, malgré une injonction de la Cour suprême, signée par le juge Iqbal Maghooa).
Si la police ou l’Exécutif commence à faire fi du judiciaire, que la séparation des pouvoirs n’est plus respectée, alors notre démocratie, comme souvent souligné ici, ne peut qu’aller de mal en pis !
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