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Réduction de l’empreinte carbone

L’huile comestible usagée recyclée en carburant durable

23 mai 2025, 18:00

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L’huile comestible usagée recyclée en carburant durable

Les BioilBox sont des bennes rouges, installées dans des lieux stratégiques à travers l’île – tels que supermarchés, centres commerciaux et autres espaces publics – facilitant ainsi le dépôt de l’huile usagée par les particuliers.

Chaque mois, entre 1 000 et 2 000 litres d’huile alimentaire usagée sont récupérés par Bioil Ltd, le seul collecteur agréé de déchets huileux et graisseux à Maurice, grâce à son initiative BioilBox. Ce chiffre demeure modeste, surtout lorsqu’on le compare à la quantité d’huile vendue et consommée quotidiennement dans les foyers, les snacks et les restaurants mauriciens. Ainsi, une grande partie de cette huile usagée échappe encore aux circuits de recyclage. Dans ce contexte, Mauritius Oil Refineries Ltd (Moroil) et Bioil Ltd veulent encourager le recyclage des huiles alimentaires usagées et limiter leur impact environnemental.

Si une si faible quantité d’huile alimentaire usagée est aujourd’hui recyclée, c’est en grande partie à cause de plusieurs freins persistants. Beaucoup de personnes ne mesurent pas l’ampleur de la pollution générée par l’huile alimentaire usagée ou ne savent même pas qu’elle peut être recyclée. D’autres ne savent pas où la déposer. Le recyclage de l’huile n’est souvent pas perçu comme une priorité, contrairement à celui de déchets plus visibles comme le plastique ou le papier. Par habitude ou par méconnaissance, nombreux sont ceux qui continuent de jeter leur huile usagée dans l’évier, la poubelle ou même directement dans la nature, une solution perçue comme rapide et facile mais aux conséquences désastreuses. Enfin, l’absence de résultats concrets visibles peut aussi démotiver les consommateurs à adopter ce geste éco-responsable.

Les conséquences de ces mauvaises pratiques sont loin d’être anodines. Le rejet de l’huile alimentaire usagée dans la nature entraîne la pollution des sols, freine la croissance des plantes, nuit à la biodiversité et perturbe gravement les écosystèmes aquatiques, notamment dans les rivières et les lagons. Versée dans les éviers, cette huile obstrue les canalisations, engendre de mauvaises odeurs dans les fosses septiques et complique le fonctionnement des stations d’épuration. En résumé, jeter de l’huile alimentaire usagée dans l’évier ou dans la nature a des effets nocifs considérables. Il est donc primordial d’adopter de bons gestes et de la recycler correctement.

Campagne de sensibilisation

C’est dans cette optique que Moroil et Bioil Ltd ont récemment lancé une campagne de sensibilisation autour du recyclage des huiles usagées. Celle-ci poursuit trois objectifs principaux : d’abord, informer le public sur les effets néfastes de ces huiles sur l’environnement; ensuite, encourager l’adoption de gestes simples au quotidien pour recycler l’huile de cuisson et préserver les canalisations; et enfin faciliter le tri en multipliant les points de collecte BioilBox – ces bennes rouges destinées aux particuliers – en les plaçant dans des lieux stratégiques tels que les supermarchés, les centres commerciaux et autres espaces publics. «L’idée est de rendre le geste de tri plus accessible et plus naturel pour tous», explique Tania Mokeerunsingh, coordinatrice marketing chez Moroil.

Pour Anh Nguyen, directrice de Bioil Ltd, le réseau de BioilBox et leur expertise en matière de recyclage offrent aujourd’hui une solution concrète pour éviter que ces déchets ne finissent dans la nature. «Faire du recyclage un réflexe, c’est faire un pas vers une île plus propre.»

Cela suffira-t-il à inciter davantage de particuliers à adopter de bons réflexes ? «Une campagne de sensibilisation constitue un excellent point de départ. Nous pouvons toucher un public plus large grâce à plusieurs outils de communication, les réseaux sociaux et les plateformes digitales, car la majorité des foyers utilisent de l’huile pour cuisiner. Peu de personnes savent que l’huile usagée peut être recyclée, et beaucoup ignorent son impact négatif sur la nature et l’environnement. Une communication de sensibilisation peut donc véritablement aider à éduquer et à ouvrir les yeux du public», affirme-t-elle.

Jérôme Clarenc, directeur de Moroil, soutient qu’«en tant que producteur d’huile comestible à Maurice, nous avons la responsabilité de nous assurer que ces huiles puissent avoir une seconde vie. Ce projet, mené avec Bioil, vise à sensibiliser le grand public, les commerçants, les restaurateurs et les hôteliers quant aux conséquences de ces déchets et aux solutions existantes. En adoptant les bons gestes, chacun peut contribuer à un avenir plus durable. Cette initiative s’inscrit dans notre engagement à réduire l’empreinte environnementale de nos activités».

Ce projet est à long terme. Après la phase 1, l’objectif est d’augmenter le nombre d’emplacements des bennes rouges accessibles au grand public, en passant de 18 à 45 bennes à travers l’île. «Et ce n’est que le début», avance Tania Mokeerunsingh.

Où et comment déposer votre huile usagée pour le recyclage ?

Après l’utilisation, l’huile alimentaire se détériore et ne convient plus à la consommation. Il faut la laisser refroidir, la transvaser dans un récipient vide en plastique, bien refermer ce récipient, puis le déposer dans l’une des bennes BioilBox les plus proches, afin que l’huile soit recyclée. Les BioilBox, bennes rouges destinées à la collecte d’huiles usagées, sont accessibles au public dans plusieurs lieux stratégiques dans l’île. Pour faciliter le geste de tri et encourager davantage de consommateurs à recycler leur huile, des points de dépôt ont été installés dans des centres commerciaux, supermarchés et stations-essence.

image (30).jpg Les huiles alimentaires usagées collectées via les BioilBox et auprès des restaurateurs sont envoyées dans un centre de traitement et recyclage spécialisé en Belgique.

Actuellement, les BioilBox se trouvent à La Croisette, Mahogany Shopping Promenade, et Super U Grand-Baie, Goodlands, Flacq, Belle-Rose et Tamarin, ainsi qu’aux Winners de Flacq-BouletRouge, Trianon Hyper, Rivière-duRempart, Cascavelle, Chemin-Grenier et Rose-Belle-Plaisance. Donc, lorsque vous allez faire vos courses, vous pouvez emporter vos huiles alimentaires usagées pour les déposer dans la BioilBox. Des BioilBox sont également disponibles au siège de Moroil à Port-Louis, ainsi qu’aux stations-essence Total de Belle-Vue, BelleRose et Flic-en-Flac.

Par ailleurs, il est aussi possible pour les entreprises d’installer des BioilBox dans leurs locaux afin de permettre à leurs employés de participer plus facilement à la collecte et au recyclage des huiles usagées.

De la collecte à la production de carburants durables

Une fois collectées, les huiles alimentaires usagées, via les BioilBox et auprès des professionnels de la restauration, sont ensuite envoyées pour être traitées dans un centre spécialisé en Belgique. Elles y sont recyclées en «carburants durables» qui émettent jusqu’à 90 % de CO2 de moins que les combustibles fossiles. Les résidus de friture sont également utilisés pour produire du biogaz. Tout est recyclé, rien ne va à la poubelle. Ce processus s’inscrit pleinement dans une logique d’économie circulaire où chaque goutte est valorisée. Ce modèle réduit la dépendance aux énergies fossiles, tout en diminuant l’empreinte carbone.

En plus de leur utilisation dans les machines industrielles, notamment sous forme de biodiesel, les «carburants durables» participent activement aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De nombreux pays augmentent progressivement la proportion de biodiesel dans leurs carburants. Plus de 60 pays, en grande majorité européens, ont mis en place des régulations en ce sens. Par exemple, la France vise 15 % de biodiesel dans les carburants d’ici 2030. En Indonésie, la part de biodiesel est obligatoire à hauteur de 20 % depuis 2018 et, au Brésil, l’éthanol doit représenter au moins 27 % des carburants. L’Argentine, producteur mondial d’huile de soja, génère chaque année environ 1,7 milliard de dollars grâce aux exportations de biodiesel. Les biocarburants représentent un secteur stratégique à l’échelle économique mondiale.

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